Unreal c'est la série qui critique la télé-réalité. Bon, rien que ça je partais avec un parti-pris positif, mais tâchons de démêler le bon du moins bon dans cette nouvelle série provocante.
Tout d'abord la crédibilité de la chose : Unreal est co réalisée par Sarah Gertrude Shapiro, celle là même qui a travaillé pendant de nombreuses années sur Bachelor, cette émission de téléréalité ouvertement copiée ici sous un nom différent. On peut donc s'attendre à ce qu'on nous balance des manigances aussi croustillantes que réelles !
Et en effet, dans cette première saison rien n'est épargné. Sous la direction de la réalisatrice de l'émission (ou devrais-je dire sous la férule de sa poigne de fer impitoyable), les candidates à la recherche du (riche) prince charmant en voient de toutes les couleurs. Ouvertement sélectionnées dès le début pour leur apparence, leur origine, leur passif familial houleux ou leur instabilité émotionnelle, les donzelles vont très vite se retrouver sous le feu des projecteurs. Les caméras les suivront partout, et pour être sûrs que l'émission reste "passionnante" du début à la fin certains employés ont pour unique mission de dénicher les ragots, créer des conflits, les faire monter jusqu'aux larmes, détruire psychologiquement ou simplement manipuler les candidates.
C'est là qu'intervient Rachel : une ex-employée ayant pété les plombs, maintenant sur le retour grâce à son habileté reconnue pour le coup de théâtre. Rachel est un personnage très intéressant. En effet, tout comme sa boss autoritaire, elle ne lésine pas sur les moyens pour obtenir le meilleur spectacle possible. Tout comme sa chef elle a un esprit retord sur le show, un point de vue cynique (et réaliste) sur ce que veut la populace - avec toute la connotation originelle négative qui va avec. Cependant Rachel fait cela uniquement pour garder son job et réussir à sortir la tête du dépotoir désastreux qu'est devenue sa vie. Le spectateur que je suis ne peut s'empêcher d'éprouver un peu d'empathie pour la pauvre jeune femme, qui initialement se voulait moderne, forte et avec des rêves, et qui se retrouve à monter un casting de princesses superficielles...
Alors, évidemment dans cette merveilleuse mise en abyme qu'est la série il y a pas mal de clichés. Beaucoup sont voulus comme illustrant les nombreux défauts de la télé-réalité. D'autres sont des accessoires apparemment obligatoire quand une série américaine veut faire passer la pilule à son auditoire qui a dans l'ensemble avalé massivement ces mêmes émissions il y a peu (et adoré, au moins au début).
Tout UnREAL est donc une pièce de théâtre montée, un mécanisme bien huilé qui me fait penser, ô douce ironie, qu'une bonne partie des coups de théâtre que j'ai cyniquement apprécié dans la série reposent exactement sur les mêmes fondements que les plus purs produits populaire dans notre grande société de consommation.
Une série qui sous prétexte de me démontrer à quelle point la majorité de ce que je regarde est artificiel m'incite à l'apprécier pour ces mêmes raison. Et comme je suis un bon mouton mais que j'adore l'auto-dérision, j'ai donc beaucoup apprécié UnREAL !
Spoil au 3/4 de la saison ici :
Par contre après l'histoire de la fausse lettre de suicide... je reste convaincu que Rachel est bel et bien un monstre. J'ai été bluffé tellement c'était gros, naïf que je suis !