The Red Road
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The Red Road

Série SundanceTV (2014)

Décidément, la tentation du petit écran se fait de plus en plus pressante. Après Alfonso Cuaron, Jane Campion et David Fincher, ce seront bientôt M. Night Shyamalan, Guillermo del Toro et Ridley Scott qui se lanceront dans l’aventure. Le phénomène n’est pas nouveau : David Lynch s’était prêté à l’exercice avec sa série Twin Peaks en 1990, Quentin Tarantino avait quant à lui réalisé un épisode d’Urgences en 1995. Aujourd’hui, les séries télé semblent devenir un passage obligé pour les réalisateurs les plus en vue.

L’attrait du format est indéniable : l’étirement du temps permet à l’intrigue de prendre corps et aux personnages de s’épaissir au fil des épisodes. Mais pour ces mêmes raisons, il est regrettable que la présence de ces grands noms du cinéma se cantonne la plupart du temps à la réalisation du seul pilote. La démarche, au-delà de son impact en termes d’audience, perd alors de son intérêt et peut même nuire à la cohérence d’ensemble de la série.

Il n’empêche que dans certains cas, l’empreinte laissée par le réalisateur peut suffire à insuffler un ton et une ambiance qui perdurent au-delà des premiers épisodes. C’est notamment le cas pour David Fincher et House of Cards. En sera-t-il de même pour The Red Road, thriller en six épisodes diffusé par Sundance Channel US (Top of the Lake et Rectify), avec James Gray à la réalisation du pilote? Le pronostic est mitigé.

On se situe pourtant sur son terrain, avec ses thèmes de prédilection : les liens familiaux, le sens du devoir, la communauté. La série retrace en effet le parcours de Philip Kopus (Jason Momoa de Game of Thrones), malfrat local d’une tribu indienne dont le destin croise celui de Harold Jensen, policier intègre qui tente tant bien que mal de préserver sa famille hantée par un évènement traumatique. Le tout sur fond de rivalités communautaires et d’égos surdimensionnés. Honnêtement, on se fiche un peu du combat de coqs entre les deux héros. Le personnage de la femme du flic (Julianne Nicholson, très borderline) est quant à lui plus prometteur, entretenant le doute quant à la véritable nature du drame originel.

Globalement, l’intrigue n’est pas inintéressante, mais laisse un arrière-goût de déjà-vu (on pense un peu à Top of the Lake, en moins esthétisant, pour le côté communauté reculée au milieu de nulle part), et, dans les deux premiers épisodes, la narration peine à trouver son rythme. On n’est pas non plus ébloui par la mise en scène qui reste assez sage, malgré quelques beaux moments dans le premier épisode (et notamment une jolie scène de baignade dans un lac saisi dans la pénombre). Difficile de retrouver là le style brillant et élégant du James Gray de Little Odessa ou de La nuit nous appartient.

On devra donc se contenter, pour l’instant, d’une série sans grande originalité. La faute au manque d’investissement d’un format dont les potentialités ne sont plus à prouver? Espérons que les prochains épisodes de The Red Road sauront nous contredire.
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le 25 avr. 2014

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