Du Sang, de la Gloire et des Larmes

"Epique" serait un faible mot pour décrire cette série en trois saisons principales (+ une courte de flash back), tant l'épopée des gladiateurs rebelles a donné lieu à des scènes d'actions et de passions réalisées de façon saisissantes. Il sera donc question ci dessous de la critique de cette ultime saison, mais également de "La Guerre des Damnés" en tant que suite et fin des autres saisons. En un mot, de "Spartacus" dans son ensemble. (petits risques de SPOILERS:)

Visuellement, Spartacus est une réussite, autant du niveau des costumes, de l'ambiance de la Rome antique, des décors et des paysages de fond. Certes c'est de la 3D, des images de synthèses (de bonne qualité notons) et des fonds verts utilisés régulièrement, et certains décors qui se répètent. Mais comment imaginer, avec les techniques d'effets spéciaux modernes, qu'on devait s'en passer pour produire une série si ambitieuse? Sachant bien évidemment qu'une série n'a pas les mêmes moyens qu'un film, et pas forcément de quoi rassembler 20000 figurants sur un même plan par exemple. De plus, les musiques sont réellement plaisantes; nous faisant vibrer à coup de choeurs occidentaux ou orientaux, et d'accords épiques à chaque coups de glaive données par les rebelles libres contre la tyrannie de Rome. Mentions spéciales pour le thème de Sura dans la première saison, magnifique, et de ceux de la bataille du Vésuve et de l'affrontement final contre Crassus.

Le scénario croît d'intensité au fur et à mesure des 3 saisons, en même temps que les moyens déployés pour faire vivre les affrontements de l'armée du héros thrace sur le petit écran. Malgré une trame générale prévisible, la série arrive tout de même à nous tenir en haleine par des évènements d'un rythme endiablé encore boostés par des musiques d'orchestre de grande qualité. Dans l'ensemble, les acteurs sont convaincants, soit pris de passion et de colère dont on devient vite empathique, soit imprégnés d'intentions détestable qui ne nous donne qu'une seule envie, à savoir les voir se faire cogner par les anciens esclaves menés par Spartacus. -Du côté des rebelles, les plus proches alliés du héros représentent une diversité intéressante qui nous offre des personnages différents, parfois mêmes sous l'emprise de rivalité internes. L'inflexible Crixus, l'enthousiaste et séducteur Gannicus, le loyal Agron, et le calme mais déterminé Spartacus...
En somme, cela donne un côté humain à la rébellion, ainsi que quelques richesses de scénario, légitimant la cause pour laquelle tous se battent: la liberté. On regrettera la perte tragique d'Andy Whitfield, premier Spartacus et vraiment bon dans ce rôle, son remplaçant Liam McIntyre assure néanmoins un rôle crédible, même s'il fait plus jeune que son prédécesseur. -Du côté des antagonistes, si l'on met de côté Tiberius qui n'a rien à faire ici et César dont la présence aux côtés de Crassus est aussi non prouvée historiquement parlant qu'improbable, on a une correcte évolution des "méchants" principaux d'une saison à une autre: le manipulateur Batiatus (excellent acteur que vous reconnaîtrez certainement), l'arrogant Glaber et enfin le stratège Marcus Licinius Crassus, l'homme le plus riche de la république et le futur membre du premier triviumrat, dont le jeu d'acteur se démarque bien des autres généraux romains (une sorte de Bill Nighy en plus jeune).

De façon générale, la série traite avec grand sérieux de la thématique du combat pour la liberté et de la lutte contre l'oppresseur. Un thème classique, mais toujours efficace pour plaire à l'audience.
Ou comment un homme qui était un simple esclave a réussi à briser ses chaînes et faire trembler la toute puissante Rome. Ou comment une poignée de combattants, par la soif de liberté, de vengeance et la rage de vaincre leurs anciens oppresseurs ont tenu tête à des légions de soldats entrainés et mieux équipés qu'eux.

Bien évidemment, c'est une série américaine; donc la fidélité historique par rapport à la véritable vie du personnage Spartacus est loin d'être parfaite. Néanmoins, il est intéréssant de noter que plusieurs gladiateurs tels que Oenomaeus, Crixus et tous les personnages romains antagonistes ont réellement existés, des évènements décris dans la saga de Starz tel que la décimation de Crassus, les jeux funèbres organisés par Spartacus, la bataille du Vésuve, la trahison des pirates... se sont réellement produits. Nombreux sont les évènements retranscrits ou tout du moins très inspirés des témoignages de la Rome antique; ce qui montre que les réalisateurs ont au moins ouvert un livre d'histoire avant de concevoir la série, et c'est tant mieux. Enfin, la série n'a pas vocation en soit à être une saga purement historique, mais d'avantage un divertissement spectaculaire (aux US, la série a été produite par la chaîne Starz, pas par la History channel comme l'est "Vikings" par exemple).

L'action à présent.
Et là on touche au CŒUR de la série. Spartacus fait très, très fort puisque les combats à l'arme blanche sont d'une intensité à exploser des niveaux d'adrénaline, tant les affrontements de gladiateurs dans la première saisons et les batailles dans les suivantes magnifient la classe et le charismes de nos héros; véritables dieux de la guerre se battant contre vents et marées avec une férocité et une fougue incomparable. Les chorégraphies sont très bien réalisées, et quand on sait que tous les acteurs s'entrainaient 4 heures par jour en salle d'entraînement intensif (les fameux boot camp) pour être le plus possibles fidèles à l'image de guerriers, ça n'étonne pas. Les effusions de sangs et de scènes violentes sont également légions; mais à ceux qui trouveraient la série trop gore, je répondrai que c'est avant tout une histoire de gladiateurs; hommes ne connaissaient que la loi du plus fort, tuant pour survivre sans avoir la moindre pitié pour leurs adversaires. De même, les scènes de sexe sont nombreuses (il faut dire que c'est ce qui fait vendre dans les séries moderne), ce qui donne un cadre très mature à la série; un cadre appréciable donc mais à ne pas mettre entre toutes les mains.
En sommes, même si les scènes de ralentis dans la dernière saisons et quelques "coups sautés" sont en trop, les scènes de combat sont brutales, poignantes et en un sens réalistes; ce qui confère à Spartacus ce coktail d'action sublimée unique parmi toutes les séries existantes actuellement. Vous voulez de la baston "à l'ancienne"? Vous savez ce qui vous reste à faire.

Spartacus met en scène non seulement des combats saisissants mais arrive aussi à communiquer aux spectateurs toute la fièvre, l'atmosphère et la passion qui emplissaient les foules de l'antiquité lorsqu'ils admiraient à grand coup de harangues de féroces duels de gladiateurs. Celà est particulièrement vrai dans la saison 1, qui a posée les bases, mais vous vous surprendrez à ressentir la même fougue et les mêmes douleurs que les héros lorsqu'ils risqueront bravement leur vie sur le sable de l'arène ou face aux tyrans de Rome. Au terme de tout, le grand final de la saga est une apothéose de bravoure, de détermination et de grandeur. L'ultime épisode est poignant au possible, majestueusement mené et émouvant.
"One day Rome shall fall, but you'll be never forgotten"

Conclusion: Les années 60 auront eu Stanley Kubrick et son long métrage éponyme "Spartacus". Les années 2010 ont ici leur interprétation grandiose du gladiateur légendaire, une fresque héroïque de celui qui est devenu un véritable symbole mondial d'émancipation des peuples et de quête pour la liberté. Ce qui était partis, à son lancement, pour n'être qu'une micro histoire, vague copie de l'incontournable 300, a su se faire une place de sang et d'acier dans les séries populaires des dernières années; proposant une trame passionnante, de l'action à foison et des personnages dans leur ensemble bien joués. Pour ses quelques défauts, je ne met pas la note maximale à Spartacus War Of The Damned, mais la série de Starz mérite amplement son 9/10. Les péplums se faisants rares ces dernières années (entre les très moyens chocs des titans et le presque-navet Les Immortels), si vous aimez ce genre de métrage ainsi qu'un univers où la violence, le sang, la gloire, la passion et les larmes se mêlent dans une oeuvre épique, et si les effusions d'hémoglobine ne vous rebutent pas, alors Spartacus est un must à savourer absolument. A voir.