Stargate Origins
3.6
Stargate Origins

Série SyFy (2018)

Quand on parle de science fiction, plusieurs saga peuvent venir à l'esprit : Star Wars, Star Trek, Battlestar Galactica. Quand on est né dans les années 80-90, il y'a des chances pour qu'une autre soit énumérée par le geek élémentaire ou le fan de la Trilogie du Samedi Soir, une saga qui a connu son apogée sur le petit écran : Stargate.


Aaaaaah Stargate... Une madeleine de Proust, un plaisir coupable. C'est toujours chaud de dire "Moi j'aimais Stargate". Une série assez longue (10 saisons) mais dont la distribution et les aventures étaient enchanteresses (globalement... J'avoue ressentir une forte baisse d'intérêt à partir de la saison 9, l'arrivée des Oris et de Mitchell). Ce qui était déjà assez fort, compte tenu du fait que la série devait prendre la suite du film de Roland Emmerich sorti en 1994, qui était déjà un bon film SF en lui-même. La série prenait la relève haut la main, réintroduisant des personnages déjà vu, amenant sa touche de nouveauté et développant un univers riche, complexe, teinté de mythologie égyptienne, nordique et celte. Bref un Univers que n'aurait pas renié Star Trek ou Star Wars.


Nous avons eu droit ensuite à Atlantis qui était agréable à regarder, puis Stargate Universe qui était fortement dispensable.


Aujourd'hui, à l'instar de Star Trek et Star Wars, on cherche à nous faire re-goûter à cette madeleine qui nous avait laissé un gout de reviens-y.... Avec Stargate Origins.... Dont le trailer donnait envie de découvrir ce passage inexploré ou presque du lore de Stargate...


Et ce qu'on veut vous faire passer pour une bonne madeleine n'est rien d'autre qu'un morceau de pain dur, rance, moisi et somme toute immangeable. Simple, clair net, concis : rien ne va dans cette série.


Le fan de l'Univers Stargate ne manquera pas de noter que l'histoire est en complète contradiction avec les bases de Stargate, partant du postulat que Catherine Langford, la mentor de Daniel Jackson, aurait voyagé au travers de la Porte des Etoiles... L'intégralité de cette tentative de rebooster Stargate se plante littéralement dans son propre scénario qui va à l'encontre même du premier film... Le tout agrémenté des méchants les moins prévisibles de l'Univers dans une production se situant dans les années 40 : les NAZIS. Parce que les nazis passent la Porte eux aussi... Et ils trouvent une combinaison qui marche... Sans source d'énergie... Devant Catherine... La même qui souffrira surement d'une bonne amnésie pour faire partie du projet devant ouvrir la Porte en 1994 et devra embaucher Daniel Jackson pour résoudre le problème... Je suppose que Catherine aura lu le scénario de la série et que le traumatisme causé par la vacuité de cette histoire de nazis aura occasionné un trouble à sa mémoire, préférant éluder cet épisode gênant de sa vie. J'irai plus loin, puisqu'en regardant une nouvelle fois SG1, j'ai pu constater que la série est en contradiction avec l'histoire comptée dans l'épisode 10 de la saison 1... Bienvenue mesdames et messieurs, je n'ai pas encore commencé à parler des points techniques et la série se délite déjà sous vos yeux. Peut-être que l'on peut se dire que les incohérences sont des détails de fans tatillons et que le reste rattrape ces erreurs ? Même pas...


Second point : le format. Grosso modo, 10 minutes pour chaque épisode, ce qui pousse à rusher l'histoire, inintéressante au possible. Ce constat m'empêche donc de me prononcer sur le caractère négatif ou positif (oui, quand on souffre, on préfère que ça dure moins longtemps). Néanmoins, tout va trop vite. Et bien sûr ce découpage se ressent sur les dialogues, certainement l'un des points les plus forts des autres oeuvres. Ce qui fait qu'on ne prend même pas le temps de s'attacher aux personnages.


Ce qui me permet d'ailleurs d'en venir au troisième point : les acteurs et leurs personnages (super transition hein !). S'il y'avait un scénariste (ce qui n'est pas le cas à mon avis, ou alors il avait 10 ans et demi) il n'a jamais lu la définition du mot "subtilité" dans un dictionnaire. Les personnages sont d'insupportables clichés. Le professeur est un gentil vieux professeur (alors que ça a l'air d'un pompeux professeur dans SG S1Ep10 soit dit en passant), le nazi est un très vilain nazi pas beau, le side kick arabe est le side kick rigolo, le petit ami est un benêt, et Catherine est le prototype de femme forte version années 2000... Voilà voilà... Et vous croyez que leur jeu pourrait rattraper l'absence d'un scénariste potable sur la série ? Si vous me dites oui et bien sachez que vous avez perdu... Les acteurs jouent mal dans des costumes à la limite du risible. Mention pour la moustache du professeur Langford teinte en blanc pour cacher le fait que l'acteur a 50 piges et ne les fait pas... Ou pour la cicatrice du commandant nazi, parce que tant qu'à faire un méchant nazi, il lui faut une cicatrice hein ! Il ne lui manquait que le monocle en fait, dommage... Et le pire c'est que les acteurs jouent mal ces personnages clichés ! Le plus gênant reste les tentatives ratées de faire passer certaines scènes pour de l'humour. Qu'on soit clair : l'humour était toujours présent dans Stargate (moins dans Universe). Mais il a toujours plus ou moins subtil et ne desservait jamais l'histoire. Ici, on a l'impression de regarder une parodie fan fiction de Stargate. Et le problème, c'est que caser l'Intégrale des blagues de Toto toutes les deux minutes, ça pose un léger problème dans une série de 10min, vous en conviendrez. Cet humour est même présent dans les rares combats, cassant totalement le moindre enjeu. Si tant est qu'on en trouve, parce qu'au bout de cinq épisodes, je cherchais encore chez les personnages des objectifs, un développement ou une simple envie de tenter de m'attacher à eux. Ce qui, ayant fini la série, n'est pas d'arrivé puisque la seule chose qui pouvait se rapprocher d'une envie d'attache c'était une envie de les pendre à chaque fois qu'ils ouvraient la bouche, et moi avec par la même occasion...


Et on sera heureux de constater qu'au bout de 5 épisodes, on a exploré que deux décors et recyclé l'intro du film ! Je sais que c'est une web série mais après les multiples planètes visitées par SG1, l'équipe d'Atlantis et l'équipage de Universe, ça fait pauvre. D'autant que les rares effets spéciaux ne sont pas moches... Ou plutôt ils sont aussi bien faits qu'en 1994... C'est pas si mal... Encore une preuve que le format était inadapté et le projet à moitié foireux dès le départ.


Avant qu'on me dise que c'est une web-série, qu'il faut être indulgent etc, je signalerai que Battlestar Galactica avait utilisé ce format avec Resistance il y'a 12 ans (!) et là c'était bien fait !


Un point positif : la musique. Mais bon c'est assez facile finalement puisque la série reprend les symphonies de l'Univers si emblématiques. Ouais, bon fallait bien que je trouve un point positif. C'est quand même pas ma faute si c'est l'un des seuls trucs qu'ils ont repris d'ailleurs. Ce qui n'est pas si mal, ils auraient pu massacrer la musique aussi.


Bref. De cette tentative de redonner un coup de jeune à Stargate, il n'y a finalement rien à garder, tout à jeter. Cette série ne fera pas partie de l'Univers Stargate à mes yeux. La note donnée peut paraître méchante, et le lecteur suspicieux pourrait dire "tiens un fan déçu qui rage sur de la nouveauté". Mais personnellement, je n'ai rien contre la nouveauté si elle respecte les bases posées. Et cette note me semble légitime tant cette série trahit l'oeuvre originelle et sa postérité. Elle cherche à s'aventurer sur un terrain presque inexploré mais part en freestyle le plus total. Et ce n'est pas parce que c'est estampillé Stargate, que je reste nostalgique de cette saga et qu'elle me manque qu'on peut me vendre n'importe quoi. J'adore les Kinder mais si demain on me vend une crotte de chien dans du papier blanc et rouge, je risque de ne pas aimer quand même.


Finalement, je lui ai trouvé une réelle utilité : elle m"a donné envie de revenir au kitch de SG1 plutot que de m'aventurer dans le vortex de cette nouvelle Porte version 2018. Aucun intérêt pour le néophyte, une trahison pour les fans, et même pas une bonne série pour celui qui en cherche une.


PS : je dédicace ce roman tous les samedis matins au Centre Culturel du Leclerc de Meyzieu. Venez nombreux.

Créée

le 28 févr. 2018

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