"Rectify", quand le condamné à mort s’en sort

Parmi les héros dont on tomberait volontiers amoureuse, il faut compter sur Daniel Holden. Il a la grâce, la finesse, l’intelligence, mais il est dévasté. Ce personnage de la série "Rectify" vous bouleverse par son côté christique, ses actes inspirés du zen et de Gandhi. Ce beau gars qui tend l’autre joue à l’ennemi, et dont la lenteur exaspère, c’est Hibernatus au temps des smartphones.
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De l’enfer à la liberté
La série "Rectify" débute le jour de sa libération. Entretemps, Daniel Holden a vécu l’enfer durant dix-neuf ans. L’état de Géorgie l’a condamné à mort pour le viol et le meurtre de sa copine. A 18 ans, il a avoué et est mis en détention. Libéré grâce à une analyse ADN et au combat mené par sa sœur, Daniel retrouve les siens. Dans son bled où chacun s’épie, le shérif, le procureur et le plombier se côtoient au resto du coin pour échanger les ragots et faire en sorte de ne laisser aucune chance à Holden. Beaucoup le croient coupable. Même son beau-frère, Ted Junior.

Temps élastique
Comment reconstruire sa vie après avoir sombré dans le couloir de la mort ? "Rectify" a le souffle d’une grande série, sur fond d’enquête judiciaire et de plaidoyer pour la liberté. Des dialogues incisifs, une réalisation soignée, des images lumineuses, contrebalancent les longues phases méditatives qui expriment le décalage temporaire vécu par le héros. En prison, le temps était élastique. A force de volonté, Daniel a réussi à faire abstraction de la réalité et de la notion du temps. Il a exploré "le timing entre les secondes". Dévoré toutes sortes de livres, seul dans sa cellule. Holden est une sorte de désaxé poète, un artiste qui s’ignore et qu’on adore. Un monstre de foire. Cependant, le doute subsiste, dans les deux premières saisons : est-il coupable?

Back to reality
Un second procès risque de tomber, et en attendant, Holden survit aux retrouvailles. Les amis d’enfance, les inconnus, les bruits, la musique, les couleurs, les odeurs… tout est matière à exploration. "Rectify" vous prend à la gorge. Sa tribu est aussi touchante que celle de Six Feet Under. Et l’acteur australien Aden Young (Daniel Holden), ensorcelant.