The Young Pope n'est pas une série comme les autres. Sorrentino vient du cinéma, et on le ressent dès les premiers plans, dans la lenteur des mouvements, la distance de la caméra aux acteurs, le soin porté aux décors, et à la lumière surtout, cette lumière blanche qui irradie Jude Law.
Ce pape jeune, mégalo et intransigeant dérange, les cardinaux le craignent, on se met à le craindre nous aussi, et on finira tant bien que mal par s'attacher à lui. Pas tant parce qu'il est orphelin, parce qu'on le voit capable d'amour, mais parce qu'il est avant tout humain : c'est l'homme et ses défauts qui sont explorés ici sous toutes les coutures, l'homme et ses paradoxes, l'homme et son ego démesuré. Un homme peut-il être Dieu ? Un homme peut-il même être l'envoyé de Dieu ? Aucun des personnages ne semble croire que le pape fera long feu. Pourtant le pape tient bon et, lentement mais sûrement, malgré les complots qui se trament dans son dos (le cardinal Voiello, tireur de ficelles en chef, lui en fera voir de toutes les couleurs), il gagne en popularité et en humanité. Il finit même par accomplir des miracles.
Alors bien sûr la série a ses défauts : des longueurs, des passages parfois redondants, des personnages parfois peu crédibles, des épisodes d'enfance pas forcément utiles ni éclairants, mais elle vaut par son originalité, son humanité profonde, sa mise en scène, par le jeu des acteurs (Jude Law au premier plan), et par quelques scènes mémorables, drôles à en mourir (notamment les scènes où le pape reçoit des chefs d'Etat étrangers et italien). A voir, donc !