Tokyo Magnitude 8.0
7.5
Tokyo Magnitude 8.0

Anime (mangas) Fuji TV (2009)

Mort... ah ! pas encore ! Disparu... pas encore ! S'il mourait ? Pas encore... Désobéissant ! Ah...

Cette série réaliste, certainement pas ! Complaisante, ça oui !
D'abord, le prétendu réalisme n'est pas un gage artistique en soi. Pour le réalisme des images, il y a les films. Apprécier une série animée parce que ses images s'approchent de la lumière et peut-être des détails d'une photo ou d'une film, on sent bien que ce n'est pas le but de l'art du dessin animé.
Ensuite, qu'on reproduise ou non le grain de la réalité en dessins, il faut toujours bien choisir les points de vue, les angles de vue de la "caméra" si on peut dire, il faut toujours bien choisir la manière de composer, de mettre trois personnages sur un image, etc. Je n'ai pas l'impression que sur ce plan-là les images soient génialement pensées.
Evidemment, l'animé fait une différence habituelle dans la japanimation entre le décor réaliste et le traitement minimaliste des personnages. On notera un côté négligé dans la représentation des proportions du corps. Parfois, c'est expressif, les jambes comme des bâtons avec des pieds anormalement petits pour signifier l'écrasement du corps qui a du mal à se mouvoir après un choc, mais, en général, ça fait négligé et c'est tout.
La grande force tiendrait dans la plastique expressive des visages. C'est vrai dans le premier épisode, parce qu'avant le drame l'héroïne principale une petite fille a un air maussade, bougon, fait des caprices et roule des airs avec ses yeux, et il faut dire que c'est réussi, porteur. En revanche, du deuxième épisode jusqu'à la fin, les yeux de l'héroïne et des autres personnages n'ont plus du tout de subtilité. On a en effet quelque chose d'accrocheur entretenu par les mâchoires trop prononcées des visages et cela permet de renforcer les regards qui jouent alors soit sur le côté grand ouvert, soit on a des lignes horizontales ou obliques de la paupière supérieure et des petits déplacements latéraux du regard, la pupille se déplaçant du coin vers le centre, etc. Mais, bon, esthétiquement, c'est moins travaillé, moins sensible que les yeux maussades du premier épisode, on n'a aucun art de traitement intériorisation-extériorisation du regard, et la signification du regard devient très rapidement bien limitée, il n'y a pas toute une palette d'émotions engagées. C'est toujours la même chose.
Passons à l'histoire. Un avertissement avant chaque épisode nous demande d'être très indulgent sur le côté indéfendable du film au plan de la réalité scientifique de ce que serait un pareil événement. C'est une fiction, alors il faut accepter les choses comme elles se passent. Et il en faut de l'indulgence. En onze épisodes et quelques jours, on essuie un grand nombre de répliques au tremblement de terre initial qui se situe entre le premier et le deuxième épisode. Mais, dès le deuxième épisode, ce que j'ai senti de mal engagé, c'est la réalité des rapports entre les personnages, la possibilité d'une telle errance.
Après le premier tremblement de terre, les gens marchent comme des zombies, ils voient une petite fille qui cherche son frère, ils ne réagissent pas, n'ont aucune compassion, ils laissent une, puis deux, puis trois personnes la bousculer en lui disant sans cœur de ne pas gêner le passage. On part dans un délire complet et c'est ça sans arrêt. Je suis loin d'avoir trouvé la fille insupportable durant les sept premiers épisodes comme je le lis sur d'autres recensions. Je n'ai pas du tout remarqué cela. Et je n'ai pas non plus remarqué que le frère était d'une incroyable maturité pour son âge.
Donc, on a deux enfants d'une famille modeste qui en ont marre de ne pas avoir de vacances consacrées par un voyage et qui n'en peuvent plus que leurs parents sacrifient le temps à leur consacrer à ne penser qu'à leur travail. Le père a aussi un peu d'égoïsme et s'en repose sur sa femme, laquelle néglige certains détails auxquels les enfants sont sensibles (le coup des gâteaux en parts triangulaires individuelles au lieu d'un gâteau rond à partager ensemble). Cela a l'air assez élaboré comme animé tranche de vie et animé histoire catastrophe, mais ça tourne très vite dans la complaisance des trucs attendus. Et donc en se rendant seuls en ville, pour notamment acheter un cadeau, les deux enfants se retrouvent pris dans un tremblement de terre, et bientôt privés de réseaux pour contacter leurs parents et savoir quoi ! Une maman a rencontré les deux enfants dans le centre commercial, elle les retrouve après le tremblement de terre et décide de rester avec eux.
Même si cet animé date de 2009 et que nous avons eu un animé Japan Sinks en 2020, animé autrement artistique que cette mascarade de Tokyo Magnitude 8.0 il faut penser que l'animé de 2020 est une adaptation d'un roman japonais célèbres des années 1970, de 1973 je crois, et le présent animé s'inspire très nettement lui aussi de ce roman pour le drame et l'errance de nos trois personnes. Ici, on joue sur le fait que Tokyo est une ville extrêmement étendue. Nos trois personnages vont mettre un certain temps à traverser la ville pour rejoindre leurs maisons.
En même temps, ils sont victimes de nouveaux tremblements de terre, d'incidents de santé, etc. Une relation se construit après une très courte période de réticences de la part de l'héroïne. On joue à se faire peur, on ne sait pas ce que sont devenus les parents de nos deux enfants, ni leur maison, on ne sait pas ce qui a pu arriver à la fille et à la mère de cette femme qui se décide à les accompagner.
Et, en plus, on a de temps en temps des nouveaux tremblements de terre, les répliques, et nos deux enfants trouvent le moyen de se séparer de cette femme, et bien entendu souvent au mauvais moment. Alors, on joue à se faire peur onze épisodes durant, ou plutôt des épisodes deux à dix, dont neuf épisodes durant. L'expérience de la mort est toujours faite à la marge. Pour ne pas spoiler, je vais vous dire le reste sur ce jeu sadique derrière un cache.
Je dirai seulement qu'à la fin du dixième et sur une partie du onzième l'animé joue sur le fantastique, sur l'allégorique, il quitte nettement le terrain du réalisme. Il y a un petit changement de nature. Je dénonce aussi le côté illogique du récit. Plein d'adultes ont l'occasion de prendre en charge les deux enfants. Il y a aussi le fait que Yuki tombe malade, etc. Et il y a jamais de prise en charge. Les trois repartent à pied dans leur périple. Et même si on veut admettre que les trois suivent leur route, il y a un aspect irréel au manque de suivi des personnes autour. On a trois personnes complètement livrées à elles-mêmes en dépit du bon sens. Parfois, les deux enfants sont seuls, et des adultes passent et disent "on peut vous laisser ? ça va !" Je veux bien beaucoup de choses sur le fait que les enfants au Japon savent se débrouiller seuls très jeunes, mais il y a des limites. Puis, surtout, les réactions psychologiques, beaucoup ne tiennent pas la route. Déjà qu'il y a des événements où normalement on fond en larmes, y compris dans l'épisode final, et là on a des gens inertes à des moments clefs, mais alors il y a plein de réactions qui ne sont pas naturelles, et de la part des personnages principaux, et de la part des personnages qu'ils rencontrent. Autant dans Japan sinks on peut s'expliquer l'effet de sidération, autant là on a un tremblement de terre dont l'essentiel est passé, il y a encore des incendies et des répliques, mais là on a des gens qui survivent, qui vont se reconstruire et leurs réactions ne sont pas logiques, c'est du n'importe quoi ! Tout ce que l'auteur veut montrer, c'est une errance, une solitude, et des petites secousses de drames à répétitions avec la mort au bout ou pas, c'est selon !


Donc, le jeu est de plus souvent nous alerter sur la mort du petit frère Yuki. L'héroïne principale, on s'attend à ce qu'elle soit là jusqu'à la fin bien évidemment. Remarquons que lors du premier tremblement de terre il y a une première idée que le frère pourrait être mort. Ce frère va parfois disparaître du regard et il va falloir le retrouver. Il semble sérieux tout un temps dans l'animé, mais cela s'étiole rapidement. Il suit notamment un garçon fasciné par les robots sauveteurs tout comme lui, et il prend de plus en plus les choses à la légère. Le garçon tombe malade, il doit aller à l'hôpital, ,on a de nouvelles inquiétudes pour sa vie. Sa soeur rêve à sa mort à plusieurs reprises finalement. Et ce garçon va lui-même demander ce que feraient les autres s'il venait à mourir. On comprend que tout est fait pour annoncer le pire. Mais, en parallèle, on finit par apprendre, après un truc sadique assez tiré par les cheveux, que la femme Mari Kusakabe qui s'est vouée à les accompagner n'a pas perdu sa fille, ni sa mère, on apprend aussi que le père et la mère de l'héroïne sont bien vivants, et donc le garçon qui a échappé à plein de dangers est de plus en plus insouciant en revanche. Dans l'endroit même, l'école, où il doit retrouver sa mère, au lieu de la chercher, il visite les salles où il a des souvenirs, il laisse sa soeur en plan, il disparaît même sous ses yeux, comme si c'était le moment ou comme si elle n'était déjà pas assez éprouvée. On voit venir le drame évidemment. Là, on n'est plus à un indice près. Et donc c'est un camarade qui va chercher un livre pour Yuki dans sa maison branlante, un livre d'observations sur une jeune pousse de marronnier qui devra tenir droit dans la terre et devenir un grand arbre, symbole discret mais tellement trop facile, qui devient la cause de la mort par imprudence. Yuki et sa sœur le suivent. Il suffisait de rester à l'école en attendant la mère, il fallait d'abord aller voir la mère, mais non on nous fait le détour imprudent par la maison en ruine. L'écriture "Défense d'entrer, danger !" ne vaut que pour les spectateurs. Une nouvelle fois, Yuki est imrpudent. La réplique arrive pile quand ils sont tous les trois à l'intérieur et emporte Yuki, et c'est là qu'on passe au plan allégorique. Voilà la fin du suspense sadique et complaisant, il y aura bien un mort parmi les personnages essentiels de l'histoire et sa mort ressemble à une farce, survient quand l'histoire devrait être finie. Certes, c'est touchant par nature, mais il n'y a aucun art à jouer ainsi avec les sentiments du spectateur. A la limite, un petit peu, parce que quelque part, la catastrophe à la fin du premier épisode et au début du deuxième ne peut qu'emporter des personnages qu'on ne connaît pas encore. Ici elle emporte un personnage qu'on a suivi. Mais, outre que cela a déjà été fait, ça reste très limité. On assiste bêtement à un drame sadique de l'auteur et le onzième épisode qui, évidemment, nous fait encaisser n'est en aucun cas à la hauteur pour traiter émotionnellement et philosophiquement du drame. C'est convenu et très bas-de-gamme.

davidson
3
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le 19 déc. 2020

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davidson

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