Je dois dire que cette série ne m'a pas laissé de marbre: c'est LE coup de cœur.
Fan de l'oeuvre de Conan Doyle depuis très longtemps, j'étais d'abord perplexe en découvrant cette série. Une énième adaptation du célèbre détective britannique? Laissez-moi rire. Je m'attendais à une série superficielle, plate et so american dans le genre Grey's Anatomy, qui utilise le nom du détective au prétexte d'affaires sanglantes particulièrement répétitives et sans intérêt. Bref, je n'étais pas du tout convaincu.
Et pourtant! C'est sans doute la meilleure adaptation de Sherlock Holmes qui soit. Et la BBC, toujours aussi talentueuse, a mis les moyens. D'abord, les amateurs de Conan Doyle reconnaîtront la présence importante de son oeuvre dans la série : les affaires qui se succèdent de manière fluide ont une bonne base construite sur les livres de l'auteur original. La modernisation de son oeuvre est tout particulièrement bien conduite : bien que quelques déformations peuvent paraître extravagantes au premier abord (je pense notamment au Chien des Baskervilles), elles sont entraînantes, plutôt convaincantes et racontées d'une manière à laisser planer suspense, mystère et inquiétude. Le tout tournant autour de nos deux fameux protagonistes, qui dansent élégamment au milieu des chaînes qui menacent à chaque affaire de les détruire.
Quant aux personnages... Sherlock a été réinterprété sous un nouveau jour surprenant mais tout à fait sensationnel. Il n'est plus simplement un détective britannique classique à la Hercule Poirot. La célèbre phrase "I'm a high functionning sociopath" contient tous les éléments pour comprendre parfaitement ce remix : un sociopathe, bien trop intelligent pour faire partie de l'humanité ordinaire, mais qui tente désespérément de comprendre les relations humaines, le tout sur un fond d'énigmes passionnantes. Et puis, avouons-le, Benedict en Sherlock force au respect. S'il n'est pas seulement agréable à regarder, toutes ses mimiques, ses regards, ses mouvements et ses répliques forment un syncrétisme parfait pour donner vie à un personnage surdoué, génie absolu, virtuose, orgueilleux mais finalement sombre et solitaire (j'oserai même dire "incompris"). Et on n'oublie pas non plus l'importance de John Watson, qui n'est pas juste un sous-fifre paumé à la botte de Sherlock. Non, il est l'un des piliers de la série. De même, le Moriarty que l'on découvre, joué par l'excellent Andrew Scott, est diablement fascinant, dangereusement attirant... Réussite totale.
Pour finir, la série sait s'arrêter quand il le faut. Le timing est parfait : 4 saisons (ce qui est déjà beaucoup, mais on ne s'en lasse pas), puis STOP. Pas de prolongement infini de meurtres ou psychopathes toujours plus rocambolesques et what-the-fuck pour faire plaisir aux ultra-fans.
Enfin, notons par ailleurs, et je terminerai sur ces quelques mots, la qualité de la bande sonore de la série, tout comme son opening qui vous restera dans la tête très, très longtemps.