Treme
8.1
Treme

Série HBO (2010)

Voir la série

Treme est un peu comme The Wire, l'autre grande série de David Simon, un véritable mastodonte. Un mastodonte car tout semble réussi, étudié pour que la série soit à l'image exacte de ce que Simon voulait.


C'est assez hypocrite de dire ça, mais pour moi, Treme est une série parfaite. Une série qui sait où elle va, dont le montage est soigné à la perfection, ou chaque acteur a son moment de gloire, etc... Treme, tout comme The Wire a trouvé un équilibre juste tout du long.


Si Treme rappel en de nombreux points The Wire, le style de narration, les thématiques abordées et la façon dont sont traités les personnages, cette série réussi à sortir son épingle du jeu et se démarquer. Ce que je craignais en commençant Treme, c'est que la série me rappel constamment The Wire, et il n'en est rien.


Oui, on retrouve beaucoup de The Wire dans Treme, mais Treme a su trouver sa propre singularité pour devenir unique à mes yeux. Tout d'abord, Treme est une série bien plus légère que The Wire, on y rigole bien plus souvent, les personnages sont tous sympathiques. On suit des gens lambda qui tentent de reconstruire leur vie après l'ouragan Katrina en Nouvelle Orléans, on les suit dans leurs galères, on les voit freinés par de nombreux obstacles, mais ils continuent de se battre.


Dans Treme, on suit une bonne dizaine de personnages avec chacun sa propre intrigue. Et justement, on aurait pu craindre que la narration se perde, qu'on galère à retenir les noms des personnages et leur rôle mais pas du tout. On comprend instantanément qui est qui, quelle relation tel personnage entretient avec tel autre, ses objectifs, ses problèmes. L'écriture des personnages et la façon dont on les suit est telle qu'on les aime tous.


J'ai adoré Davis McAlary constamment subversif dans ses propos ; j'ai adoré Albert Big Chief Lambreaux, homme fier et parfois hautain mais entreprenant ; j'ai adoré Antoine Baptiste, musicien raté qui fini par trouver son bonheur dans l'éducation (rappelant par ailleurs Roland Pryzbylewski de The Wire) ; j'ai adoré LaDonna qui peut parfois être une sacrée connasse mais qui se bat pour son bar ; j'ai adoré Toni Bernette avocate luttant contre la corruption dans la police ; j'ai adoré Nelson Hidalgo qui vient d'abord dans le but de se faire de l'argent en Nouvelle Orléans mais qui, séduit par ce lieu fait de son mieux pour le restaurer ; j'ai adoré Annie Tee belle violoniste qui se lance dans une carrière nationale. Bref, on arrive à s'attacher à tout les personnages, ils ont tous quelque chose d'intéressant à raconter, et à travers ses personnages, Simon aborde nombreuses thématiques.


La corruption dans la police, les politiques délaissant la Nouvelle Orléans, la délinquance qui gangrène le lieu, l'éducation, le tourisme, le journalisme, la difficulté de trouver un emploi stable, la culture d'un lieu historique. La série pose aussi des questions de race et d'origine. Toutes ces thématiques que l'on retrouve peu dans des séries et qui sont traitées à la perfection. Et venant de la part de David Simon, ça ne m'étonne même pas, ce mec était journaliste et traite avec brio les sujets qu'il aborde, il les maîtrise de bout en bout.


Et la mise en scène est dingue ! Putain que c'est beau. La façon dont la caméra filme les rues de la Nouvelle Orléans est incroyable. Ça se ressent surtout dans les épisodes de Mardi Gras, la caméra donne vie au lieu. Quant au montage, il cohérent comme c'est pas possible, enchaînant les intrigues avec une aisance folle !


Donc d'un point de vue cinématographique, Treme est d'une perfection rare. Abordant milles et une thématiques avec justesse, présentant un nombre hallucinant de personnages interprétés par des acteurs de talent, avec une mise en scène sublime et un montage judicieux. Mais ce qu'on retient par dessus tout dans Treme c'est bien évidemment la musique.


Chaque épisode est une plongée dans la musique de la Nouvelle Orléans. Et on pourrait craindre de n'entendre qu'un seul genre de musique mais même pas ! On écoute de la musique indienne, du modern jazz, du vieux jazz classique, du rap, du country, du folk, Treme explore un nombre incroyable de genre musicaux et nous offre des prestations touchantes. La joie d'entendre le trombone d'Antoine Baptiste ou la trompette de Delmond Lambreaux. L'excitation à chaque fois que j'entendais Albert Big Chief Lambreaux crier « BALEEEEEEY KOU DE FAILLO » ou d'entendre le violon d'Annie Tee. Les rires en entendant les vers provocateurs de Davis McAlary. Treme donne envie de se plonger dans la musique de cette région du monde, à tel point que j'ai loué les albums de la série pour les écouter dans ma voiture.


Treme est agréable à regarder de par sa musique et ses moments d'humour, tout en traitant des thématiques sérieuses avec des scènes parfois sacrément tragiques. Treme m'a donné l'envie d'aller visiter la Nouvelle Orléans et j'irai explorer cette région du monde au moins une fois dans ma vie. Treme m'a rendu amoureux de ce monde, de cette musique, de ces personnages. Et je suis tombé amoureux de Treme et cette série me manque déjà énormément.


Treme est un chef d’œuvre. Tout est d'une maîtrise hallucinante, c'est touchant, agréable, d'une incroyable justesse. Treme est une série qu'il ne faut surtout pas rater tant elle restera à mes yeux, comme étant l'une des plus grandes réussites de l'histoire de la télévision.

Créée

le 3 janv. 2019

Critique lue 763 fois

1 j'aime

James-Betaman

Écrit par

Critique lue 763 fois

1

D'autres avis sur Treme

Treme
artificier
10

Down in the treme, it's me and my baby, we're all going crazy while jammin' and having fun ! Whoo !

Je suis sans voix. Treme n'est pas le genre de série qu'on lance en rentrant du boulot et qui va nous permettre de souffler un peu. Treme, c'est 10 épisodes d'une heure environ. C'est dense, très...

le 4 févr. 2011

77 j'aime

6

Treme
Docteur_Jivago
10

And there's a saxophone !

C'est quand même assez rare que je devienne à ce point accro à une série et c'est en très peu de temps que j'ai dévoré les quatre saisons de "Treme", et quelle claque ! Ce nom vient de "Tremé", un...

le 12 févr. 2015

62 j'aime

10

Treme
pphf
8

Chantons sous la vague

En amont. Faut-il tenir Treme pour le chef d’œuvre de David Simon ? Il s’agit en tout cas de son œuvre la plus ambitieuse, et surtout la plus radicale. On croit pourtant retrouver David Simon tel...

Par

le 9 mars 2017

21 j'aime

Du même critique

Coupez !
James-Betaman
4

Tout l'art d'être critique (ou pas)

Le principe même de ce remake avait de quoi intriguer. Ce n’était pas une première pour Michel Hazanavicius de se réapproprier une œuvre filmique afin de lui insuffler un vent de modernité (et son...

le 29 janv. 2023

54 j'aime

28

After - Chapitre 1
James-Betaman
1

Le digne successeur de 50 Nuance de Grey... On pouvait pas espérer mieux

Hier soir, je me suis couché en me disant que la nuit porterait conseil pour ma critique d'After. Tu parle ! J'ai passé la nuit à cogiter dans ma tête, cherchant un truc bien à dire sur ce...

le 18 avr. 2019

52 j'aime

12

The Kissing Booth
James-Betaman
1

La pire représentation de la jeunesse que j'ai pu voir dans un film

J'ai eu une discussion avec un ami sur beaucoup de choses, notamment sur la société et les jeunes. Cet ami, qu'on va appeler Jack, parce que ça sonne bien, m'avait livré ce qu'il considère comme...

le 15 août 2018

46 j'aime

15