Exercice de style

Selon mon point de vue, Stranger Things vaut surtout pour son côté "exercice de style".
En gros, cette série est un bon pastiche. Elle joue habilement avec les clichés du fantastique et du film d'horreur, gardant une marge d'accessibilité qui a permis à la série Netflix de décrocher sa popularité. Elle nous replonge dans les années 80, avec un soin tout particulier apporté aux décors et à l'ambiance. Mais en dépit de cette "émulation", et même peut-être en partie à cause d'elle, j'ai eu du mal à accrocher.

Quasiment aucun rebondissement ne m'a surpris. Le pire fut la mort du gentil nouveau copain de Joyce (dont j'ai oublié le nom), beaucoup trop téléphonée et vraiment facile. C'est ça qui m'a gêné dans Stranger things : les scénaristes ne prennent aucun risque. Alors d'accord, tout le monde n'est pas obligé de la jouer Game of Thrones et de tuer un personnage principal par épisode, mais là c'est du fixe, de l'immuable, aucun personnage n'est vraiment en danger. La mort du flic, on n'y croyait pas. Will, on savait qu'il allait finir par s'en sortir et rigoler avec toute sa famille. Bref, rien ne m'a paru très ambitieux.

Maintenant, on peut aussi considérer qu'il n'est pas nécessaire de jouer avec le casting pour pondre une bonne série. C'est vrai. Il est possible de garder tout le monde, de les faire évoluer, d'installer une intrigue solide et intéressante. Mais sur ce plan-là, je n'ai pas été subjugué non plus.
Le rythme est loin d'être soutenu. L'histoire me semble trop classique. Les personnages, pour la plupart, sont caricaturaux et trop lisses. Je considère qu'en 2016-2017-2018, il y a un énorme passif cinématographique et télévisuel qui suppose de nouvelles approches dans la construction d'une histoire.

Bref, si je reconnais les qualités esthétiques de la série et si j'en ai apprécié certaines scènes, je reste étonné par son succès critique. Derrière une réalisation léchée, il ne semble y avoir qu'une intrigue convenue et poussive.