Once Upon a Time
5.6
Once Upon a Time

Série ABC (2011)

Voir la série

Etonnante surprise de cet automne, les épisodes de Once Upon A Time rivalisent d'ingéniosité pour développer un discours incroyablement doux-amer et mélancolique sur le rêve américain.

Les prémices sont assez tortueux (les auteurs de Lost, on a dit), mais long story short: le monde merveilleux de Charles Perrault et des frères Grimm est victime d'un sort par la méchante Reine et se trouve prisonnier de la sympathique bourgade de Storybrook, Mass., en Nouvelle-Angleterre.

On sait où on met les pieds vu les auteurs, il est donc impossible de savoir si l'intrigue décrite relève vraiment du conte de fées à Méchante Reine ou de l'imagination fertile du gamin qui sert de pivot à l'intrigue (un genre d'actualisation de Mikey Walsh, le gosse adorable et idéaliste des Goonies).

A partir de ce postulat, le show, en dépit de ses défauts (notamment des effets spéciaux piqués à la Caverne de la Rose d'Or pour la partie fairytale), développe des pistes absolument fascinantes. Du retournement classique réalité de référence / prison factice, on aboutit notamment à une véritable inversion des valeurs habituellement en oeuvre dans les contes de fées. Ainsi, en plus d'une Méchante Reine particulièrement charismatique, et contrairement au motif habituel de la demoiselle en détresse, on découvre un monde merveilleux peuplé de "princesses" grande gueule (Blanche-Neige), volontaires à tendance arriviste (Cendrillon), mais surtout relativement maîtresses de leur destin. Quand Cendrillon se lamente sur sa misérable vie, au lieu d'une Marraine-fée, c'est Rumpelstiltskin qui lui apparaît (Outroupistache en VF, si je me souviens bien de mes lectures de môme), pour lui asséner un "la magie n'existe pas, si tu veux une vie meilleure, c'est à toi de provoquer ta chance." So much for fairytales. Face à cela, l'Amérique provinciale, figée dans un passéisme curieusement encore plus anachronique.

Mais dans le fond, quel est le sens de tout cela? Quand le môme se trouve chez son psy (qu'il identifie à Jiminy Crickett – ah oui, c'est plus le monde merveilleux de Walt Disney que celui des Perrault/Grimm qui est en jeu, mais hé, nous sommes en Amérique, après tout), ce dernier lui demande pourquoi il a besoin de croire que tout son entourage est issu d'un monde merveilleux & victime d'un mauvais sort les figeant dans cette vie factice de petite ville provinciale. Sa réponse brise le cœur en même temps qu'elle glace le sang. "This can't be all there is." Il y a forcément plus à attendre de la vie que cela. Ca ferait presque penser à cet épisode de Buffy où Whedon avait imaginé que son héroïne était en fait en HP et prisonnière d'un monde fantasmé, peuplé de vampires et de tueuses.

Eh oui, you know you're in a bad shape quand ta petite vie rêvée est moins moderne qu'un conte de fées du XVIe siècle...


EDIT - Quand soudain, la deuxième moitié de la saison brise l'ambiguïté, et surtout le season finale rappelle qu'on est avant tout sur ABC et qu'il ne fallait pas trop en attendre. Plus grosse déception de fin de saison ever.
VirginiA
5
Écrit par

Créée

le 15 mai 2012

Critique lue 1.5K fois

9 j'aime

1 commentaire

VirginiA

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

9
1

D'autres avis sur Once Upon a Time

Once Upon a Time
Melly
6

Have faith my friend!

Il semblerait qu’Hollywood ait trouvé une nouvelle lubie dans la déconstruction de nos chers contes de fées. « Grimm », deux films sur Blanche-Neige, et ici « Once upon a time », une nouvelle fois...

le 5 déc. 2012

32 j'aime

13

Once Upon a Time
MrShuffle
5

Jennifer et Ginnifer sont sur un bateau

Avec Grimm, c'est la deuxième nouvelle série de déconstruction des contes de fées de la rentrée. Et pendant que sa petite sœur n'a pas vraiment beaucoup d'ambition en se contentant de faire un...

le 10 nov. 2011

31 j'aime

5

Once Upon a Time
Red13
6

Quelque part entre Last Action Hero et Lost

(Critique rédigée à la fin de la première saison) Dans la catégorie des séries sympa mais pas géniale voire parfois un peu embarrassante mais qu'on critique pas trop parce qu'on est quand même allé...

le 11 mars 2014

12 j'aime

2

Du même critique

Clueless
VirginiA
7

Le paradoxe de la gentille princesse

Cher Horowitz a fasciné les adolescentes de 95 et au-delà avec son programme informatique pour sélectionner sa tenue du jour, faisant d'elle une des saintes patronnes des blogueuses modes. Pourtant,...

le 15 nov. 2011

77 j'aime

6

Dawson
VirginiA
7

Critique de Dawson par VirginiA

Je pense que les gens qui mettent des critiques assassines (et justifiées) à la série ont grandi et oublié et que quelque part, Dawson appartient à un Neverland adolescent. Oui, les dialogues sont...

le 23 août 2010

70 j'aime

12

La Folle Journée de Ferris Bueller
VirginiA
8

Ferris Bueller gives good kids bad ideas

« Do you realize that if we played by the rules, right now we'd be in gym? » Ferris Bueller est un adolescent qui ne suit pas les règles ; le film qui lui est consacré non plus. Ferris Bueller sèche...

le 21 mars 2011

67 j'aime

8