Des flics pas comme les autres.

Pour commencer, je vais présenter The Shield un peu en détail, sans spoiler pour ceux qui hésitent à se lancer. The Shield est une série qui se concentre notamment sur la Strike Team, brigade anti-gang de flics corrompus (composée de Vic Mackey, Shane Vendrell, Curtis « Lem » Lemansky, Ronnie Gardockie et Terry Crowley), mais pas seulement. On suit aussi le jeune inspecteur Julian Lowe et sa formatrice Danny Sofer, le capitaine David Aceveda ainsi que le duo « Dutch » et Claudette Wyms. D’autres personnages arriveront, mais ce sont les principaux.
The Shield prend place dans le quartier de Farmington, à Los Angeles, en plein territoire des gangs. Mais si la série commence par le schéma une enquête par épisode, ce qui aide beaucoup à accrocher grâce à un rythme très plaisant, on s’aperçoit très vite que c’est loin d’être seulement ça. Le propos de la série c’est clairement les personnages, tous travaillés, attachants et charismatiques, joués par de très bons acteurs, malheureusement souvent peu connus. The Shield est une série qui peut vous faire penser à un documentaire au début, par la réalisation avec caméra nerveuse, l’absence d’OST et dont les seules musiques viennent de radios, lecteurs présents à l’écran. Ce style de réalisation rend le spectateur très proche des personnages : on les suit et on les connait dans leur quotidien. Grace à ce procédé, et à leur univers assez brutal, The Shield arrive à nous montrer des flics touchants, parfois à bout de nerf, parfois monstrueux, parfois blessés.

Bref, regardez-la. Regardez cette série, je doute que ce soit possible de ne pas aimer, tellement c’est à la fois accrocheur et excellent.
C’est à partir d’ici que je vais spoiler, et je vais y aller sans scrupule, donc arrêtez-vous maintenant si vous n’avez pas vu la série (et là c’est un ordre, se spoiler The Shield ce n’est pas humain).





The Shield raconte une longue descente aux enfers d’une équipe pourtant tellement soudée au début. Mais Vic, en assassinant Terry, scelle en fait le destin de la Strike Team. Si sur le moment il a l’impression de faire ce qu’il faut pour protéger l’équipe, c’est en fait ce qui la perdra. La première saison continue ensuite sur un rythme tranquille, pour introduire les personnages et l’univers. On fait connaissance avec Julian, jeune flic homosexuel, qui est a déjà du mal à s’assumer, étant très catholique, mais Vic le pousse encore plus à bout lorsqu’il le fait chanter. Julian a donc le choix entre assumer sa sexualité et renoncer partiellement à sa foi. Et je trouve ça assez fort de symbolique de voir que dans une ancienne église (le commissariat) Julian fera le choix de facilité.
Le personnage de Vic est aussi assez dérangeant dès le début. Malgré l’assassinat de son collège, on voit qu’il a le sens de la justice, et qu’il y tient. On voit qu’il est profondément dégouté par les horreurs que font les criminels qu’il croise. Les personnages de Shane et Lem sont quant à eux attachants et drôles, par leurs bêtises, leurs remarques, leur tempérament bien trempé.
La deuxième saison commence fort, avec Armadillo, l’ordure de la pire espèce (et sa colombe … enfin vous comprenez). La première partie de la saison est très rythmée et intéressante grâce à lui, qui concentre vraiment toute la haine des personnages centraux. Sa mort est excellente, et fait dans le réalisme : il n’a pas une mort spectaculaire comme on pourrait s’y attendre. Il est juste poignardé dans le dos alors qu’on regarde ailleurs.
Vient ensuite le braquage du train de l’argent qui amorce la chute de la Strike Team. Ils sont riches à la fin de la saison deux, super. Mais l’argent et l’amitié … (petit reproche en passant : pourquoi l’image de la Strike Team devant leur tas de fric n’inclut pas Ronnie ?)
La troisième saison représente l’implosion progressive de la Strike Team. Ils sont d’abord unis, face à l’ennemi (ici c’est la police et la mafia arménienne) mais ils explosent à la fin, quand Lem décide de faire ce qu’il croyait le mieux à faire : bruler l’argent qu’il les dresse les uns contre les autres.
Mais ce n’est pas le seul évènement perturbateur de la saison. Le nouveau, Tavon, arrivé à la fin de la saison deux commence à s’intégrer … Mais il faut que Shane ajoute son grain de sel. Sa femme, Mara, surtout. On ne la voit pas beaucoup, mais elle aura joué un rôle capital dans le destin des quatre ripoux.
Aceveda est aussi très intéressant dans cette saison, lorsqu’il part à la recherche de son violeur, il le retrouve. Mais il ne cherche pas à le tuer, il préfère voir la défaite dans les yeux de son adversaire. Le pouvoir c’est ce qui lui plait le plus.
C’est lorsque Shane se marie qu’on s’aperçoit à quel point il peut entrer en conflit avec Vic, ancien mâle dominant de l’équipe. Mais maintenant qu’ils sont deux, c’est plus embêtant.
Et c’est ce qui transparait dans la saison quatre. Shane veut devenir un Vic numéro 2. Il est déjà en quelque sorte le supérieur de son partenaire (pas officiellement mais c’est lui qui prend les décisions) et croit pouvoir se débrouiller avec de nouvelles magouilles. Mais Shane reste un enfant qui a besoin de papa Vic pour se débrouiller, et de son grand frère Lem.
La cinquième saison … Ma préférée. On a tous remarqué à quel point Forest Whitaker assurait, je pense.
La saison cinq, gros duel entre deux grands. Vic Mackey contre Jon Kavanaugh. Sérieusement, qui peut affirmer ne pas avoir aimé cette saison ?
Lem est totalement déchiré dans cette saison, mais on voit à quel point il est encore loyal à sa famille, comme il les appelle. Pas un seul instant il a pensé à les trahir, et pourtant, il aurai eu ses raisons quand on voit que c’est en aidant Shane qu’il s’est mis dans la merde et que Vic a tué Terry sans le mettre dans la confidence. Mais non, Lem reste solide, loyal, droit. C’est ce qu’il y a de plus tragique avec cette issue : on sait que Lem est le seul bon gars de l’équipe, celui qui a le plus de valeur.
J’avoue avoir lâché une larme à la fin, c’était tellement fort et triste.
Les saisons six et sept, l’épilogue, se déroulent en très peu de temps. En très peu de temps Vic s’aperçoit que le tueur n’est pas l’homme qu’il a torturé et tuer, mais son meilleur ami. Le tragique épilogue de cette fabuleuse série est tellement prenant, tellement bien mené.
La fin est … En fait je n’ai pas de mot pour décrire ça tellement elle m’a choqué. Vic, l’hypocrite en puissance, abandonne ce qu’il reste de l’équipe pour lui. Lui qui a toujours clamé haut et fort qu’il faut protéger l’équipe avant tout, laisse Ronnie, celui qu’il l’a toujours soutenu.
Et que dire de Shane … Je ne peux pas haïr Shane. J’ai presque envie de dire que, comme un gamin, « il a pas fait exprès ». Parce que c’est ça, The Shield. La chute de la Strike Team se fait sur des bourdes bêtes.
Que ce soit les 7 000 dollars volés par Mara (qui mèneront à la rupture de la fin de la saison trois), le kilo d’héroïne oublié dans la voiture de Lem, le meurtre de Lem (Shane croyait alors que Lem les avait trahi), ou la trahison de Vic envers Ronnie (Vic qui croit que sa femme risquait d’aller en prison). Tout est à base d’erreur bête de jugement, d’oubli. On aurai du s’en douter, quand on voit ces bourdes faites dans la première saison.
Le suicide de Shane, qui laisse la lettre la plus émouvante possible, est tellement bien pensé. Sa femme et son fils, innocents, sont paisiblement endormi dans la chambre, la pièce la plus propre tandis que lui meurt salement et violemment dans les toilettes.
La scène finale, le générique final. Tout est parfait dans cette fin. Vous le savez j’imagine.
Voilà, c’était The Shield, ma série préférée. J’avais longtemps mis Breaking Bad, mais … merde, The Shield quoi. C’est encore un peu flou, mais je pense laisser comme ça. En tout cas, série absolument gigantesque qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.