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Pour être honnête, je ne comptais pas regarder cette série, pour une raison toute simple : la bande-annonce m’avait semblé… Un peu nulle en fait. Cependant, et vous l’avez peut-être remarqué si vous vous vous y êtes un tant soit peu intéressé, « The Haunting of Hill House » (que je vais appeler « Hill House » pour le reste de la chronique parce que sinon c’est un peu long pardon de vous avoir coupé dans votre lecture) a reçu des critiques extrêmement positives, alors au vu de ces bons avis je me suis lancée et… Bah j’ai beaucoup aimé, ça a été une très bonne surprise ! (Non je ne laisse jamais le suspens durer très longtemps dans mes critiques.) Je n’ai pas adoré, mais c’est – selon moi, comme toujours – une bonne, voire une très bonne série.


Côté technique…


… Je n’ai rien à redire. Les acteurs sont impressionnants, les images sublimes, et certains choix de réalisations sont extrêmement bons, comme le looong plan-séquence du début de l’épisode 6, parfaitement réalisé, et qui donne vraiment l’impression de vivre la scène parmi les personnages.
L’intrigue alterne entre le passé et le présent (1992 et 2018 donc) et les changements entre les deux époques est toujours très bien faits, de manière fluide, sans jamais perdre le spectateur.


« OK, tout ça c’est bien beau, mais est-ce que ça fait peur ? »
Eh bien oui, cher lecteur curieux, et merci de poser la question, puisque ça me permet d’aborder un autre très bon point à souligner : il y a très peu de jump scares (ou autres screamers) et ils ne sont de toute façon pas là gratuitement ou parce que la série n’a pas moyen de faire peur autrement. (Je m’en souviens d’un en particulier et OUI, il a réussi là où tous les autres ont échoué, OUI, celui-là m’a fait flipper ; il faut dire qu’il était extrêmement bien placé.)
Ici, ça se joue bien plus sur l’ambiance, sur quelques détails qui changent d’un plan à l’autre, comme une statue qui bouge légèrement, ou, je sais pas moi, des FUCKING FANTÔMES FLIPPANTS en arrière-plan ! (Si vous comptez regarder la série, ne focalisez pas toujours votre regard sur les éléments centraux, vous risqueriez de rater quelques invités surprises…)
Bref, « Hill House » est (contrairement à moi) majoritairement très subtile dans sa manière d’instaurer la peur, et ça ça fait du bien. (Je sais, ça devrait être LA BASE de toute production horrifique, mais avec les bousins qui sortent chaque année, ce qui est censé être basique devient une qualité.)


Une excellente étude de personnages.


Pour autant, le point fort de « Hill House » ne réside pas dans une quelconque particularité à faire peur mais dans son excellente écriture des personnages.


Ici, on va suivre les (més)aventures des enfants Crain, maintenant devenus adultes, et voir comment le court moment qu’ils ont passé dans la maison a influencé leurs destins… Et il faut avouer qu’ils sont loin d’être les personnages les plus sympathiques que vous verrez dans votre vie. Ils ont de nombreux défauts, des caractères bien trempés, mais leur psychologie, leurs enjeux et leurs problèmes sont creusés en profondeur, et c’est ça qui fait qu’on s’y attache inévitablement (enfin vous je sais pas, mais moi oui).
Sans compter le fait que les rapports entre les personnages (dans la colère comme dans l’amour) sont extrêmement justes, que ce soit dans l’écriture ou dans le jeu ; tout sonne « vrai ».
On s’investit émotionnellement dans leur histoire, on a peur de ce qui peut leur arriver, et quand ça leur arrive on se sent personnellement touché… Ce ne sont pas des personnages typiques de films d’horreur qui sont stupides et n’ont pour seul but que de mourir, souvent de manière grotesque, spectaculaire et gore.


Bon, COMME D’HABITUDE, j’ai préféré les moments où les personnages étaient enfants, mais c’est très intéressant de voir comment « la fameuse nuit » a pu avoir un impact aussi fort sur leurs vies d’adultes


(avec par exemple Steve qui a transformé ce moment douloureux en profit, et est devenu un auteur d’épouvante à succès, et Luke qui au contraire est devenu accro à la drogue, obligé de voler à sa famille pour s’en procurer…)


.


Bref, les personnages sont pour moi le point que la série a le mieux géré, même si le reste est également très bon.
(Et puis bon, j’ai eu un énorme coup de cœur pour Théo. Ça aide aussi.)


Mais tout de même quelques bémols…


Déjà, j’ai mis pas mal de temps avant de totalement rentrer dans la série à cause d’un point (qui est totalement subjectif) (comme tout cet article en fait mais passons) : les premiers épisodes se concentrent sur chacun des enfants Crain, ce qu’ils ont vécu dans la maison, et ce qu’ils sont devenus. On les voit donc évoluer chacun de leur côté… Séparément. Et moi, bah j’aime pas quand les personnages sont séparés. J’aime les voir tous ensemble, interagir entre eux, surtout quand la familles et les liens fraternels sont les thèmes principaux de la série. Ils ne se réunissent vraiment qu’à l’épisode 6, et LÀ j’ai bien kiffé ! (Surtout qu’ils ont pas mal de choses à se balancer à la tronche les uns aux autres et que c’est extrêmement bien joué)
Bref, ce n’est pas vraiment un reproche fait à la série, c’est vraiment quelque chose de personnel, et il y a un tas de gens à qui ça ne posera aucun problème.


EN REVANCHE, le point suivant est bel et bien un reproche fait à la série :
je trouve que la fin est plutôt décevante. Non, en fait elle est décevante tout court.
Pendant toute la saison, on nous fait monter la pression à propos de deux grandes questions : « qu’est-ce qu’il y a derrière la porte rouge ? » et « que s’est-il passé la fameuse nuit où les Crain se sont enfuis de la maison ? ».
Ces questions nous taraudent un peu plus à chaque épisode, et lors de la révélation, lorsque le suspens est à son comble… Le soufflet retombe.
Pour la porte rouge… J’ai juste trouvé ça décevant. Ça ne fait pas peur, ça nous est balancé à la figure sans raison, sans apporter grand-chose à l’intrigue au final.
Pour ce qu’il s’est passé lors de la dernière nuit des Crain à Hill House, ce n’est franchement pas très original. C’était à peu près ce que j’avais imaginé dès le premier épisode, et j’aurais aimé être un peu plus surprise. Je trouve aussi que c’est quelque chose qui arrive d’un coup sans avoir été bien préparé précédemment… Bref, c’est une fin qui n’est, je trouve, pas à la hauteur ce qui nous a été montré dans le reste de la saison, le tout dans un dernier épisode bien moins subtil que les précédents.


Bon, je conclus sur un point négatif, mais ne vous y attardez pas : « The Haunting of Hill House » est une très très bonne série que je vous conseille fortement – si l’horreur ne vous rebute pas évidemment : elle est d’excellente qualité et mérite toutes les bonnes critiques qui lui pleuvent dessus ! GG Mike Flanagan ! (Le créateur de la série, puisque je ne précise jamais les détails techniques.)

MoonlightReads
8
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le 27 nov. 2018

Critique lue 231 fois

MoonlightReads

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