Vernon Subutex
6.1
Vernon Subutex

Série Canal+ (2019)

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Etrange sensation que celle de trouver une série passionnante sitôt qu’elle évolue dans une construction en perpétuel recommencement sinon en circuit fermé, mais plus déceptive dès l’instant qu’elle brise cette structure. J’imagine qu’on peut renverser l’argument et apprécier le vent de liberté qu’elle s’offre dès qu’elle sort du cadre très programmatique de départ. Sur le papier, oui. Mais dans les faits ça ne fonctionne pas très bien, il me semble. En gros, dès que Subutex vire clochard parce que plus personne ne peut l’accueillir, je décroche. Sans doute parce que c’est le moment où tout le monde le recherche et que j’ai du mal à y croire. Je regrette l’attachant loser condamné à errer d’un hôte éphémère à l’autre. Qu’importe, tout le début qui narre de façon certes très cousue mais non moins jubilatoire ses retrouvailles variées avec d’anciennes connaissances de sa vie de disquaire branché a ceci de très figé que chaque épisode se ferme sur sa fuite et/ou sa mise à la porte, bref une tabula rasa permanente, dans l’attente de la prochaine retrouvaille, comme si chaque épisode pouvait exister indépendamment. C’est programmé pour se casser, pourtant on y croit à tous les coups, avec Alex, puis Xavier, Emilie, Sylvie ou Gaëlle. Sans doute parce qu’il y a aussi deux rencontres qui apportent une douce respiration à ces retours de fantômes un peu mouvementés. Deux rencontres qui elles-aussi s’évaporent aussi vite qu’elles sont apparues.


 Aucune idée de comment ça se déroule dans les bouquins de Virginie Despentes (j’avoue avoir très envie de les lire, maintenant) mais la super idée de la série c’est qu’elle ne s’intéresse pas qu’à Romain Duris. Car Subutex vie aussi, d’abord de façon très lointaine puis bientôt très directe, à travers une autre histoire parallèle, parce qu’il est bientôt doté de cassettes importantes contenant un éventuel (Dans un running gag génial de quête de caméra DV il ne parvient pas vraiment à les regarder donc à fortiori nous non plus) testament qui pose apparemment problème à un producteur de cinéma cocaïno-despotique qui n’hésite pas à engager la cavalerie pour réparer ses erreurs ou faire disparaitre les menaces qui pèsent sur lui. Cette cavalerie c’est La Hyène, géniale Céline Salette qui prend bientôt sous son aile la jeune recrue Anaïs, délicieuse Fishbach, révélation pour moi. Ce duo devient le cœur de la série, celui qui se construit de façon brinquebalante mais se construit et compense les éternelles portes dans la tronche encaissées par Subutex. Malgré une légère retombée sur ses deux derniers épisodes, plus éclatés, moins bien agencés, la série conserve une tenue, un rythme exemplaire et des supers morceaux musicaux tout du long. Quant aux interprétations, qu’elles soient ou non cabotines (Laurent Lucas, Florence Thomassin en tête) elles sont excellentes. Même sur un registre court on s’en souvient : Olga la clocharde, Kiki le trader. Et puis donc, le plus important à mes yeux, derrière cette quête de « copains d’avant » il y a une histoire d’amour un peu insolite (et une déclaration magnifique) et qui à elle seule mériterait qu’on retrouve la série pour une seconde saison.
JanosValuska
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le 30 oct. 2019

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