Skins
6.9
Skins

Série E4 (2007)

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Vu que je suis en train de tout me remater depuis des mois, je me suis dit qu'il était pertinent de faire un petit bilan. En effet, Skins fait partie sans hésitation aucune de mon panthéon personnel de séries cultes et fut, pour moi comme pour beaucoup, une révélation. Si l'on ne garde que les deux premières saisons, elle serait même dans mon top 10. Car vous n'êtes pas sans savoir que la particularité de cette série est de changer de casting toutes les deux saisons. Il est donc de bon ton de parler de "générations", terme plus qu'approprié quand on voit la différence de ton entre les 3 qui composent cette série. Mais trêve de blabla, plongeons directement dans le vif du sujet.



Première génération (2007-2008)



Cette première génération pose les bases de toute la série et de nombreuses autres qui tentèrent, sans succès, de recopier la formule. Le principe est simple : une bande de potes lycéens fait les 400 coups à Bristol, petite ville du Sud-Ouest de l'Angleterre. Des soirées, de la drogue, de l'alcool et du sexe. Sur le papier, la formule paraît simpliste. Mais là où Skins se démarque, c'est par le réalisme des situations et par des personnages complexes et fouillés, renforcés par la présence d'une équipe d'écriture composée de jeunes qui savent donc un minimum de quoi ils parlent.


Dès le pilote, l'ambiance fait son effet. Les personnages sont introduits comme il faut et on ne perd pas de temps avec de l'exposition inutile, on aura bien le temps plus tard. Les acteurs sont tous très convaincants et deux d'entre eux ont d'ailleurs entamé une carrière cinématographique prometteuse : Nicholas Hoult, qui était le seul acteur connu du casting principal avant le début de la série, et Dev Patel, qui devra à Skins son rôle mythique dans Slumdog Millionaire. Les autres connaîtront au mieux une petite carrière à la télévision, au pire une belle mention sur leur CV et quelques royalties bien méritées.


Comme je l'ai déjà dit, c'est son réalisme qui fait tout le charme de la série (ou du moins de cette première génération). Skins semble être la première série à avoir assimilé que les adolescents sont attirés par les interdits et certainement la première à ne pas l'occulter ou le censurer. L'ambiance "fin de lycée" est ainsi très bien retranscrite, avec tous ces doutes quant à l'avenir, l'entrée un peu forcée dans la société, la pression de tous les côtés, les premiers émois amoureux et au milieu de tout ça, les adultes, qui semblent bien largués et incapables de comprendre leur progéniture. En focalisant toute son attention sur ces jeunes adultes, Skins semble avoir véritablement compris quelque chose de cette génération du début des années 2000, surchargée d'informations mais incapable d'en faire quoi que ce soit.


L'éventail de personnalités offert par les personnages y est également pour beaucoup dans le succès de la série. Il vous sera en effet impossible de ne pas vous identifier à au moins l'un d'entre eux, même si comme moi vous n'avez jamais consommé de cocaïne, d'ecstasy ou encore ruiné la baraque de vos parents pour une soirée. La série peut ainsi traiter de manière réaliste des thèmes compliqués comme le harcèlement, les grossesses non désirées, le divorce, l'addiction, et j'en passe.


Cette première génération, poignante et réussie, placera la barre très (trop ?) haut pour la suite des événements et vous fera presque regretter le changement de casting. Si comme moi vous n'étiez pas au courant de cette particularité, la déception n'en fut que plus grande. Comportant son lot de scènes d'anthologie portées par une BO incroyable*, ce premier chapitre est une réussite incontestée et survit pour l'instant formidablement bien au passage du temps.


Bilan première génération


Cohésion de groupe : Optimale. Le groupe se connaît déjà avant le début de la saison et leur amitié est très crédible. Même si la plupart des épisodes sont centrés sur un seul personnage, les autres ne sont jamais bien loin.


Mon poulain : Sid. Même si je ne partage pas toutes ses caractéristiques, jamais je ne me suis autant identifié à un personnage. Sid est le looser tragique, celui qui cache sous sa maladresse et sa timidité une sensibilité touchante. L'épisode qui lui est consacré dans la deuxième saison est certainement l'un des meilleurs de la série. C'est en tout cas mon préféré.


Fan favorite : Tony. Même si j'aime beaucoup son personnage, il a un côté manipulateur et narcissique qui le rend assez insupportable dans la première saison, avant de connaître une rédemption foudroyante dans la deuxième. Son côté intellectuel et je-m'en-foutiste explique sa popularité auprès des fans, ainsi que le fait qu'il soit le premier personnage introduit et plus ou moins le personnage "principal" de cette première génération.


Petit crush : Angie, la prof de psychologie. Pas étonnant que Chris tombe amoureux d'elle : en plus d'être très jolie elle paraît vulnérable, ce qui fait qu'on a toujours envie de lui faire un câlin. Michelle est également très mignonne, mais la vacuité de son personnage la rend beaucoup moins intéressante.


Perso à oublier : Il n'y a pas vraiment de perso mal écrit dans cette génération. Certains sont sous-exploités, comme Anwar ou Kenneth, relégués au rang de comic reliefs


MVP : Chris évidemment. Sous ses aspects de fêtard teubé, il cache en fait un cœur d'or et une âme de poète maudit.


Je ne me suis toujours pas remis de sa mort, si brutale.



Deuxième génération (2009-2010)



Suite au succès de la première génération, il était impensable de ne pas donner une suite à la série. On repart dans la même foulée avec notamment les personnages de Effy et Pandora qui font la liaison entre les deux générations. Les créateurs ont apparemment compris ce qui plaisait aux spectateurs et on a ainsi droit à encore plus de drogues, de fêtes et de désillusions en tout genre. Cette génération est en effet plus sombre que la précédente, avec notamment un arc narratif autour du suicide, ce qui la rend parfois un peu difficile à regarder. Malgré la qualité des scénarios et des acteurs il est difficile de se hisser au niveau de leurs prédécesseurs, même si certains épisodes y parviennent. On regrettera surtout une deuxième saison un peu courte et un dénouement presque bâclé et moins mémorable que celui qui l'a précédé.


Bilan deuxième génération


Cohésion de groupe : Plutôt bonne. On connaît déjà deux personnages et le reste se rencontre lors de la rentrée scolaire. Ceci dit, et c'est une des critiques principales que je fait à cette génération, chacun est un peu dans son coin et vit ses propres aventures.


Mon poulain : JJ. Devant gérer à la fois ses galères d'adolescent et pas mal de troubles psychologiques (dont un syndrome d'Asperger), JJ est le plus touchant de ce groupe et un des plus intéressants. Son arc narratif lui offre une belle évolution et il vous fera passer du rire aux larmes.


Fan favorite : Cook. D'abord très énervant, Cook gagne en profondeur à mesure des épisodes et en devient même intéressant. Son tempérament de bagarreur et son je-m'en-foutisme font de lui un des personnages les plus plébiscités par les fans, et ce toutes générations confondues.


Petit crush : Beaucoup de crushs dans cette génération bien fournie en jolie donzelles. Effy, tout d'abord, assez discrète dans la première génération, devient un personnage crucial dans celle-ci. Comment dire non à Kaya Scodelario ? Naomi, jouée tout en émotion par la belle Lily Loveless, est également bien écrite. Pour finir, Emily, l'une des deux jumelles, est une beauté simple et naturelle mais très efficace. C'est peut-être le personnage féminin le plus intéressant de cette génération.


Perso à oublier : Ici aussi pas vraiment de mauvais persos mais certains sont sous exploités. Il est clair que les scénaristes ne savent pas vraiment quoi faire de Pandora et surtout de Thomas, qui avait pourtant un fort potentiel.


MVP : Freddy. Souvent un peu en retrait, il est pourtant crucial dans le trio qu'il forme avec JJ et Cook, devant tempérer les ardeurs du second et protéger le premier. Il doit en plus gérer une relation tumultueuse avec Effy en plus de ses autres galères d'adolescent.


On regrettera également le destin qui lui est accordé, une mort venue de nulle part et qui n'a pas vraiment d'impact sur la fin de saison. Les scénaristes devaient être à court d'idées et honorer la règle du "un décès par génération"



Troisième génération (2011-2012)



Même si la quatrième saison avait montré des signes de faiblesses scénaristiques, le succès ne se dément pas et une autre génération est logiquement mise en chantier. Souvent décriée par les fans de la première heure, cette génération souffre effectivement de nombreux problèmes dont je vais essayer de vous rendre compte. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé au niveau de l'équipe de scénaristes mais cette génération est calamiteuse, l'écriture est atroce et les personnages sont presque tous transparents et inintéressants. Si la plupart présente des caractéristiques intéressantes, très peu sont développées. Ma plus grosse réserve concernant cette génération se trouve au niveau du premier épisode de la saison 6, délocalisé au Maroc. Pour l'instant, 100% de la série se déroulait à Bristol et briser ainsi cette règle relève de l'hérésie si le traitement ne s'avère pas à la hauteur. (la suite dans la case spoiler)


Le traitement sera, comme vous vous en doutez, catastrophique. On a droit à des personnages encore plus clichés que nos héros et qui sortent de nulle part, et en plus d'un accident de voiture complètement con qui aboutira à la mort de Grace pour choquer le public qui ne s'attendait pas à un décès si tôt dans la saison. Mais ce qui m'ulcère le plus, c'est pourquoi bon dieu de merde avaient-ils besoin de mettre en scène tout ce bordel au Maroc ? Parce que des voitures et des routes, il y en à Bristol, jusqu'à preuve du contraire. Quitte à faire voyager nos héros, autant que ce soit pour accomplir des choses impossibles à faire en Angleterre. Je vais m'arrêter là, vous avez saisi. Et ceci n'est qu'un symptôme de l'écriture effroyable de cette génération.


Bilan troisième génération


Cohésion de groupe : Risible. Nos protagonistes sont potes uniquement à cause du scénario qui les force à l'être. Mention spéciale à Minnie et Frankie qui se détestent, la première ayant harcelé abusivement la seconde et pourtant elles sont dans le même groupe de potes. Ce groupe est beaucoup trop hétéroclite pour être crédible, on perd toute notion de réalisme qui faisait le sel des générations précédentes.


Mon poulain : Rich. Le SEUL personnage intéressant de cette génération, bien aidé par un des meilleurs acteurs. Métalleux sensible, il s'en prendra malheureusement plein la gueule pendant ces deux saisons. Les meilleurs épisodes sont aisément ceux qui lui sont consacrés, même si la concurrence n'est pas au rendez-vous.


En couple avec Grace, il sera à mon grand regret beaucoup plus en retrait dans la deuxième saison suite au décès de celle-ci. Les deux méritaient mieux.


Fan favorite : Minnie. C'est la seule à avoir un arc narratif complet, c'est donc forcément le meilleur. Tout comme Tony et Cook, elle connaît une vraie rédemption dans la seconde saison après avoir été insupportable dans la première.


Petit crush : Minnie aussi. Je ne peux pas être partial quand des taches de rousseur sont en jeu.


Perso à oublier : La plupart. Si l'on excepte Grace, Rich et Minnie, tout le reste est oubliable. On a des persos avec des caractéristiques intéressantes mais qui ne seront jamais exploités (notamment Frankie), des acteurs extrêmement mauvais (les frères Nick et Matty, effroyables) ou des persos justes transparents (Liv, rarement vu un perso aussi inutile). Mention spéciale au personnage de Frankie, peut-être un des plus insupportables de l'histoire des séries télé, qui passe de garçon manqué androgyne à biatch tête à claques sans vraie raison à part la transformation physique de l'actrice qui a gagné environ 25 bonnets de soutien-gorge entre les deux saisons.


MVP : Difficile d'en donner un. Par défaut ce serait Grace, qui tempérera le caractère de Rich et ses relations avec les autres.


Sa mort prouve à quel point elle était importante dans le groupe, mais j'aurais préféré que Frankie meure à sa place, je la déteste.



Retour aux sources (2013)



En 2012 fut annoncée une septième et ultime saison pour conclure la série. Elle est composée de six épisodes centrés sur 3 des personnages les plus iconiques de la série : Effy, Cassie et Cook, qui ont donc droit à deux épisodes chacun.


Du côté des points positifs, on pourra louer une fois de plus l'effort de réalisme apporté à ces histoires, qui voient nos personnages entrer difficilement dans le monde adulte et aller de désillusion en désillusion. Le ton est toujours très sombre et seule Cassie aura droit à un semblant de happy end. Deux autres personnages reviennent également dans le segment d'Effy, ce qui fait toujours plaisir. Ces six épisodes nous donnent l'occasion de dire au revoir à ces personnages de belle manière.


Cependant, on notera que Bristol n'est même pas mentionné, pourtant lieu principal de l'action pendant 6 saisons. Pas une info non plus concernant les autres personnages, et même pire dans le segment de Cassie, elle fait référence de manière détournée à Sid et il faut deviner qu'elle parle de lui.


Mon segment préféré est celui de Cook, riche en rebondissements et percutant (ce qui était à prévoir). Le moins bon est pour moi celui de Cassie, car si Hannah Murray est une fois de plus excellente dans son rôle, je trouve que les scénaristes auraient pu trouver une histoire un peu plus intéressante à raconter même si c'est loin d'être scandaleux.


Dans l'ensemble c'est très correct et c'est une bonne fin à la série, on en réclamerait même encore.


*Attention à la version que vous regardez ! Les droits musicaux n'ont pas pu être conservés pour l'exploitation physique et en VOD légale. Sur Netflix par exemple, de nombreuses musiques ont dû être remplacées, parfois par d'autres d'aussi bonne facture, parfois par de la bouillie générique. Une fois de plus, le téléchargement semble être la seule solution pour apprécier la musique originale.

RonaldFrangipane
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Créée

le 23 avr. 2020

Critique lue 4.2K fois

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