Arnold
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Série Netflix (2023)

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Arnie Arnold, Arnold Arnie, un peu d'auto hagiographie

C'est bien fait. Il y a cette horripilante façon de "reconstituer" des moments, par exemple l'enfance, qui n'ont pas été filmés à l'époque naturellement.

Mais ce procédé rend très frappant, par contraste, le fait que Schwarzie a toujours été photographié et filmé, énormément, avant même de faire du cinéma.

Il s'agit d'une véritable bête de scène, d'un personnage entièrement tendu vers ce but : prendre la lumière. Avec cette musculature presqu'obscène, et ces titres de Mr Olympia qui témoignent, somme toute, de sa capacité à se muer en un homme-phallus, constamment en érection.

Dès ses débuts, sa carrière, la réussite exceptionnelle de sa carrière tient à une aptitude fondamentale, poursuit un seul but : se mettre en scène et par là-même, au fil des expériences, mettre en scène ce récit d'un self made man autrichien, un peu plouc, qui s'approprie, dévore littéralement, comme un ogre, l'American dream.

Le narrateur, isolé dans sa grande baraque — enfin on ne filme que lui tout du long — proteste contre cette étiquette, il n'est pas self made, beaucoup de rencontres ont compté pour lui.

Ok. C'est sûrement vrai. Cependant, très peu d'entretiens en définitive dans le documentaire avec d'autres personnes d'Arnold.

Il est assez évident que Schwarzie est Républicain, même s'il a le bon goût de ne pas exhiber ses convictions politiques.

Au moins un truc qu'il n'exhibe pas.

(Cela dit, en tant que gouverneur, il dit avoir privilégié les accords transpartisans. Ça a sans doute dû avoir lieu, il a semble-t-il été sensible aux grandes causes à défendre tous ensemble. Dans le détail, allez savoir.)

Ayant toujours travaillé son image, s'il se livre ici à l'exercice du bilan, c'est parce qu'il souhaite une dernière fois peut-être souligner combien son parcours est hors-normes : exercice un brin — si peu... — narcissique, mais pas trop complaisant.

Le pitch : Arnold, c'est celui qu'a toujours inspiré une foi en son destin.

Il y a un côté triomphe de la volonté qui est plutôt irritant. Même si, il faut bien l'admettre, l'itinéraire du type est tout à fait exceptionnel, je n'ai que fort peu appris. Tout était déjà sur la place publique. La valeur ajoutée, c'est Arnie raconte Arnold, ou inversement.

(A noter que feu le frère d'Arnold s'appelait Meinhard : s'il avait eu pareil prénom, la carrière aurait sérieusement était compromise, déjà un nom à coucher dehors, c'est rude !)

Le mélange assez insupportable de candor et d'esbroufe qui caractérise Schwarzenegger se manifeste tout particulièrement dans sa campagne pour le poste de gouverneur de Californie : je me rappelle un documentaire sur le sujet, How Arnold won the West, en 2004, qui décrivait par le menu l'extraordinaire démagogie, la roublardise autosatisfaite du personnage.

En définitive, derrière cette façade clinquante, je retiendrai l'assagissement et la bonification d'Arnold, dont je préfère à n'importe laquelle de ses vie antérieures ce qu'il est aujourd'hui : un type pas si inhumain, qui intervient de façon assez sensée dans le débat public américain, un pays totalement dingue désormais, et qu'il est presque plus plaisant de voir dans sa vie actuelle que dans ces archives quelque peu grandiloquentes, célébrant une gloire assez '80s.

Mais à tout prendre, j'aurais préféré un tel format consacré à Stallone, qui est à mes yeux un personnage nettement plus intéressant, torturé, cabossé, prétentieux alternativement : un homme, pas une machine.

Bon, je vais regarder le dernier épisode : peut-être sera-t-il question de la fortune qu'il a faite dans l'immobilier, Arnold a toujours investi de façon avisée, c'est l'histoire de sa vie en somme.

(Finalement : pas un mot).

Mais je dois dire un mot de ses frasques, parce qu'il aborde plusieurs d'entre elles et que là, le sourire mécanique laisse place aux regrets voire aux remords. C'est assez courageux en somme d'évoquer ces zones d'ombre. Les cahots du chemin, qui n'est plus, de ce fait, celui d'un homme sans failles atteignant toujours son but.

C'est à l'américaine : avouer pour désamorcer, voire cacher le pire. Mais c'est plus touchant que l'image d'un vieil homme qui fume à la chaîne, dirait-on, des bâtons de chaise probablement bien coûteux.

Mathieu-Erre
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le 16 juin 2023

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Mathieu Erre

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