Pauvres nordistes!

Oui pauvres nordistes parce qu'encore un fois, ils sont gentiment moqués, tournés en ridicule.
On imagine pourtant que Bruno Dumont voit cette mini-série comme une déclaration d'amour pour le gens simples, la France d'en bas, avec ses bafouillements, son lot de "trognes" et ses préjugés. Mais le réalisateur a justement choisi d'amplifier cette image, et de l'amplifier jusqu'à l’excès, bien au-delà de l'effet comique voulu.

On a simplement l'impression d'être face à une classe segpa lâchée au beau milieu d'une enquête criminelle, et on passe plusieurs fois les limites de la débilité mentale. On se sent un peu comme des petits tintins au Congo, à venir scruter les us et coutumes de ces demis-débiles et c'est dérangeant!
De même, on ne coupe pas au cliché qui voudrait que ces pauvres d'esprits soient forcements racistes et violents, victimisant sauvagement tous les individus basanés à la ronde. Dumont pense surement qu'il s'agit là d'une dénonciation humaniste de la réalité Française, une sorte de crédo antiraciste, et on le remercie pour cette finesse d'analyse. C'est en quelque sorte la province vue par militant socialiste du 8ème arrondissement. Et pourtant Dumont est Nordiste!!! Ce qui le rend inexcusable.

Pour vivre dans un petit village de "province" (mon dieu que je n'aime pas ce mot), je peux rassurer tous les Dumont de Paris et d’ailleurs qu'ici, les ratonnades ne sont pas quotidiennes, que les gens savent aligner des phrases sujet+verbe+complément et même que certain lisent des livres!. Si, si je vous assure!

Enfin bon passé ce mouvement d'humeur, il faut reconnaitre que certains passages sont cocasses ou touchants, le burlesque fonctionnant de temps à autres. Mais aussi des paysages et (quelques) personnages bien mis en scènes (la bande de ptit quinquin, la jeune chanteuse, le lieutenant Carpentier) et enfin une originalité appréciable.