• SAISON 2 (5/10)
[Critique du 25 mars 2022]
Alors, génie symbolique ou navet de pseudo-SF ? Eh bien, malheureusement, on a souvent tendance à pencher vers le second dans cette deuxième saison. Déjà, l'ambiance visuelle change du tout au tout. Finis les décors extraterrestres monochromes de Prometheus, on atterrit sur la zone tropicale de l'île pour une photographie un peu plus jaunâtre et des décors à la Terra Nova. C'est bien moins fascinant, surtout que les effets spéciaux ont beaucoup de mal à suivre, et on n'est pas loin de la série B digne des fonds de carton de SyFy.
Et pourtant, il y a tout de même des éléments qui continuent à relever l'intérêt, à étoffer davantage les mystères déjà bien sibyllins de cette planète. La foi religieuse reste un des motifs centraux de la série, tout comme cette ambivalence sur l'humanité via la présence des androïdes. L'aspect un peu retro d'une SF datée continue d'avoir son charme, surtout dans l'utilisation d'effets spéciaux pratiques. On s'éloigne pas mal de l'influence de Ridley Scott pour s'orienter plutôt sur un mélange de Verhoeven, Cronenberg, et un peu d'Aronofsky pour la psyché obsessionnelle des personnages.
Côté acteurs, c'est assez irrégulier. Si on peut admirer l'exécution d'Amanda Collins, on peut aussi trouver qu'il y a beaucoup trop de surenchère. Travis Fimmel a tendance a rester dans sa zone de confort de l'ère Vikings ; pour sa défense, l'écriture du personnage est maladroite. Les jeunes acteurs ne sont pas très convaincants, et leur développement est également très maigre sur cette saison qui préfère continuer à s'enfoncer dans l'abscons et, souvent même, le ridicule.
• SAISON 1 (7/10)
[Critique du 27 octobre 2020]
Si la série reprend tous les codes du cinéma de SF de Ridley Scott, avec une frontière entre androïdes et humains très floue, des paysages extraterrestres remarquablement mis en scène, l'hybridation génétique, et la notion constante de foi et du rapport à une entité supérieure, avec une forte symbolique biblique, il faut noter qu'il n'est que le producteur exécutif et réalisateur des 2 premiers épisodes. C'est donc dans une ambiance visuelle digne de Prometheus que la série baigne, avec un feeling rétro SF 80s' sur certains designs qui confère une ambiance étrange.
Scénaristiquement parlant, beaucoup de thématiques et d'éléments SF se côtoient. La série commence avec ces deux androïdes (Père et Mère) qui ont la mission d'installer un colonie athéiste sur une exoplanète. Athéistes car, sur Terre, l'humanité est en guerre entre non-croyants et Mithriaques (culte religieux dédié au dieu Sol) qui utilisent des androïdes militaires capables de génocides. Père et Mère sont donc programmés pour relancer l’humanité à partir d'embryons, sur une planète au départ accueillante mais regorgeant de mystères hostiles. Leur tranquillité va être perturbée par l'arrivée de soldats mithriaques (menés par Travis Fimmel), la présence de créatures aliens perturbantes, des hallucinations partagées, la découverte de structures étranges et surtout des revirements d'idéologies et convictions qui vont animer les conflits entre les personnages.
On a donc une première saison à l'image de son environnement extraterrestre : fascinante, dérangeante et indéfinissable. Et une bonne mythologie à continuer de développer en arrière-plan, en parallèle des nombreuses excellentes idées qui surviennent au fil des épisodes. On a parfois l'impression d'un melting-pot de concepts, surtout sur les derniers épisodes où l'histoire devient réellement farfelue. En ce point, seule la 2ème saison pourra confirmer le génie de l'univers de Raised By Wolves ou, au contraire, précipiter la série vers le navet invraisemblable.