Stranger Things
7.6
Stranger Things

Série Netflix (2016)

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Et pourtant, elle avait tout pour me plaire, cette série, avec sa gueule d'hommage ambulant au cinéma des années 80, de la typo du titre (typique) à l'ambiance groupe de gamins post Goonies/Explorers/Monster Squad. L'illusion fait effet, le temps d'un épisode, avant de se dissiper brutalement à mesure qu'ils avancent.


Car le problème, c'est qu'il n'y a rien d'autre. Et si le cahier des charges est consciencieusement rempli - les tubes eighties, les posters The Thing ou Jaws collés aux murs des chambres, le name dropping rigolo, les mélopées synthétiques à la John Carpenter..., Stranger Things n'existe pas une seule seconde par lui-même une fois débarrassé de ces alibis envahissants. Ou en tout cas ce qui subsiste n'a pas de quoi casser trois pattes à un Stuart Gordon.


N'est vraiment pas Spielberg, Hooper, Carpenter ou Dante qui veut, et la série des Duffer Brothers de n'être finalement qu'un succédané de Super 8, c'est-à-dire une copie de copie, à qui il reste bien peu de substance une fois le crayon passé sur le papier carbone. Un bête film de monstre, plat, sans aucune surprise, convenu et un rien indolent, tant on se dit que tout ça tiendrait bien en deux fois moins de temps, surtout pour une intrigue aussi conventionnelle.


Un peu d'Akira, un soupçon de Silent Hill, un monstre lambda, un scientifique-méchant ultra générique avec tellement peu de dialogues (et de charisme, au passage) qu'on se demande son utilité. Et puis beaucoup de trous, sans doute pour cacher l'incroyable vacuité et platitude de l'histoire, qui, sorti de quelques moments intéressants sur l'adolescence, nous inflige absolument tous les poncifs du genre. Pour en retourner quelques-uns, mais avec bien des difficultés.


Il fallait moins de 3 minutes, soit son générique d'ouverture, pour que Donnie Darko nous fasse croire à ses années 80. En 8 épisodes, soit un peu moins de 8 heures, Stranger Things ne m'aura jamais vraiment fait adhérer à sa version de cette décennie, ni même à son histoire, ou à ses personnages. Pire, aucun second degré salvateur : la série se prend affreusement au sérieux, ce qui est à mes yeux le pire des crimes quand on invoque les eighties : où est l'esprit campy typique de cette époque ? Ou sont les punchlines débiles, les ados lubriques, les méchants toujours prompts à lâcher une bonne vanne plus mortelle que leur couteau ? Où est le gore salvateur, où sont les monstres gélatineux ? Nulle part, évidemment, si l'on exclut bien sûr la bestiole en image de synthèse, probablement un template "monstre de démo" provenant du logiciel de CGI utilisé sur la série, tant il n'a rien d'original (à commencer par ses bruitages, mélange de hissements et de sons gutturaux eux aussi entendus 10.000 fois) .


A sauver une photo travaillée et une mise en scène classieuse, des gamins avec de bonnes trognes qui font relativement bien le job (félicitation au responsable du casting), et une ambiance qui fait parfois mouche. Pour le reste, je range Stranger Things au rayon des séries Netflix mouibofmouais.

Prodigy
5
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le 18 juil. 2016

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Prodigy

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