Au commencement était le Comedy Store, le foyer de la comédie alternative. Peter Richardson un des résidents décide de fonder son propre cabaret The Comic Strip au sous-sol d’un club de strip-tease le Raymond Revue Bar en 1980. Y émigrent deux duos The Outer Limits (Peter Richardson et Nigel Planer) et 20th Century Coyote (Adrian Edmondson et Rik Mayall) auxquels s’ajoute French et Saunders (Dawn French et Jennifer Saunders) recruté par petites annonces. L’adresse se fait rapidement un nom et après une tournée aux Etats-Unis Richardson entre en contact avec la futur Channel 4. La chaîne désire marquer le coup pour sa 1ère soirée avec un programme au ton et au format novateur. The Comic Strip Presents est diffusé pour la 1ère fois le 2 novembre 1982 au format inédit du moyen-métrage de 30 à 55 minutes. Si le grand public se souvient surtout de la série rivale, The Young Ones, lancée par Rik Mayall, Adrian Edmondson et Nigel Planer une semaine plus tard et au succès phénoménale le Comic Strip possède ses épisodes cultes. D’un cabaret où les numéros s’enchaînent, Peter Richardson prend la tête d’une troupe où tous collaborent, il est lui-même auteur de la moitié des épisodes avec Pete Richens.


The Comic Strip Presents c’est 34 ans et 42 épisodes d’innovation, de tâtonnements, de bizarreries et de grandes réussites. Difficile de le définir précisément. Ils aiment parodier ou déformer les objets culturels consensuels pour leur insuffler leur irrévérence. Aucun ne se ressemble malgré ce parfum de subversion permanent certains pencheront vers l’histoire pour enfants détournée d’autres vers le récit de science-fiction. On ressent évidemment la patte de chaque comédien sans pour autant tomber dans la facilité, parfois trop expérimentaux les épisodes ont en commun d’être très bien écrits. Rendons justice à Peter Richardson qui abat ici un travail considérable en tant qu’acteur, auteur et réalisateur toujours parfait et précis. Nos trois duos sont régulièrement rejoints par Robbie Coltrane, Daniel Peacock et Keith Allen. Après avoir évoqué les deux numéros réalisés par Stephen Frears Consuela et Mr Jolly Lives Next Door et les fabuleux faux-documentaires sur le groupe de heavy metal foireux Bad News, je vous propose ci-dessous une petite sélection.


The Strike/ GLC – The carnage continues (Ecrits par Richardson et Richens et réalisés par Richardson) : Vous vous souvenez les années 80 et ses films d’action ? Imaginez un fait historique traité comme un téléfilm débile. The Strike est sublime de bout en bout. On y suit le making-of et le résultat. Avec Al Pacino (Peter Richardson) dans la peau d’Arthur Scargill le leader des mineurs et Meryl Streep (Jennifer Saunders) sa femme trop occupée à peler des oranges. Avec tous les clichés de l’action incohérente au service du héros surpuissant. Avec cette scène mémorable où Scargill doit s’enfuir à moto pour empêcher l’explosion du parlement, un mineur glisse à un autre : « There goes the fastest trade union you will ever see ». Brillant ! Dans GLC Charles Bronson (Robbie Coltrane) incarne Ken Livingston en route pour la mairie de Londres il doit affronter les Conservateurs et leur leader, une Thatcher (Jennifer Saunders) bionique.


Four men in a car/ Four men in a plane (Ecrits par Peter Richardson et Pete Richens et réalisés par Peter Richardson) : On commence par le grand classique, la comédie violente. 4 commerciaux prétentieux (Richardson, Mayall, Edmondson, Planer et Edmondson) risquent la mort pour rejoindre la grande convention de leur entreprise. Quatre beaufs arrogants qui s’en prennent plein la tête, le rêve.


A Fistful of Travellers’ Cheques : (Ecrit par Richardson, Richens et Mayall, réalisé par Bob Spiers) : Deux vacanciers (Richardson et Mayall) se rêvent en cowboy dans une parodie de western. Nos aventuriers sensibles font la rencontre de deux australiennes (French et Saunders) en plein tour du monde, un hippie profiteur (Planer) et un torero retardé (Edmondson).


Five Go Mad in Dorset / Five Go Mad on Mescalin / Five Go to Rehab : (Ecrits par Richardson et Richens, réalisés par Bob Spiers et Richardson pour le dernier) Ahhh le Club des cinq, ces quatre aryens et leur petit chien qui combattent le crime et l’immoralité courageusement. Misogyne et réac avec la délicieuse moue de Richardson.


Eddie Monsoon – A life : (Ecrit par Edmondson, réalisé par Sandy Johnson) Quelle cruauté dans ce portrait du présentateur déchu Eddie Monsoon (Edmondson). Grossier et alcoolique Monsoon ne vit que pour la télévision, il n’a aucun talent et se sert de son agressivité hors et à l’écran. Inspiré d’une histoire vraie on flirte souvent avec le pathétique comme lors de ce micro-trottoir qui se termine avec un animateur en larme hurlant « Why don’t you love me » !


The Hunt For Tony Blair (Ecrit par Richardson et Richens, réalisé par Richardson) : Blair (Stephen Mangan) est recherché pour meurtre, il doit payer pour la guerre l’Irak. Il fuit et erre dans Londres à la recherche de ses soutiens politiques. Mais Blair est un homme rusé et quelque chose me dit que le réalisme politique n’est jamais très loin. Pastiche très réussi du film noir, l’épisode à l’esthétique la plus soignée.


Dirty Movie (Ecrit par Mayall et Edmondson, réalisé par Sandy Johnson) : Le gérant d’un cinéma reçoit un film érotique qu’il prévoit de regarder en séance privée. Malheureusement ce con de facteur (Edmondson) a décidé de venir voir le film annoncé en prétexte pour ne pas éveiller les soupçons de sa femme (Saunders). Le commissaire (Robbie Coltrane) a vent de la manoeuvre et charge deux flics (Richardson et Planer) de veiller sur la morale de cette paisible ville. Se moque de la gentille sitcom avec des personnages fous et idiots.


Detectives on The Edge of a Nervous Breakdown : (Ecrit et réalisé par Keith Allen et Richardson) Un flic ça gueule, ça tape du poing sur la table et ça dérape en bagnole. Enfin la parodie de la série policière nerveuse typique des années 70. Aidés de Jason Bentley (Richardson) et Shouting George (Jim Broadbent) Bonehead et Foyle (Keith Allen et Richardson) s’engagent dans une course contre la montre et le crime. Tous les tics du genre y passent. Nos deux détectives finissent torse-poils et petit slip. Par ce que.


Gregory : Diary of a Nutcase (Ecrit par Richardson et Richens, réalisé par Richardson) : Quand l’ancêtre du Vlog servait à filmer les préparatifs d’un psychopathe enthousiaste. Entrecoupé d’une relecture du Silence des Agneaux, nous suivons Gregory (Edmondson) un attardé en quête de sa 1ère victime entre deux passages à l’asile.


Retrouvez sur mon blog une rétrospective et un hommage et portrait de Rik Mayall, un artiste généreux et génie comique : https://dismoimedia.com/2016/06/19/rik-mayall-hommage-a-lartiste-genereux-et-genie-comique/

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le 11 sept. 2016

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