L'engouement suscité par cette adaptation contemporaine des aventures du plus célèbre détective britannique a fini par me pousser à y jeter un œil. Alors, j'en avais déjà vu quelques bribes, il y a quelques années, sans en avoir gardé de souvenir particulier hormis celui de m'être gaillardement assoupi devant l'écran. C'est donc averti et plutôt méfiant que je me suis replongé dans cet univers, avec l'espoir, quand même, que la vague sympathie que m'inspirait le duo principal allait m'aider à apprécier l'univers.
Le principe de transposer l'oeuvre d'Arthur Conan Doyle à notre époque est assez risqué, mais après tout, pourquoi pas, l'idée n'est pas si saugrenue, et ça permet de changer des adaptations habituelles.
La première saison est extrêmement pénible. Je ne peux même pas dire que je me suis ennuyé. Non, je me suis énervé, ce qui, lorsque l'on commence une oeuvre, n'a rien de bon. A vrai dire, le premier épisode m'a semblé assez vide, ça ressemble à un téléfilm policier lambda, je n'y ai trouvé aucun intérêt ou presque, mais il a le mérite, au moins de présenter des personnages, ce qui peut presque pardonner le reste. En revanche, la suite, en plus d’être encore plus vide, n'apporte rien de nouveau au spectateur que ce soit sur le plan scénaristique (et la maladroite apparition du nom de Moriarty à la fin n'y changera rien) ou sur celui de l'univers. Les quelques nouvelles tête ont tôt fait de se faire zigouiller, et on se retrouve, après une heure et demie de film, au même point de départ. Heureusement, le troisième épisode décolle un peu, et à défaut d'y trouver un réel intérêt, on a droit à quelque chose de presque nouveau. Mais pour tout dire, j'avais déjà vu une version de cette histoire, avec Bruce Willis en Sherlock, Samuel Jackson en Watson et Jeremy Irons en Moriarty. Ça s'appelait Die Hard 3, et ça avait, quand même, beaucoup plus de gueule.
J'en profite ici pour pousser mon petit coup de gueule sur le petit cliffhanger inutile entre les deux premières saisons. Terminer son dernier épisode en coupant une scène en plein milieu n'a strictement aucune utilité, surtout si c'est pour conclure la chose dans les cinq premières minutes de la saison suivante.
Et encore, là, je ne parle pas de la forme. Moffat et Gattis ont l'air de découvrir les joies du montage vidéo et nous en font profiter. On trouve dans Sherlock une quantité d'effets lumineux qui ferait passer ce bon vieux J.J Abrams pour un débutant, des effets épileptiques et des transitions que même Louis Letterier n'a pas osé dans Insaisissables, et autres apparitions bordéliques de textes à l'écran qui donnent à la série des airs d'amateurisme plus que prononcés. Le point d'orgue de ce ridicule gloubi-boulga visuel est atteint, il me semble, lorsque ce bon vieux Sherlock se réfugie dans son "Mind Palace".
Heureusement, toute cette agitation, très mauvaise pour la santé (en tout cas pour la mienne) semble se calmer au fur et à mesure des saisons suivantes, malgré quelques relents de mauvais goût encore perceptibles ici et là.
La suite m'a paru beaucoup plus acceptable, j'avoue même avoir pris plaisir à la regarder. Les intrigues fonctionnent mieux, les enjeux sont réel, et on découvre des nouvelles facettes à nos personnages. La troisième saison se permet de s'éloigner de l'aspect "enquête policière" de la série pour se concentrer vraiment sur nos deux héros, avec des intrigues beaucoup plus personnelles. Le résultat est discutable, puisque les objectifs sont beaucoup moins ambitieux (il ne s'agit plus de sauver l’Angleterre), mais cette petite pause est bienvenue puisqu'elle permet de rentrer plus en détail dans la relation Holmes-Watson.
Et puis, heureusement, l'humour est au rendez vous, ce bon vieux Martin fait mouche à presque chaque fois, et les scénaristes ont eu une excellente idée en transformant la légendaire casquette du détective en un gag hilarant. Bravo.
Coté casting, le duo fait mouche. J'ai tout de suite accroché au personnage de Martin Freeman, qui est parfaitement taillé pour ce genre de rôle. Il m'a fallu plus de temps pour m'habituer à ce bon Benedict, et pour cause, il campe son détective de manière merveilleusement désagréable, bien comme il faut, et réussit le tour de force de nous faire apprécier le personnage de plus en plus. Cependant, le reste du casting s'efface un peu trop derrière ces deux héros. Les prestations sont tout de même très correctes, petite mention pour Gatiss et son Mycroft très réussi, et aussi à Una Stubbs qui campe une Mrs Hudson plus que charmante. Le petit bémol, c'est le Moriarty un poil trop caricatural à mon gout.
En conclusion, si l'on ne s'attarde pas trop sur les quelques infects détails visuels ni sur la plus que dispensable première saison, Sherlock permet de passer un bon moment. On est cependant bien loin du chef d'oeuvre qui semble acclamé par une unanimité dont je peine à comprendre la ferveur.