Super Family Heroes

Les séries de super-héros sont à la mode, trahissant presque un symptôme actuel : l'insécurité et l'envie inavouable d'avoir nos héros pour sauver le monde.
Dans cette banalisation de l'incroyable, The Umbrella Academy prend le parti-pris juste de ne distiller de l'extraordinaire qu'au compte goutte, faisant des supers pouvoirs qu'une toile de fond. Ici c'est la famille et place de la normalité qui est questionné.
Et c'est la sincère Ellen Page (Vanya) qui s'exécute admirablement dans ce rôle, dans une justesse et sincérité à la hauteur de son rôle dans X-Men.
Quant à Robert Sheehan (Klaus), il s'émancipe rapidement de son personnage connu de Mistifs. Exit le leader ultra vulgaire et homophobe, c'est un Klaus sensible, terrifié et paré de froufrous qui se dévoile à chaque épisodes.

Le reste du casting souffre malheureusement d'un effet brouillon. Il m'a été difficile de m'attacher à tous les héros et c'est l'étonnant Hazel qui aura également retenu mon attention, apportant une douce naïveté et une fraicheur au show. Je me suis étonnée à apprécier un "méchant", prenant parfois plus son parti que celui de nos protagonistes !

Une ambiance quasi-Marvelesque diluée
La justesse de la BO n'aura pas sauvé les longueurs qui peuvent s'installer. Le format série m'a semblé parfois inapproprié tellement j'ai eu l'impression d'être dans un (trop long) film. C'est dire à quel point trois bonnes heures semblent suffirent pour rassembler cette première saison et profiter d'un réel rythme.
Je remercie cependant les showrunners de pas être tombés dans le travers à la Michael Bay, l'action pour l'action n'est pas nécessaire pour tenir en éveil le spectateur, même lorsqu'il s'agit de super-héros. Je regrette néanmoins que la série révèle finalement une part trop importante au plot familial sous couvert de super-pouvoirs, ayant presque le sentiment d'être flouée.

Et dans cette famille complexe, nous faisons face à une réelle inégalité de ton :
D'un côté certains personnages comme Diego (David Castañeda) et Luther (Tom hopper) sont d'interminables têtes de mules, égocentriques et naïfs, tournant à certains moments l'intrigue en dérision, tant ils se préoccupent peu du sort de l'Humanité. Mais d'autres sont réellement investis dans leur mission anti-apocalyptique, tirant le show vers le haut et nous, en haleine !

En conclusion, The Umbrella Academy est une série agréable aux apparences timide, qui a su tirer son épingle du jeu en matière de supér-héroïsme. Je lui pardonne ses facilités et espère qu'elle saura nous montrer en 2020 plus de force et de caractère !