Stranger Things
7.6
Stranger Things

Série Netflix (2016)

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J'aime beaucoup les années 80's, que ce soit son cinéma, sa musique, ses avancées, ses esthétismes visuels et sonores... Stranger Things prend donc le pari de rendre hommage aux films et séries des 80's ; je me suis donc lancé cette série sans aucun à priori négatif, surtout après le chouette trailer aux sonorités « Synthwave » et les bons échos entendus et lus de part et d'autre.
Hélas je constate qu'elle échoue dans à peu près tous les domaines.


Visuellement et sur d'autres points, on est bien plus proche d'une série des années 90's façon Twin Peaks (le clin d’œil est d'ailleurs évident, sans arriver à suivre qualitativement), que ce soit au niveau du format (les épisodes se suivent, sont « longs» et tiennent sur une saison) qu'au niveau du lieu où se déroule l'intrigue. Mais lorsqu’on prend une série ou un film des 80's, il y avait tout un jeu de couleurs, souvent vives. C'est tout le contraire ici où tout est très terne, propre, « moderne » ce qui décrédibilise l'effort d'avoir collé des éléments, des tenues et des coupes d'époque. Le rendu est vraiment laid et absolument pas crédible.
Même un téléfilm adapté d'une nouvelle de Stephen King (que Stranger Things pompe et repompe sans une once de talent), est bien plus coloré que cette série. Première déception donc.


Niveau ambiance, je lis partout que c'est une réussite. Je ne sais pas si mélanger des thèmes modernes avec une playlist de Synthwave comme sur l'autoradio USB de ma bagnole (tout fait très « playlist » façon OST jeu de course sur PS2), c'est une réussite. Une ambiance c'est quasi-permanent, ce que n'importe quel film ou série 80's savait faire, souvent en exagérant grassement, tout le temps, à la limite de la caricature. Là, oui, c'est une playlist, sans doute pour vendre ensuite une OST sur un joli bandcamp. Quelle originalité. Pourtant lorsque je vois Kung Fury, tout était bien intégré car le format court s'y prêtait. Dans une série à rallonge qui veut juste te rappeler « eh ta série Netflix se passe dans les 80's, écoute-moi ce son de clavier Casio entre deux ambiances lisses mon pote », c'est assez idiot voire embarrassant.
Donc non, filmer un pauvre parking de supermarché (on en revient au visuel décrit plus haut) avec les claviers de Jean-Michel Jarre ne suffit pas à restituer une ambiance 80's.


Cette vaine tentative d'hommage pourrait sauver la série du naufrage avec un scénario et des personnages intéressants. Il n'en n'est rien. La bande de gamins qui fait référence aux sympathiques Goonies devient très rapidement insupportable. La gamine (« 11 ») qui pompe allégrement le fabuleux Tetsuo dans AKIRA en nul, est inexpressive, niaise et sans grand intérêt. Winona Ryder en fait des caisses non-stop, hystérique tout au long des épisodes avec ses guirlandes ridicules. Le shérif est l'archétype du seconde rôle insignifiant qui devient hélas premier rôle en rajoutant au passage une lourdeur incroyable au récit, comme si ça ne l'était déjà pas assez. Et que dire de la bande d'ados avec la jeune fille maigrichonne ? La ROMANCE épouvantable avec la jeune fille maigrichonne ?
Alors certains me diront « oui mais dans les œuvres 80's c'était comme ça » SAUF que ce n'était pas si premier degré ! Tout sonne tellement « sérieux » dans Stranger Things et je pense que c'est le plus gros problème de cette série... Les 80's c'était de la caricature, et donc du second degré (voulu ou non), de la seconde voire troisième lecture, mais aussi des personnages intéressants, des idées, une esthétique, une ambiance.
Stranger Things échoue d'ailleurs non seulement dans son maigre scénario de téléfilm à rallonge et sans aucun rythme, mais également dans tous ses passages émotionnels, car justement très premier degré, encore.


Le sacrifice de 11, le fils du shériff atteint d'un cancer... Doux Jésus.


Et dans tous les passages horrifiques assez « terrifiants » de nullité, encore et toujours premier degré.


Le monstre générique d'un jeu vidéo lambda, le meurtre de Barbara, le gamin capturé, le vagin alien (non mais sans déconner...), la dimension Alien(S) vide d'intérêt (belle référence qui tombe à plat, en passant).


Tout ceci pourrait passer dans un téléfilm d'1h42 vaguement divertissant, sauf que ça dure 8 épisodes de 50min, un calvaire. Le scénario tape tellement dans le pseudo-nanar-sérieux déjà vu, avec des répliques désuètes, des hommages grossiers, des scènes à rallonge imposées par le format série pour combler le vide, des personnages surjoués ou absents, que je n'en pouvais déjà plus en ramant sang et eau pour parvenir au bout du 8ème pauvre épisode, qui m'a d'ailleurs achevé :


Les gamins même pas choqués qu'une gamine explose le cerveau de plusieurs personnes dans un couloir, je me marre.
Ils sont même heureux en racontant ça de manière enjouée au p'tit survivant puis retournent jouer dans leur cave en se préoccupant à peine de la disparition d'11. Happy end lamentable.


Alors je veux bien croire qu'avec toute cette vague de New Retro Wave/Synthwave, ça plaise à pas mal d'entre vous, mais imaginez une seconde cette série se déroulant de nos jours avec une bande son moderne... Un navet intersidéral pour tous, découpé en 8 gros morceaux. Soyons honnête.

Raoh
3
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le 11 oct. 2016

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Raoh

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