Sweet Home
6.4
Sweet Home

Drama Netflix (2020)

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Une critique à chaud pour une série que je n'ai pas réussi à terminer. C'est extrêmement rare que je ne puisse arriver au bout d'une série. Même lorsque c'est très médiocre, je fais l'effort d'atteindre la fin de la saison pour abandonner ensuite. Ici, j'ai tenu jusqu'à l'épisode 4 et puis j'ai lâché prise.


Que dire ? Une énorme déception, le pilote m'avais pourtant bien convaincu... enfin, jusqu'au final quand le premier monstre fait son apparition. En effet, les images de synthèse et divers effets spéciaux sont très laids. Horriblement artificiels. J'ignore s'il s'agit d'un cruel manque de budget ou bien d'un choix de direction artistique, mais cette esthétique me rebute au plus haut point. En réalité, on a l'impression de voir des monstres de cartoon insérés en post-production sur des plans où sont filmées de vraies personnes. Cela crée un énorme décalage entre les protagonistes de chair et leurs antagonistes numériques qui bougent avec un manque flagrant de fluidité, tels de vieux robots, ou au contraire, qui s'animent dans des mouvements défiant toute loi de la physique ; ce qui annihile toute forme de tension ou de peur pour le spectateur puisqu'ils ne semblent pas réels. En comparaison, les animatroniques de « Gremlins » sont bien plus persuasifs dans leur style, et même 40 ans plus tard. L'ambiance est donc terriblement gênante, on ne sait pas si l'on doit rire ou frissonner. Et en définitive, on ne fait ni l'un ni l'autre.


On retrouve également pas mal d'incohérences ou d'erreurs stupides. Par exemple, à un moment, un monstre qui est un vrai colosse capable d'exploser un mur d'un seul coup se déchaîne sur une pauvre femme pendant deux minutes à la tabasser encore et encore, et alors que cette dernière devrait ressembler à une crêpe sauce bolognaise on peut voir que son corps s'en sort avec un petit bleu au visage et quelques gouttes de sang. Ridicule. En outre, durant le final du pilote, les habitants de l'immeuble veulent en sortir mais se rendent compte que toutes les sorties sont bouclées. Sans parler du fait que c'est exactement le synopsis de « [•REC] », c'est ici terriblement mal exploité.


Là où dans le found footage espagnol, le fait que les autorités publiques aient condamné l'immeuble apporte un réel effet de tension et d'angoisse, cela ressemble à un gadget artificiel dans la série sud-coréenne. On sait que ce n'est pas l'État qui a bouclé l'immeuble, mais on ne sait pas qui l'a fait. Un habitant de l'immeuble ? Oui mais pourquoi ? Peut-être est-ce expliqué en fin de saison mais tout le premier tiers nous laisse sans réponse à cela. Et de toute façon, ce n'est même plus quelque chose d'important puisque nos protagonistes ont réussi à sortir en fin d'épisode pilote pour s'empresser d'y rentrer immédiatement à la vue des monstres qui pullulaient dehors. Dans ce cas, pourquoi avoir fait ce choix ? À quoi cela sert-il ? Un choix stupide et inexplicable.


La bande originale est catastrophiquement à côté de la plaque. Constamment. On est aux antipodes de ce que l'on devrait entendre dans une œuvre horrifique. On est très loin d'une ambiance savamment distillée, mais on est aussi très loin des effets banals et éculés qui caractérisent les fictions d'horreur pauvres et misérables : au lieu d'avoir des jump scares et des violons stridents ou bien de la grosse musique assourdissante pour faire monter la tension sans trop d'effort, ici on a une compilation de vieilles musique épiques d'heroic fantasy et le putain de morceau « Warriors » d'Imagine Dragons en boucle. On a l'impression d'être dans un mauvais jeu vidéo des années 2000. Ou bien dans le pire peplum sorti en téléfilm ou en DTV avec un budget au rabais et des choix artistiques très douteux. Ou encore dans une soirée électro-geek bizarre remplis de mecs sous poppers qui portent des chemises dragons et se battent avec des fourchettes en plastique tout en se croyant en duel dans Mortal Kombat. Je ne comprends pas bien l'effet recherché. Cela achève une ambiance déjà agonisante. À aucun moment on ne peut ressentir une quelconque tension dans ce bordel.


Cette série n'effraie pas, elle ne dégoûte pas, elle ne choque pas, elle ne convainc pas. Malgré tous les efforts faits pour faire flipper et déranger le spectateur, malgré les hectolitres d'hémoglobine, malgré les monstres et les hurlements, jamais on ne ressent de l'effroi ni même ne serait-ce qu'un peu d'anxiété. À aucun moment ne survient un petit détournement de tête fugace par réflexe, ni même un petit plissement des paupières dans un rictus d'horreur. À titre personnel, en dehors du premier épisode, toutes les tentatives d'effet d'horreur, de tension et de violence m'ont laissé complètement indifférent. Je n'ai rien ressenti et je suis même sorti tout entier de l'intrigue puisque j'ai abandonné au milieu du quatrième épisode en ayant déjà tout oublié des épisodes 2 et 3, et même du début de l'épisode en cours de visionnage... c'est dire !


C'est vraiment dommage parce-que la série de Lee Eung-Bok propose quand même une réalisation maîtrisée avec un découpage et des choix de plan très audacieux parfois, un univers original avec un bestiaire fantasmagorique comme celui des jeux « Resident Evil », des comédiens plutôt justes et une photographie pas dégueulasse dans son genre. Néanmoins, les gros défauts bien ostentatoires anéantissent toute l'expérience de ce « Sweet Home », comme cette horrible bande originale totalement hors de propos, comme la laideur des images de synthèse et la raideur de certaines animations et comme cette absence totale de tension et d'horreur. Tout est trop cartoonesque pour être pris au sérieux. On ne ressent pas la peur ni l'angoisse dans une série horrifique et c'est un problème. Et les quelques aberrations et autres bêtises scénaristiques portent le coup fatal à un tout plutôt bancal : parfois bon, parfois maladroit.


Un potentiel indéniable. Une créativité certaine, quoique pas toujours. Une réalisation propre et maîtrisée. Mais un budget bien insuffisant pour les ambitions graphiques de la série. Beaucoup de maladresse dans le choix des musiques et dans le traitement de l'ambiance. Des scènes entières qui vous agressent visuellement et auditivement. Des questions sans réponses et des choix absolument inutiles. Des détails sans queue ni tête qui parasitent le tout. Une diminution significative de l'empathie, de l'intérêt et de la réaction émotionnelle chez le spectateur dès l'épisode 2. Difficulté à apporter du crédit à ce que l'on voit. Confusion. Pertes de mémoires... Mais... Où suis-je ? Qu'est-ce que je viens de regarder-là ? Bon... j'arrête ici.

SNBlaster
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le 27 déc. 2020

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