Real Humans
7.4
Real Humans

Série SVT1 (2012)

Voir la série

Real Humans part d'une base passionnante : une série exposant une société où les robots à forme humaine (hubots) sont devenus un produit de consommation, avec tous les changements sociologiques et toutes les questions que cela impose. Il y a énormément de thèmes que ce postulat permet d'explorer et la série ne s'y est pas trompée. Du racisme à la question de l'immigration en passant par les diverses formes de sexualité, la question du progrès qui nous dépasse, l'eugénisme ou au contraire la dégénérescence mentale, on traite d'une quantité astronomique de sujets passionnants et pas toujours mis en valeur dans le paysage télévisuel.


L'intérêt de passer par la science-fiction pour parler de ces questions, c'est que l'on peut grossir le trait pour nous faire prendre conscience des raisons qui poussent les autres à avoir une opinion différente de nous. Par exemple je soutiens les mouvements LGBT. Mais quand on me parle d'humains qui copulent avec des machines ou qui envisagent d'autres genres d'expériences humains/robots, j'ai instinctivement un mouvement de recul face à un phénomène aussi nouveau et difficile à "évaluer". Parce que jamais ce genre de questions ne s'était posé dans notre société sans hubot. La question de l'homophobie s'en retrouve relancée puisque j'ai eu l'expérience d'être perturbé face à une situation similaire ("Homme x Homme, ok, mais Homme x Robot ?"). Cela permet de mieux se rendre compte de ce qui bloque les homophobes et de se remettre en question (je ne suis pas homophobe, mais n'y a-t-il pas d'autres situations où je risquerai de me montrer intolérant parce que ce n'est pas naturel ?). Cela fonctionne d'autant plus que les hubots peuvent être selon les modèles de vraies uncanney valley sur pattes, accentuant la différenciation humain/pas humain. Quand notre interlocuteur a une tête de playmobil et qu'il parle comme un autiste, on ne sait pas où se mettre. On ne sait pas ce qu'il se passe dans sa tête, on ne sait pas comment se comporter avec cet esclave légal. C'est vraiment très réussi de ce côté là.


Mais la série souffre de grosses faiblesses. Si elle bénéficie de personnages attachants, son fil rouge ne vole vraiment pas haut. Certains personnages se montreront caricaturaux ("Coucou, je suis le méchant de la saison 1" "Salut, je suis la connasse méprisante de la saison 2"), l'intrigue subit des gros coups de mou (surtout dans la saison 2), certains comportements sont idiots au point de se montrer pénibles (personne ne sait fermer sa porte à clé ou quoi ?). On a quelques subplots qui font perdre du temps pour n'aboutir à rien, peut-être qu'elles avaient leur rôle à jouer dans une saison 3. Certaines motivations manquent franchement de clarté, tout ça pour un fil rouge qui ne trouvera son intérêt que dans sa conclusion et pas dans son déroulement. Sauf que la conclusion, on ne l'a toujours pas... J'ajoute que la manière dont la robotique est traitée ne me satisfait pas toujours. Parfois des robots se trouvent une illumination sans que l'on ne sache d'où cela vient, comment cela peut dépasser leur programme. Ce dernier cas est rare, mais il me met parfois le doute.


La réalisation est plutôt bonne, j'apprécie beaucoup les couleurs fluos qui caractérisent les hubots et certains plans sont pas mal. Mais il y a des tics qui ringardisent un peu la série. La saison 1 est caractérisée par de nombreux flashbacks mal présentés qui cassent le rythme. Ils disparaissent dans la saison 2, mais c'est pour être remplacés par des mini-jump scare complètement ridicules et hors-sujets. Dommage car les acteurs sont bons et le sujet aurait mérité de ne pas subir ces défauts de téléfilm. La série est à son meilleur quand elle développe sa description de la nouvelle société et quand elle utilise ses hubots pour nous mettre mal à l'aise. La saison 1 contient ses très bons moments, la saison 2 moins. C'est fort laborieux et cela devient prévisible vers la fin. Toute cette mise en place pour ça ? Et la suite paraît compromise. Tant qu'une saison 3 n'est pas confirmée, je vous conseillerai bien de vous contenter de la première. Vraiment dommage toutes ces maladresses, mais j'ai tout de même vécu quelque chose de stimulant avec cette saison 1.

thetchaff
7
Écrit par

Créée

le 30 juin 2015

Critique lue 3.8K fois

1 j'aime

thetchaff

Écrit par

Critique lue 3.8K fois

1

D'autres avis sur Real Humans

Real Humans
KingRabbit
6

Ken et Barbie dans l'univers d'Ikéa - Ou comment ruiner un bon concept

Adorant l'anticipation, et la science-fiction en général, je suis toujours un peu déçu dans le sens où finalement ces thèmes ne me semblent pas hyper porteurs puisqu'ils donnent souvent des films un...

le 4 mai 2013

39 j'aime

7

Real Humans
steka
8

Quels humains ?

La question de fond que pose Real Humans n'est pas celle des "Hubots" mais bien celle que suggère l'un des intervenants, comme incidemment : " La plupart des humains sont très bêtes" . Voilà une...

le 22 avr. 2013

33 j'aime

4

Real Humans
Ambrrruh
5

Manifeste Äkta Människor

Critique garantie sans spoil. « I am your father - seal of approval » Äkta Människor ou Real Humans, fait se poser plein de questions très intéressantes… Cependant je vous conseille de chercher les...

le 8 avr. 2013

29 j'aime

14

Du même critique

Seven Sisters
thetchaff
5

On aurait dû faire un calendrier à 5 jours

Des mini-divulgâcheurs se sont glissés dans cette critique en se faisant passer pour des lignes normales. Mais ils sont petits, les plus tolérants pourront les supporter. Seven Sisters est l'exemple...

le 2 sept. 2017

94 j'aime

9

Matrix Resurrections
thetchaff
6

Méta rixe

Cette critique s'adresse à ceux qui ont vu le film, elle est tellement remplie de spoilers que même Neo ne pourrait pas les esquiver.On nous prévenait : le prochain Matrix ne devrait pas être pris...

le 27 déc. 2021

71 j'aime

3

Zack Snyder's Justice League
thetchaff
6

The Darkseid of the Moon

Vous qui avez suivi peut-être malgré vous le feuilleton du Snyder Cut, vous n'avez sans doute pas besoin que l'on vous rappelle le contexte mais impossible de ne pas en toucher deux mots. Une telle...

le 19 mars 2021

61 j'aime

4