Fer de lance des studios Marvel pour Disney+, Wandavision arrive en éclaireuse pour préparer la voie à la horde de séries dans son sillage. Avec sa politique de teasing qui a su chatouiller les plus endurcies des marvelophobes, cette première saison arrive-t-elle à s’extraire du carcan rigide des œuvres de la clique de Tony Stark ou se laisse-t-elle bercer dans les bras de ses vieux démons. Les deux, mon Captain.
Oui, les différentes bandes-annonce diffusées pendant plusieurs semaines avaient suscité un minimum de curiosité, à l’opposé de celles de Falcon & Winter soldier. Après les évènements tragiques concluant Avengers infinity wars, Wanda Maximoff semblait privée de la moindre vision d’avenir. La scénariste Jac Schaeffer s’est donc attelée à l’écriture d’hypothétiques retrouvailles entre crâne melon et bottes de skaï. Si les deux premiers épisodes laissent planer un doucereux suspens quant à l’originalité de la série, ils s’avèrent assez pénibles à regarder car il singent les productions sérielles des années 50 et 60 avec le décalage suranné qui en découle. Malgré quelques indices lâchés par endroit pour stimuler la curiosité de la fangirl Marvel, le spectacle s’enlise gentiment dans l’ennui.
C’est l’épisode 3 qui donne le premier coup d’accélérateur. Arrivée de la couleur et nouvelle unité de lieu ainsi que de nouveaux personnages et des intrigues qui se multiplient. Si l’on devine du potentiel chez les personnages de Wanda et Vision, le reste du casting fait peine à voir. Les rôles fonctions déroulent leur banalité sous nos yeux à l’instar d’une Darcy qui explique le scénario à son entourage avec son humour d’ado made in Marvel, Monica Rambeau en femme forte émancipée aux lignes de dialogues d’une rare pauvreté et Jimmy Woo le gentil agent du FBI. Tous trois se dresseront bien évidement contre le « méchant » directeur Tyler Hayward aux motivations militaro-neuneu affichées. Je ne parle même pas de la récupération opportuniste du personnage de Quicksilver et du choix de casting d’Evan Peters uniquement adoubé pour faire frémir l’encéphalogramme de la Marvel fan base.
Si l’idée de cloîtrer Wanda dans son monde idéal pour fuir une réalité lugubre est bien développée, la fin de saison et son recours aux artifices marveliens classiques plombent un final qui aurait pu faire vibrer la corde sensible plutôt que le fibre optique des abonnées. Une fois encore, Disney reste confiné dans sa zone de confort et nous ressort une antagoniste principale ridicule, double maléfique de notre fragile Wanda. Même constat pour Vision, affublé d’un Némésis privé de sa substance et de sa couleur. Si le spectacle est bien présent, les émotions demeurent absentes. Si la série arrive par moment à dissimuler certaines faiblesses avec quelques petites pirouettes scénaristiques, elle ne parvient jamais à s’élever au dessus des productions Marvel sur grand écran en termes de développement de ses personnages. La personnalité de Wanda est celle qui évolue le plus mais elle reste néanmoins rivé à une structure d’origin story de luxe, voyant Wanda découvrir l’étendu de ses pouvoirs, l’origine de ceux-ci et leur acceptation.
S’appuyant sur une production onéreuse et cohérente dans ses choix artistiques et techniques, Wandavision arrive rarement à s’échapper de l’influence cadrée de ses aînés. Et lorsqu’elle y parvient, c’est pour offrir un spectacle insipide et hors de propos. Annoncée comme un renouveau par le biais de ses bandes - annonce, la série trompe ses spectateurs après une entame surprenante pour revenir sur la voie calibrée. A l'image d'un Infinity war, Wandavision s'offre un final sur le deuil qui sera très certainement désamorcé dans une inévitable saison 2. Floués, certains pourrons crier au wandalisme devant la vision tronquée de cette promesse.