The Killing est une bonne série, elle a même tout pour plaire. Mais rien pour surprendre : beaucoup trop dans les codes des séries télé américaines, elle s'enferme dans une enquête sans relief là où Twin Peaks se proposait d'explorer les tréfonds de l'âme humaine. A tel point qu'on regrette de ne pouvoir effacer sa mémoire et regarder plutôt Forbrydelsen, la série danoise dont elle est inspirée.
L'atmosphère orageuse de Seattle est pourtant un choix judicieux, rappelant volontiers un Danemark de polar. Les acteurs sont convaincants, très bons parfois. Mais d'autres partis pris sont moins heureux : le premier concerne le pathos, omniprésent dans le traitement de la famille Larsen, qui fait couler des larmes aussi denses que la pluie de Seattle sans apporter un réel approfondissement de la question du deuil familial. Le second concerne le déroulement de l'enquête, dont on sait dès le début qu'elle ne s'orientera pas vers le petit jardinier, le concierge ou le clochard de passage et que par conséquent, on ne peut prendre au sérieux dans les premiers épisodes, surtout qu'ils égrènent des coupables tous plus idéaux les uns que les autres.
Les manœuvres politiciennes - assez simplistes au demeurant - assombrissent d'heure en heure les figures politiques de la ville et laissent deviner que quelqu'un tire les ficelles. En outre, on peut déplorer la présence systématique d'un cliffhanger à gros tambours, qui, à force d'être répété, perd tout son effet. La fin de la saison également, laissant hors-champ le commanditaire de la dernière machination, ressemble plus à un dernier cliffhanger en vue d'une seconde saison qu'un vrai choix artistique. Dommage mais guère surprenant, donc.
Pour faire contre mauvaise fortune bon coeur, il serait intéressant de voir dans quelle mesure l'authentique série danoise a été modifiée pour lui faire épouser le modèle très répandu des séries policières US...