Sword Art Online
6.2
Sword Art Online

Anime (mangas) Tokyo MX (2012)

L'histoire d'un anime brillant devenu poussières

Je ne suis pas un grand fan d'animes, mais je sais que Sword Art Online a, depuis sa sortie, fait l'objet de trés, trés nombreux débats. Et c'est totalement justifié. SAO, c'est l'histoire d'une des plus grosses déceptions de ma vie de spectateur.


Mais revenons au début : l'anime nous raconte l'histoire de Kirito, jeune homme introverti dans la vie, ayant peu d'amis, mais qui prend son pied à jouer à des jeux vidéos. Justement, pour compenser ce manque d'aventures et de piquant dans la réalité.
Aprés avoir été un des rares à avoir pu mettre la main sur la version beta, il se replonge de nouveau dans le jeu révolutionnaire qu'est Sword Art online, dans sa version officielle, pour le premier jour de son lancement. Révolutionnaire car le jeu utilise une technologie incroyable, le Nerv Gear, permettant au joueur d’être littéralement transposé dans un monde plus vrai que nature, comme si vous y étiez. Bref, le fantasme de n'importe quel gamer. Cependant, alors que la première journée de jeu se termine, le créateur du jeu, Kayaba Akihiko, leur explique qu'ils ne pourront se déconnecter du jeu qu'aprés avoir franchi les 100 paliers de ce dernier. Autre petit détail : la mort dans le jeu entraîne la mort dans le monde réel.


Premier arc :
Le premier arc de l'anime est à la limite de la perfection, ni plus, ni moins. Car si le pitch n'est pas forcément ultra recherché, l'anime a su aborder le contexte d'une façon intelligente et mature : là où 90% des auteurs auraient choisi de nous offrir un énième anime de combats épiques, d'en mettre plein les yeux avec tout un tas de techniques abracadabrantes, et des morales sur l'amitié à chaque épisode, SAO prend un angle original en délaissant presque ces aspects pour s'intéresser à l'aspect humain et sociologique de l'univers qu'on nous présente. Les personnages sont ainsi grandement développés, surtout notre personnage principal, Kirito.
Car oui, si on y réfléchit bien, des combats, bah ... y'en a pas des masses non plus. Et surtout, jamais aucun n'est gratuit, juste pour le fight.
Et c'est justement ce qui fait la force de l'anime : des questions profondes sont constamment posées ici : quel est notre rapport à la réalité et au virtuel ? Ne pas être présent physiquement signifie-t-il que l'on est pas dans la réalité ? Ce qui mène à cette question fondamentale : Qu'est ce que la réalité ? Où s'arrête-t-elle ?

Sans apporter de réponses toute faites, l'anime amène des nuances constamment, multipliant les points de vue différents : il y en a qui veulent rentrer à tout prix, d'autres qui adorent vivre dans ce monde, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, d'autres qu'il n'arrivent même pas à supporter la situation. Il nous dépeint l'image d'une société, bien réelle, se construisant dans un monde fictif faits de pixels. Certains se battent au front, d'autres restent dans les villes, protégés, et adoptent une activité professionnelle. Ce point aussi est trés intéressant : combien de gamers rêveraient pouvoir vivre H24 dans un monde comme l'Aincrad ? Beaucoup, sans doute. Pour autant, si tel était le cas, combien oserait vraiment vivre pleinement l'aventure, si la mort virtuelle entrainait une mort réelle ?
Ce questionnement nous renvoie à notre faculté à profiter de la vie réelle, à prendre des risques pour être heureux.
EN plus de ces réflexions qui nous suivent tout au long de l'anime, les 7/8 premiers épisodes sont chacun des stand-alones, chacun abordant en prime un problème bien particulier de la vie, que ce soit l'amour, la solitude, le désir de vengeance, ou autre. Et le fait toujours trés bien.
Enfin, même si, comme déjà expliqué, SAO est trés intelligent, les combats et le contexte purement RPG n'en reste pas moins kiffant au plus haut point. Les petits détails intelligents se multiplient, et les trouvailles du jeu foisonnent : si le jeu semble clairement abusé techniquement tant tout semble réel, l'auteur du manga sur lequel se base l'anime n'oublie jamais que les jeux ont leurs limites, et qu'on ne peut pas reproduire la réalité à 100%.
L'univers et l'ambiance ne sont pas en reste. C'est vraiment un plaisir énorme de regarder encore et encore le premier arc. On est littéralement transporte dans un monde merveilleux, fascinant. L'Aincrad nous attire irrémédiablement, et c'est principalement du aux jeux de lumières, aux décors colores, plein de vie. Et a une OST sublime pour enrober le tout.
Les personnages sont eux-aussi une belle réussite : Kirito est un des protagonistes les plus classes et badass que j'ai jamais vu. Son évolution de personne solitaire et assez introverti en jeune homme confiant est intéressante à suivre, c'est un jeune homme intelligent, profondément bon, mais qui cache une bestialité presque effrayante lors des combats : cette dualité fait de Kirito un personnage complet et très agréable à voir évoluer.
Asuna est bien écrite, indépendante, cachant un cœur d'or, c'est agréable de voir un personnage féminin fort, même si, et c'est mon seul regret concernant cette dernière,


dés que la romance avec Kirito commence, le personnage a trop souvent tendance à devenir la demoiselle en détresse se cachant derrière son homme.
Cette romance, d'ailleurs, est absolument magique.


Les personnages secondaires sont de qualité, Agil, Klein, Lisbeth,, et surtout un Kayaba Akihiko confondant et complexe. Si le personnage est légèrement diabolisé - à juste titre - au début, la fin apporte son lot de nuances :


Akihiko n'est pas un psychopathe complètement taré, c'est un homme qui a poussé son obsession et son rêve beaucoup trop loin. Loin d'être fondamentalement mauvais, le personnage est énigmatique et intéressant. La dernière scène se déroulant dans l'Aincrad est exceptionnelle concernant le créateur du jeu, car elle le présente presque comme une divinité déchue : un être suprême, maître de ce monde, qui n'est ni bon ni mauvais. Il n'a fait qu'en édicter les règles, et l'a laissé évoluer sans trop intervenir par la suite à grande échelle. C'est une vision intéressante du divin. D'autant que le seul à avoir osé le défier, Kirito, est celui qui a su voir plus loin. Celui qui a su voir l'homme en la divinité, et qui a été récompensé pour cela.
En effet, Akihiko n'a jamais commis le moindre acte néfaste envers les joueurs : ils les a catapulté dans un autre mondet, rien de plus. Certes, les boss sont risqués, et c'est tout. Ils leur a livré un nouveau monde, sans intervenir à grande échelle - il est présent en tant que joueur seulement - . Et ce sont les joueurs, les humains, qui en ont fait ce qu'ils voulaient : les vols, les rackets, les meurtres, tout cela est présent dans l'Aincrad, aprés quelques mois d'existence. Encore une fois, SAO vient nous dire quelque chose sur la nature de l'humanité, et sur la divinité : peut-on vraiment blâmer Akihiko, alors que n'importe quel joueur peut cacher un player killer ? Que même certains se réunissent en organisation d'assassins ? Au fond, celui-ci est loin d'être le personnage le plus mauvais de l'Aincrad et de SAO.
N'importe quelle autre oeuvre aurait pu choisir de diaboliser jusqu'au bout son antagoniste. Kirito aurait pu par exemple crier sur Akihiko, lui reprochant les 4000 morts, lui reprochant le fait qu'il ait privé les joueurs de deux ans et demi de leur vie réelle - et la encore, on peut se demander si c'est vraiment le cas. Après tout, ils ont bel et bien vécu ces deux ans et demi. Juste dans un autre monde -. Mais il n'en est rien. Les deux hommes échangent, calmement, respectueusement. En ressort de la scène une élégance et une sobriété rare.


Décidément, SAO est une mine de réflexion sur lequel il serait possible de disserter 4 heures facile.
Pour terminer, l'animation est superbe, les décors sont merveilleux, variés, fluides, le chara design est beau, les effets de lumière réussis, et la B.O. à couper le souffle.


Bref, ce premier arc est une merveille, un chef d’œuvre quasi parfait. Seul bémol, les quelques épisodes où


Asuna et Kirito fuient le front pour s'installer à la campagne, loin de tout. Malgré le manque d'intérêt, d'un point de vue divertissement, de cette partie, elle vient tout de même en rajouter une couche et nous apporte un peu plus de réflexion : Asuna, qui, depuis le début, rabâche son envie de rentrer à tout prix, décide de s'éloigner des combats et de vivre avec Kirito, une vie ordinaire. De cette façon, elle personnifie une idée importante : peu importe où elle se trouve, que ce soit le vrai monde, ou SAO. De son point de vue, son monde réel est celui où se trouve Kirito, et où elle peut être avec lui. A travers Asuna et sa relation avec Kirito, SAO vient nous dire que la réalité peut être n'importe quoi, à condition qu'on s'y sente bien et heureux. Encore une fois, l'anime nous apporte donc une idée intéressante et développe son propos. Mais le fait, comme souvent, par des non-dits, par le contexte, par l'ambiance, beaucoup plus que par des dialogues.


Malgré tout, ce passage est dispensable.
Enfin, ce premier arc aura la fâcheuse tendance de flinguer, pour les gamers, le concept de MMO. Aucun de ceux n'existant actuellement ne parvenant a rendre l'ambiance que l'on ressent en découvrant l'Aincrad. Je ne parle pas d'interactivité ou de VR, mais bien juste de l'ambiance. Un point qui n'a pas l'air d'être fondamental pour les devs de MMOs, et de ce que j'ai pu en voir, pour les joueurs aussi malheureusement.


Second Arc :
Je ne m'étendrai pas beaucoup là-dessus : une relation entre Kirito et sa soeur tout juste passable, un univers qui ne pose plus de questions intéressants mais se contente de montrer Kirito évoluant dans un RPG différent, et au contexte moins classe : un monde de fées, je trouve ça pas super cool, perso. Et c'est tout. C'est vide. C'est raté. Le seul but est de


sauver Asuna qui enfile officiellement son statut de demoiselle en détresse.


Deux trois bonnes idées malgré tout, notamment sur le méchant, mais clairement pas assez pour sauver ce second arc. J'ai fait un pavé pour la première partie, et quelques lignes pour la seconde, pas parce que c'est nul. Quand quelque chose est vraiment nul, il y a parfois une intention derrière. Il y a des choses à dire. Mais là, c'est nul sans être trop nul, mais il n'y a rien dire, parce que c'est simplement le néant. Et c'est pire que la nullité absolue pour moi.


Bref, si vous avez eu le courage de lire cette critique, déjà, bravo. Mais surtout, vous aurez compris mon énorme ressentiment pour Sword Art Online. En lisant ma critique du premier arc, je pense que l'on peut sentir toute l'admiration que je voue à cette histoire merveilleuse. Une oeuvre quasi philosophique tout en restant terriblement fun à regarder, un regard intelligent à des niveaux multiples, la première partie est une méga bombe.
Et puis, un gâchis monumental. On a du mal a croire que c'est le même mec qui a écrit les deux arcs. De monument de l'animation, SAO passe à un résultat insipide, creux, sans aucun propos ou presque. Pire, il rajoute du fan-service indigeste, là où le premier arc en faisait - trés légèrement - tout en restant correct et bien placé.


Premier arc : 12/10
Second arc : 3/10
Je ne mentais vraiment pas. SAO, c'est bien l'histoire d'une énorme déception. Mais je remercie malgré tout l'auteur et les créateurs de l'anime. Parce que, pendant une dizaine d'épisodes, ils m'ont émerveillé.
J'ai lu plusieurs fois que le createur de l'oeuvre n'a jamais eu vocation a faire quelque chose d'intelligent. Pour moi, plusieurs hypotheses sont possibles : il a menti pour eviter de vendre son bebe comme quelque chose de reflechit, auquel la reception qu'on peut s'en faire pourrait etre differente. Ou alors, il n'est pas vraiment bon dans la facon de raconter des histoires, et il a fait quelque chose d'intelligent sans meme le vouloir. Ce qui expliquerait pourquoi certains arcs entre les saisons 1 et 2 sont aussi mauvais.
Peu importe, au final, l'arc SAO, lui est éblouissant. Et je le regarde 2 a 3 fois par an. Et a chaque fois rien a faire, la magie opère. Je suis transporte dans un monde gigantesque, beau, vivant, et terrifiant aussi. Et au fond, c'est ça qui compte le plus.

Kousei
6
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Créée

le 2 mars 2016

Critique lue 962 fois

Kousei

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