Versailles, un bel écran de fumée

Quand j’ai su que Canal Plus allait prochainement diffuser une série consacrée à Louis XIV, j’ai d’abord été ravi, enfin une série historique à la française ! Qui plus est, le succès des Revenants et *d’Engrenages* m’avait laissé beaucoup d’espoir. Si cette première saison est dans son ensemble de bonne facture, elle apporte aussi son lot de frustrations et de déceptions. Analyse d’un premier acte en demi teinte.

Pendant le visionnage, il faut d’abord reconnaître que l’on est transporté. On plonge dans un univers régi par les belles couleurs et le charme de la vie à la cour. On stresse, on sourit, on vit au rythme du roi et des nobles français de l’époque. Je me suis surpris à m’intéresser à l’Histoire de France et à ce roi soleil que j’étais à mille lieux d’imaginer comme un jeune homme plein d’entrain, de savoir-vivre et doté d’une vision pour son pays. De fait, les références historiques sont bien dosées et on se laisse vibrer sous la pression qui pèse sur les épaules de l’emblématique roi et de ses plus fidèles conseillers. On aime à voir que la jalousie, l’appât du gain et la quête de reconnaissance font rage dans un château qui prend ici des allures de huit-clos. On réalise que depuis quatre cent ans, ces sentiments n’ont pas cesser de co-exister près des sphères de pouvoir. On s’attache aux personnages et l’on cherche à décrypter les relations au sein de la noblesse. Intéressantes car empreintes d’un certain humanisme, ces dernières rappellent que Versailles fut un lieu incontournable dans la construction du fameux mode de vie à la française, dont nous sommes aujourd’hui les héritiers et les représentants. De par leur férocité à travers les railleries et autres complots, elles donnent finalement un bon aperçu de l’esprit carnassier qui règne dans l’entourage du roi.

Puis l’on commence à déchanter. Au fil des épisodes, l’intrigue se révèle quelque peu bancale. On s’aperçoit, avec déception, que l’intérêt de la série tient essentiellement à sa beauté et sa capacité à faire de la vie d’un homme, aussi exceptionnel fut-il, la totalité d’un scénario qui finit inéluctablement par s’essouffler. Des traitres conspirent contre le roi et la couronne, mais on lit assez vite entre les lignes et ni la surprise ni le suspens ne sont vraiment au rendez-vous. Les costumes des nobles et ceux du roi sont certes à couper le souffle, et les nombreuses scènes de festivités réalisées avec le plus grand soin. On se prendrait même presque au jeu des conspirations, on tomberait presque sous la ruse des nobles si la trame de fond était un brin plus travaillée, plus solide, si elle possédait plus de hauteur. Au final, un goût amer reste en bouche. La lenteur des épisodes et la répétition des scènes festives ne trompent plus passés quelques épisodes. Même les nombreuses scènes de sexe ne parviennent pas à effacer la faiblesse du scénario. Aucune émotion ne s’en dégage comme on pourrait pourtant être en droit de l’escompter, et cela n’arrange rien à au sentiment que la série représente un bel écran de fumée. 


*Versailles* souffre donc à mon sens d’un cruel manque d’intrigue, et c’est dommage. Comme beaucoup de séries diffusées à l’heure actuelle, elle se distingue davantage par la forme que par le fond. Parmi les bons points, on retiendra tout de même le jeu des acteurs. George Blagden (Louis XIV) et Alexander Vlahos (son frère Philippe) forment un duo de qualité et leurs intenses désaccords donnent du corps aux dialogues. La qualité des décors et des costumes mérite également d’être soulignée, en ce qu’ils parviennent à nous plonger quatre siècles en arrière au plus près des valeurs et du savoir-être à la française, chose inédite sur la planète séries.  
En conclusion, c’est une série qui a retenu mon attention grâce à un jeu esthétique de qualité, mais qui a commencé à la perdre de par son rythme lent et son intrigue qui s’essouffle à petit feu. La saison 2, déjà annoncée, devra davantage laisser place à l’action et ajouter du suspens à l’intrigue pour me convaincre.