Mais que voilà une étrange fiction.
Deux choses m'ont sauté au visage que j'ai trouvé vraiment surprenantes en regardant (binge watching pour être honnête) The OA.
La première, c'est qu'on ne voit pas si souvent une série (incontestablement américaine) dans laquelle on va évoquer des anges et où l'on ne va pas du tout parler de religion ni de foi.
Si je ne me trompe pas sur les 7h et quelques de fiction, il y a 1 unique dialogue de 4 phrases qui l'évoque à l'épisode 6/8.
Les personnages se confrontent à un surnaturel très symbolique, très flou, presque invisible et pas une seule évocation de Dieu.
C'est quand même une approche qu'il faut remarquer, tant l'écrasante majorité des productions de l'Oncle Sam ne peuvent se passer de coller la foi dans tout problème existentiel.
La seconde est un peu plus triviale, mais quand même, tellement incongrue...
La danse. Les mouvements de danse contemporaine.
J'ai lu ici et là des avis qui trouvaient ça ridicule. Moi je ne trouve pas du tout, c'est vraiment surprenant dans une série américaine. Et faire exécuter cette chorégraphie aux personnages archétypiques (au départ) m'a vraiment fait du bien tant, depuis quelques temps on s'attend à tout ce qu'on regarde.
Le bully, le boursier, le pt'it gros, la prof désabusée et le p'tit trans, quoi de plus classique ?
Mais les voir chorégraphier des mouvements certainement pas issus de Glee, ça ouvre de nouveaux horizons.
Et puis soyons clair, à part une ou deux scènes pas très utiles, cette série parle aussi d'amour, mais d'amour en général. Pas de couple se formant, pas de romance à la c... que les scénaristes "à la chaîne" s'empressent de caser pour accrocher l'ado plein d'hormones et faire de la part d'audience (merci Netflix !!!).
Voilà en tout cas une fiction écrite.
8 épisodes où les auteurs savent où ils vont, sans les errements narratifs habituels sur une série plus longue.
Écrite et plutôt bien filmée.
Il n'y a rien de bien révolutionnaire dans la photo et la mise en scène, mais quelques très beaux plans, très lents, très contemplatifs, presque impressionnistes.
Et puis des trouvailles sympas comme les effets de buée et surtout cette lumière atrocement déprimante mais qui sert le propos et qui contraste bien, du coup, avec les éclairs de lumières distillés au grès des rencontres avec l'inconnu.
Et puis, ça semble encourageant de voir que les séries commencent à montrer vraiment cette Amérique post subprimes avec ces quartiers inachevés, cet univers middle-class triste à mourir qui est prêt à croire à l'impossible pour se sortir de son ennui.
Et pour finir avec le casting, on a ici des actrices et acteurs qui n'auront pas des récompenses pour la série mais qui servent l'histoire avec sérieux et implication. Bon... je trouve que Brit Marling manque un peu de charisme pour ce rôle, mais c'est vraiment histoire de chipoter... Mention spéciale pour le couple Scott Wilson-Alice Krige dont l'expérience semble vraiment étoffer l'interprétation.
En voyant ce genre de curiosité, on se dit vraiment que le gouffre est maintenant abyssal entre les séries des Networks bridées/formatées/pourries par les audiences et les séries One-shot ou du cable qui se permettent tellement plus.