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Je ne connais pas le réalisateur Manolo Caro, à qui on doit la série La casa de las flores, mais le contexte historique, le titre faisant penser à une adaptation d'un roman d'Agatha Christie ainsi que le casting (Carmen Maura, Ester Expósito) m'ont donné envie de me lancer dans cette mini-série au format court de trois épisodes seulement.
Tout tourne autour d'une riche famille, les Falcón, demeurant dans une bâtisse isolée, au coeur des années 50 et de l'Espagne franquiste. Le fils ainé y revient après dix ans d'exil au Mexique, accompagné d'un danseur de ballet, ce qui passe mal auprès de son entourage qui fait tout pour arranger son mariage avec une riche héritière. Le point de départ de cette intrigue met allègrement de l'huile sur le feu et nous annonce, par son titre, un final explosif et meurtrier. Tous les personnages sont bien interprétés, servis sur un plateau d'argent avec leurs doutes, secrets et convictions intimes. Carmen Maura est parfaite du début à la fin en matriarche manipulatrice. Il en va de même pour Cecilia Suárez en mère désabusée et Ester Exposito en fiancée pas si innocente. Toute la distribution, en soit, est soignée et émotionnellement investie. La mise en place de ces nombreux pions se fait en douceur, via une mise en scène sobre et cadrée qui donne envie de croire en la qualité de cette mini-série. Quelques gros plans sur chaque personnage, à la manière d'un banc des accusés, jalonnent la mini-série et en deviennent sa principale signature. Ces portraits participent à l'atmosphère individualiste où les personnages s'empêchent mutuellement de s'envoler, à la manière de ces pigeons sans cesse abattus à la carabine.
Mais le format plutôt court est à double tranchant car cela permet à la fois à l'intrigue d'aller droit aux faits, sans tergiverser, mais d'un autre côté, on a pas vraiment le temps de rentrer pleinement dans l'histoire et de s'attacher aux protagonistes. Et c'est ce manque qui vient jouer les trouble-fêtes. Alors que les deux premiers épisodes réussissent le pari de narrer une histoire d'identité, de sexualité et d'image que l'on renvoie dans la société en des temps de tensions, de peurs et de répressions. Le dernier épisode, quant à lui, semble aboutir vers un final un peu tiré par les cheveux et précipité, donnant gratuitement aux spectateurs ce qu'ils attendaient avec impatience depuis le début.
Quelqu'un doit mourir est un soap plein de qualité mais a le souffle court. Le contexte politique de ce pays aux valeurs conservatrices est prégnant et se transforme en un terrain de jeu intéressant pour un scandale intimiste dont le thème de la liberté sexuelle est le sujet central autour duquel s'articule tout le récit. Mais ce format atypique ne laisse pas assez de place aux sous-intrigues qui restent floues et largement sous-développées. D'où une sensation d'être resté à la surface de ce drame social succinct et épuré...

alsacienparisien
6

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le 4 nov. 2020

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