Neon Genesis Evangelion
7.9
Neon Genesis Evangelion

Anime (mangas) TV Tokyo (1995)

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Pourquoi ça ne devient intéressant qu'aux derniers épisodes ?

D’accord, cette notre paraît âpre. D’accord, je suis sûrement passé à côté de nombreuses thématiques de la série. D’accord, j’ai raté un chef d’œuvre, un anime culte qui a influencé la génération à venir, ce alors que j’étais à peine né lorsque sa popularité résonnait en occident. Mais voilà… Une œuvre culte plait forcément moins à certaines personnes. Et j’ai beau tolérer beau nombre d’œuvres animées provenant du pays nippon, il m’arrive d’être moins sensible à des thématiques.


Le titre est très révélateur : il m’a été difficile d’accrocher à cet anime, où chaque qualité s’avère aussi être un défaut, et vice-versa. De par son influence, son aspect « mecha » est très secondaire dans une histoire qui ne révèle finalement presque rien de ses ennemis (« Mais ça n’a pas d’importance » diraient certains). Les combats sont très bien animés mais, à l’exception de quelques rudes affrontements vers la fin, ils sont dépourvus d’originalité. Tout ceci n’est qu’un prétexte pour mettre en exergue le principal intérêt de la série : ses personnages.


Jamais je n’avais aimé et détesté à la fois certains personnages. Je pourrais m’attarder longtemps sur le personnage principal, Shinji Ikari. Bien qu’il suscite l’empathie, j’ai eu régulièrement envie d’écraser sa tête contre le mur. Son statut de « victime pleurnicharde » est assumé dès le début, mais même, il est souvent insupportable à geindre sans arrêt, à crier que « personne ne l’aime », à commettre des mauvais choix à longueur de journée. C’est dommage parce que, d’un autre côté, sa relation avec son père est très intéressante. Pourtant, on a assez vite fait le tour du dernier personnage, qui se résume à un enfoiré plaçant ses ambitions personnelles avant sa famille.


Qu’en est-il des deux « waifus » ? Rei et Akura sont bien connues du grand public, de nombreux fanarts pullulent le net : elles ont supplanté la popularité de Shinji et de loin. Akura dispose d’une large fanbase et son personnage semble très apprécié. Tant mieux pour eux, car moi, je n’ai vu qu’une tsundere assez insupportable, invectivant sans arrêt ses compagnons de bataille. Oui, son comportement est justifié tout du long : fille rejetée par une mère folle et un père absent, elle cherche à prouver sa valeur et son indépendance, mais est-ce que cela doit passer par le rabaissement perpétuel d’autrui ? Son traumatisme avec la poupée reste toutefois bien exploité. Quant à Rei, son personnage est plus attachant, mais moins « prise de risque ». Sans surprise, elle se comporte en exact opposé d’Akura : froide, insensible, ne souhaitant pas nouer des relations avec autrui. L’intérêt du personnage réside plutôt dans ses « origines », de comment elle a été « conçue » et de son impact sur son attitude au quotidien.


Au-delà de ses « Children », les meilleurs personnages d’Evangelion sont pour moi Misato et Ritsuko, aussi originales que correctement traitées. La première, responsable de Shinji et d’Asuka, devra elle aussi gérer ses démons intérieurs. Si on la considère irresponsable et dévergondée, elle dévoile différentes facettes en privé, celui de se servir d’hommes comme objet afin de combler son manque affectif. Ritsuko dirige le projet avec ferveur, scientifique aux talents hérités de sa mère, toujours tiraillée entre ses différents devoirs et rongée elle aussi par un passé douloureux. Deux personnages modernes et efficaces, loin des clichés que sont les trois protagonistes.


Je ne m’attarderai pas sur les autres personnages, qui semblent prétexte à développer les personnages principaux. Au mieux ils sont attachants, mais leur psychologie est assez vite survolée. Kaji est le beau gosse de service, juste bon à assouvir les besoins de Misato. Le sombre conseil aux intentions cachées, je préfère éviter de les évoquer. Les trois scientifiques, euh… L’un ressemble à Sangohan de GT ! Les camarades de classe, n’en parlons pas, quoique…


La révélation de Toji en tant que Fourth Children, bien que prévisible, amène à un des moments les plus bouleversants de la série, quand Shinji manque de le massacrer sous injonction de son père sévère.


Voilà, c’est ce que j’ai retenu des personnages. J’aurais pu aller plus loin, d’autres sont allés plus loin que moi, d’ailleurs, mais interpréter les thématiques n’est pas mon fort. Conformément à sa réputation, Evangelion place le traitement des personnages au-dessus du divertissement que procurent les combats répétitifs. La série évoque les relations parent-enfant, la lutte contre les responsabilités, l’adolescence, l’amour… Elle privilégie le relationnel à l’action, ce qui est tout à fait louable, mais entre les intentions et le résultat, une marge énorme existe souvent.


Hélas, l’anime aura beau se vouloir aussi intelligent qu’il veut, il m’aura fallu du temps pour y trouver de l’intérêt. Il brode çà et là un background assez intéressant, entre le déploiement des mechas et les crises internes des personnages. Cela devenait même répétitif après une dizaine d’épisodes, où le manque de budget devint une qualité comme un défaut. Qualité car il a été utilisé comme technique artistique, notamment lors du délire psychédélique du dernier épisode. Défaut car le recyclage d’animation empêche le renouvellement et donne une impression de redondance.


En fait, les idées fleurissent à partir des derniers épisodes. Le fanservice outrancier est dépassé et on plonge pleinement dans ce qui a rendu la série culte. Le rythme est mieux géré, les révélations tombent et retirent bon nombre d’incertitudes sur le background vacillant. Mieux, les moments forts abondent, les émotions transcendent, les psychologies deviennent fouillées. Evangelion atteint son paroxysme, ce pourquoi il a marqué sa génération. Seulement…


Je n’ai pas du tout aimé la fin. J’ai même ragé devant.


Là encore, une opinion controversée. On pourra me rétorquer que je n’ai rien compris, mais je vais quand même développer.


Je suis a
llé voir sur Internet les interprétations. Apparemment, la fin essaie de dire qu’un « Otaku » doit s’ouvrir à la réalité et nouer des relations avec les autres. Alors oui… mais non. Présenté en tant que tel, le message rentre en contradiction avec une autre morale de la série : se battre jusqu’au bout. Shinji essaie de quitter le navire à plusieurs reprises et y revient chaque fois parce que c’est son devoir, parce qu’il a été choisi pour sauver le monde. S’ouvrir aux autres était un problème différent qu’il aurait pu régler dans sa propre réalité. Eh bien non, il vaut mieux fuir, se réfugier dans une réalité où tout va bien. Dans une réalité où lui, Akura et Rei sont des adolescents comme les autres… Considéré brutalement, l’anime se conclut par : « Arrêtez d’être différents, soyez comme les autres !


Ainsi s’est achevé mon visionnage d’Evangelion. À l’instar de Ghost in the Shell et de beaucoup d’autres licences japonaises prolifiques de cette décennie, des suites et des mangas sont arrivés par la suite. Peut-être que « The End of Evangelion » répondra à certaines de mes interrogations. En attendant, j’ai vu là un anime très inégal, poussif, sibyllin, parfois agréable, parfois insupportable, mais aussi assez profond et intelligent.

Saidor
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le 27 juin 2017

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Saidor

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