J'ai terminé "Reply 1988" il y a quelques jours et je me suis attardée ensuite à revoir quelques minutes de certains épisodes, revenir sur des détails qui m'avaient échappés (un peu comme on rembobinait la bande d'une cassette pour ré-écouter encore le même morceau). J'avais trop aimé ces personnages pour passer totalement à autre chose tout de suite. Pourtant, je reconnais que sur le papier, la vie quotidienne de cinq familles dans un quartier populaire de la fin des années 80, cela n'avait rien de vraiment transcendantal a priori. Mais tous ceux qui avaient donné leur avis parlaient de coup de cœur, je suis curieuse et j'aime beaucoup pouvoir fonctionner par coup de cœur.
Dans les premières minutes, j'ai été surprise par les images, comme si elles avaient été filmées avec les moyens de l'époque, quand la Corée ne produisait pas encore ces bijoux technologiques qui séduisent tant. Cela m'a amenée à considérer avec attention ces images d'un quotidien différent, de comparer avec celui de familles classe-moyenne-un-peu-modeste en Europe, en France en particulier. J'ai noté les petits écrans de télévision, le modèle du réchaud à gaz qu'on allume le matin, la pièce qui est la salle de bain, le bipper que les amis offrent en 1994... Mille et un détails pour mesurer le changement rapide de la vie quotidienne de la Corée actuelle.
Tous les personnages, reliés les uns aux autres par l'amitié, la solidarité, la loyauté et le partage, sont bien sûr intéressants et attachants mais j'ai aimé comme la narration s'attarde l'air de rien autour des trois garçons qui entourent Deok-Sun, la jeune fille. Celui qui reste en retrait parce qu'il préfère la grande sœur et qui observe avec surprise ou bienveillance ses deux amis tenter leurs chances chacun à leur tour, comme on joue une partie (ici, en l'occurence un jeu de go). Ces deux-là sont amis mais ils s'observent, ils ne disent rien mais ils savent qu'ils sont adversaires. Il y a celui qui cache ses hésitations derrière des attitudes bourrues et celui qui prend ses décisions comme on joue son va-tout. Celui qui n'ose pas et celui qui ne veut pas perdre.
J'ai adoré l'interprétation de Park Bo-Gum pour le personnage de Taek, sa façon de se tenir tout en retrait, maladroit, totalement introverti et puis soudain ses sourires, un miracle de tendresse et de magie. C'est un jeune acteur magnifique.
Inversement (c'est un bémol dans l'appréciation de cette série), j'ai été gênée par les séquences "interviews" 2015 des personnages 20 ans plus tard. Les acteurs, et surtout celui qui reprend le personnage de Taek, ne conviennent pas. En les voyant, on n'a pas envie de savoir comment ils ont vécu toutes ces années depuis 1994, on ne veut plus rien écouter de leur histoire et c'est vraiment dommage.
Heureusement, ces séquences sont peu nombreuses et pas trop longues mais on aurait pu en faire l'économie. On est heureux de pouvoir rester sur l'image de cette bande de potes blottis devant un petit écran vintage à regarder un film. Pendant un moment, c'était bon de vivre avec eux.