Star Blazers 2199
7.9
Star Blazers 2199

OAV MBS (2012)

Ce n’est pas une surprise pour ceux qui ont l’habitude de me lire, j’écris essentiellement des critiques pour promouvoir les oeuvres que j’apprécie. Cela tombe bien, Uchuu Senkan 2199 est un excellent anime qui n’a reçu que très peu d’exposition par rapport aux autres poids lourds de cette année 2013. Alors allons-y à coeur joie.

Dans cette série, la Terre est attaquée à la fin du 22e siècle par une civilisation extra-terrestre, les Gamiliens, et sont sous la menace constante de leurs météorites radioactives. L’atmosphère est devenue tellement invivable que même les cités souterraines sont désormais en danger. Deux ans avant l’extinction de l’humanité, une autre race, les Iscandariens, propose aux forces terriennes un moyen de sauver leur planète à condition que ceux-ci viennent récupérer leur salut sur Iscandar, à 148.000 années lumière de la Terre. Alors que chaque nouvelle aube annonce avec plus de clarté le glas des Hommes, le courageux capitaine Okita rassemble son équipage à bord d’un vaisseau spatial à la pointe de la technologie, le Yamato, et se prépare à fendre les étoiles pour une mission impossible.

Si c’est si bien que ça, pourquoi ne pas en avoir entendu davantage parler ? Le fait est que peu de personnes sont au courant qu’Uchuu Senkan Yamato 2199 a été une série diffusée durant le printemps et l’été 2013, ce en raison de sa production particulière : cette oeuvre est avant tout une suite de sept films, sortis entre le printemps 2012 et août 2013, disponibles ensuite sous forme d’une série d’OVA en Blu-ray/DVD, avant d’être enfin lancé plus timidement sur TV, un an après ses débuts au cinéma. Aucun site streaming ne se l’étant approprié, ça se traduit pour nos régions à une accessibilité limitée jusqu’à présent aux volumes Blu-ray/DVD japonais affreusement chers, avec heureusement des sous-titres officiels anglais.

On peut ajouter à cela le fait que la franchise est très peu connue en Europe. A la base, Uchuu Senkan Yamato est un anime de 1974, crée par Leiji Matsumoto (Albator, Galaxy Express 999) et dirigée par Noboru Ishiguro (Macross, Legend of the Galactic Heroes), mais n’a quasiment pas vu le jour sur nos écrans télévisés. Au Japon, la série aura marqué les esprits et rassemblé une importante communauté de fans, abreuvée en suites, en «material book» et autres sources qui ont contribué à la création d’une saga vaste et dense.

Il n’est alors pas surprenant de voir plus de 35 ans plus tard un remake afin de ressusciter ce classique. Ce qui est génial, c’est que beaucoup de personnes impliquées sont des gros fans qui ont grandi avec le vieux Yamato, à commencer par le directeur du projet, Yutaka Izubuchi (Rahxephon). Il s’agissait pour l’équipe dirigeante d’à la fois rendre honneur à l’ancienne nostalgie tout en se conformant aux standards modernes de l’animation. Les graphismes bien sûr mais aussi d’autres normes culturelles : on pourra citer notamment des ajustements au niveau de la proportion homme/femme, plus équilibrée, ainsi qu’une cohérence globalement plus grande en ce qui concerne le déroulement des événements. Le résultat de ce projet planifié en quatre années s’avère grandiose, avec Yamato, nous avons le plaisir immense de vivre une aventure space-opera classique mais remis au goût du jour.

Le travail sur ce remake n’est pas mince et se remarque par la qualité constante qui s’en dégage : graphiquement très solide (moins pour l’épisode 22), un rythme superbement dosé et une attention méticuleuse aux détails, narratifs et techniques. Peu de scènes sont inutiles, tous les épisodes ont leur importance et beaucoup de soins ont été apporté aux arrières-plans, interfaces électroniques, cockpits, armements, etc. Une véritable «authenticité» est donnée à cette odyssée spatiale.

La vie sur le Yamato est de ce point de vue une grande réussite. Que l’on se situe sur le pont, dans la salle des machines ou dans le hangar des chasseurs, chaque section à son personnel à part et ses petites histoires. Les personnages principaux sont bien sûr développés ainsi que beaucoup d’autres figures secondaires mais même les membres de l’équipage «tertiaires», souvent non-nommés, ont leur propre existence, leur propre rôle, et se retrouvent au fil des épisodes. Ca n’a l’air de rien mais l’accumulation de ces petites touches font qu’Uchuu Senkan Yamato 2199 est une oeuvre riche qui se regardera plus d’une fois et récompensera les spectateurs attentifs.

Les antagonistes, les Gamiliens, ne sont pas en reste. L’exploration de leurs intrigues, de leur expansionnisme socialement problématique et de leurs acteurs politiques nous montre un empire brutal mais nuancé. Nous avons aussi droit chez les Gamiliens a une galerie de personnages très charismatiques, un charisme aidé par une sélection de seiyuus monstrueuse. C’est bien simple au bout d’un moment on en viendrait à entonner l’hymne gamilien. Ghale Gamilon ! Soto Banzai !

Hem... en parlant d’hymne, les thèmes musicaux qui ont fait le charme de la première série reviennent sous la baguette d’Akira Miyagawa, le fiston du compositeur original, qui réarrange et intègre avec succès ses contributions personnelles. Traitement similaire pour les sons, très distinctifs : beaucoup sont simplement des versions remasterisées et respirent la mécanique brute de l’ancien temps.

Mine de rien, c’est un petit miracle de voir la série accomplir son épopée de 26 épisodes avec aussi peu de défauts. Ne fermons pas les yeux cependant et passons les en revue quelques instants. Outre le fait qu’Uchuu Senkan Yamato n’est pas du hard sci-fi, la série comporte son lot de faiblesses scénaristiques, plus ou moins graves. On pourra également regretter certains changements par rapport à la version originale : voir le thème de la romance, mineur au départ, subitement mis en avant lors des six derniers épisodes est quelque peu dommageable, voire carrément nuisible.

L’utilisation intensive de la 3D divisera aussi les opinions. Heureusement, elle n’empêche pas modèles des vaisseaux d’être somptueux et les batailles épiques, même si les mechas donnent parfois l’impression d’avoir le «poids» d’un jouet plutôt que d'un monstre d’acier. Dans tous les cas, on finit par l’accepter au bout des premiers épisodes sauf lors des rares occasions où elle s’incruste dans les environnements naturels et les foules vivantes.

J’espère avoir donné l’envie de découvrir cet anime, ô combien prenant. A une époque où l’on se remémore les chefs-d’oeuvre d’antan avec mélancolie, à l’heure où les pionniers de l’animation, comme Hayao Miyazaki, vieillissent et s’effacent, Uchuu Senkan Yamato 2199 est un renouveau plein de vie, la réalisation magnifique d’un vieux rêve qui continue encore de briller et que j’invite à partager.


Skidda
10
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le 5 nov. 2022

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Skidda

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