J'aime les mots et moins depuis quelques temps le mot "critique" CRI / TIQUE/ TIQUER.
C'est probablement une déformation professionnelle.
Restauratrice, il est possible que la facilité de donner son avis trip advisorien, de déverser sa haine twittorienne ( pour sortir de la sphère professionnelle et parler simplement d'une époque ) à tire-larigot aient eu gains d'une certaine forme de lassitude me concernant.
Il y a trop de tout, ou du moins il y a beaucoup de choses, beaucoup d'informations constantes à traiter.
Je vais tenter alors d'exprimer un ressenti, une expérience personnelle concernant cette série.
Une bonne série, un bon film, un bon tableau, un bon livre, une bonne musique, un bon plat ( et la liste est encore longue ) est quelque chose dont je me souviens hors de son moment de visionnage ou d'écoute.
Comme un/une amoureuse qui viendrait régulièrement caresser le fil de ma pensée.
C'est à cette qualité la, principale, que je sais, ce que j'aime.
Critère personnel de sélection naturelle.
Il y a des films que j'ai cru aimer, mais même pas 24h au frigo à faire reposer leurs pâtes et il n'en restait rien ou quelques grumeaux à peine à narrer.
Je me demande par contre si aimer, c'est forcément savoir raconter. Parfois on est obnubilés par un/ ou plusieurs persos qui font échos à un souvenir, à un passé.
Que je ressens pour de nombreux films à qui j'ai distribué avec allégresse des neufs, des dix simplement par nostalgie d'un temps aimé ( celui de grandir ).
C'était chouette lorsque tout ce qui comptait c'était cette idée de grandir. Soupir soupir.
Revenons à nos moutons mafieux.
Je viens de terminer les trois saisons, et je fais actuellement le deuil de mes personnages préférés, qui comme à la fin d'un bon livre que je referme, disparaissent ou voyagent désormais dans des pensées voisines de voisins humains.
Série aux allures shakesperiennes des temps modernes, elle traite d'une prise de pouvoir de Rome au travers du Vatican via les gangs, la mafia, les siciliens, les politiciens et un certain électron libre : Le samouraï.
Il semblerait que ce soit inspiré d'un fait réel.
Il est très interessant de découvrir de nombreux personnages d'âge, de culture, d' héritage, de milieu différents.
De voir aussi le choc générationnel des titans .
L'importance de la relève.
Et de combien elle diffère des méthodes des Anciens.
De ce que l'on est censé respecter sans poser de question, parce que c'est comme ça, parce que cela a toujours été ainsi.
Au milieu de ces traditions remuées et baldinguées dans tous les sens, des êtres humains en tout genre qui se perdent tous à leur mesure dans la quête insensée du pouvoir : comment l'atteindre, à quel prix, comprendre la violence qu'elle engendre physiquement et mentalement et surtout pourquoi le pouvoir?
Et cette tragédie de savoir à l'avance, avant ses personnages, que "sur le trône de Rome, il n'y a de places que pour un seul Roi".
Alors on regarde, on s'attache, on souffre avec eux en sachant que ça ne peut qu'aller de plus en en plus mal en avançant,
ces fameuses portes du pouvoir en même temps,
et on espère juste patiemment en croisant les doigts que les histoires de pouvoir ne finissent pas trop mal en général.
J'ai adoré certains personnages et certains acteurs qui traitaient avec grâce certaines de leurs émotions ( en tout cas elles ont circulé jusqu'à moi ! ), notamment Alessandro Borghi et Giacomo Ferrera.
Et beaucoup d'autres encore, qui furent frappés de justesse à de nombreux instants.
Je remercie les coupes de cheveux, tenues, appartements des gitans qui m'ont donné de nombreux sourires, surprises et étonnements.
J'ai trouvé cela intéressant de traiter de la violence ainsi, avec parcimonie.
Il y'en a, et des fractures PAPAdipiennes à vous donner le vertige et le tournis en même temps.
La destruction du mot et du sens de ce que représente la famille n'a pas besoin d'être couchée dans un lit d'hémoglobines.
On n'est pas bêtes, on comprend.
On naît pas bêtes, parfois c'est tout ce qu'ils comprennent malheureusement.
Cette violence presque ou totalement animale.
L'instinct de survie : l'unique chemin du pouvoir ?
FORCE Des mots des maux, des dialogues, des musiques et chansons.
Quelques incohérences scénaristiques par instant, je vous le concède :
comme des grands rendez vous mafieux en plein centre ville avec des politiciens sans aucune discrétion,
et la police qui disparaît peu à peu, au fil que les saisons avancent, ce qui malheureusement donnent le sentiment non plus de Rome mais d'un terrain vague, ou le jeu est à celui qui tuera le premier. Intentionnel peut etre, no lo sé. Non.
J'apprends l'italien, et j'aime l'italien, je trouve ça beau, donc cela a possiblement joué fortement dans mes affinités à ces banlieues romaines et à leurs habitants. Et je suis bien triste de devoir les quitter.
Big up et pensées douces à Lele, Spadino et Aureliano Forever.
Il paraîtrait que Gomorra est mieux, plus dur, plus vrai que nature et tchipipi et tchipipoo.
Je m'y testerais mais sans comparer.
Allez, la bataille que j'accepte entre Suburra et Gomorra sera sans doute celle des coupes de cheveux des personnages. J'ai hâte.
Et surtout n'oubliez pas que " même les taureaux perdent des corridas."
Ciao Ragazze, Ciao Ragazzi