Babylon 5 par Bung

Voilà le genre de série qui arrive à créer un certain engouement (j'aime les euphémismes) et qui est du genre à vous interroger sur le pourquoi du comment allié à une sorte de curiosité sociologique sur ces passionnés limite extrémistes - j'exagère un peu hein.

Quoiqu'il en soit, l'une des forces de cette série, c'est d'arriver à vous donner envie d'en être. D'être un de ces innombrables extraterrestres voguant dans l'espace et pris au piège dans ces innombrables batailles, côtoyant d'improbables monstruosités tout aussi improbables (comme les Vorlons) et pris au piège dans cette station secouée par d'innombrables conflits.

Oui mais voilà, ça va, ça vient, c'est bien, c'est pas mal, c'est sympa, ça tabasse, c'est... ampoulé en vrai.

Tout d'abord, il y a un fil conducteur, une histoire qui s'inscrit sur sa globalité, et qui rend le tout intéressant, mais qui renvoie, pour le coup, Babylon 5 dans le domaine du divertissement. D'habitude, les séries SF et de Space Opera (les deux sont différents hein) abordent des thématiques disons philosophiques (les phénomènes spéciaux étant alors des questions larges sur le rapport des hommes avec tout ce qui peut composer son environnement).

Sur ce point, Babylon 5 est anecdotique. Les thématiques sérieuses sont banales et si certains épisodes indépendants des fils rouges sont sympathiques pour la plupart (il y a quelques ratés mais enfin, globalement c'est relatif au niveau global et celui-ci est loin d'être mauvais), on reste pas mal sur notre faim par leur fadeur, et leur manque d'implication pour le reste de l'histoire. Nous avons tout un tas de races, de vaisseaux, d'aliens "différents" (j'y reviendrai), d'organisations (humaines et aliens) mais les auteurs n'en font rien (ou pas grand chose) car malheureusement tenus par les grands arcs (tel que la guerre des ombres et la mutinerie de Babylon 5). C'est d'autant plus embêtant que nous sentons bien qu'il y a un potentiel monstrueux autour de cette petite base perdue au fin fond de l'espace et qui sert pourtant de terrain neutre.à tout un tas de races diverses, impliquées dans tout un tas de conflits commerciaux, de guerre, diplomatiques... Sans oublier les intrigues internes à chaque race.

A noter quelques épisodes sympas qui donnent de la place à autre chose que le commandement. Nous avons l'occasion de suivre des ouvriers de la maintenance pris au milieu du bazar de la station, et d'autres épisodes où tout ne finit pas forcément bien, comme cet épisode où une race entière se fait annihiler par un virus. Même si la scientificité de cette épisode reste discutable (Ni la peste noire, ni le choléra, bien malgré leur gravité, n'ont anéanti la population européenne à des périodes où nous ne pouvons pas dire que l'humanité avait progressé médicalement parlant, alors pour quelle raison une race spaciale bien plus évoluée se ferait anéantir par un virus ?), il n'empêche que ça lui donne un cachet "d’ambiguïté" bienvenu.

En parlant de race, il n'y a guère que de l'humanoïde avec des visages et certains aspects variable. Le reste existe (on vous le montrera de temps en temps), mais les interactions seront peu nombreuses, hors d'Argos, un insecte qui "fait des affaires". Toutes sortes d'affaires... Autrement, nous devrons nous contenter d'une certaines répétitivité au niveau aliens, et c'est bien dommage. Tout comme d'ailleurs nous devrons nous contenter de trois races principales (hors humaines) et demi (les vorlons, qui interviendront de temps à autre) autour du commandement de la base. Parmi les nombreuses déceptions, mais compréhensibles au vu de son caractère titanesque à construire, les intrigues politiques se résument à Londo (le Centauri) et G'Kar (le Narn) qui se font épisodiquement quelques coups tordus, mais les coups en question s'oublient vite pour ramener vite fait les personnages en question vers les intrigues principales, la série ne disposant pas réellement de la place pour les accueillir. Ca donne malheureusement, en plus de la non-présence des autres races au sein même du conseil - entendu par là qu'elles sont présentes mais n'interagissent que très peu et que leur avis est de toutes les façons négligé - un côté un peu bâclé.

Reste les deux intriques principales. Elles sont plutôt sympathiques. La première offre au spectateur une gestion impeccable des voyages dans le temps, et ça chapeau, surtout que les risques étaient grands de se planter au vu du but recherché et se sert d'une partie du corps des intrigues Narn/Centauri. Pour ce qui est de la deuxième... Il est clair que ça manque d'ambition. Pour quelle raison ne pas avoir mis à l'honneur les extraterrestres ? Un vrai plongeon dans les intrigues diplomatiques et mettre à l'honneur les autres races de la ligue ? Il y avait tellement à faire que cette histoire balourde de dictature terrestre... Tiens, le fait que Mars ait pris son indépendance ! Ils auraient pu envoyer un ambassadeur sur Babylon 5. Cela aurait pu créer une sous-couche diplomatique et créer des dissensions, imbriquées dans un conflit principal entre ET...

Babylon 5 est une série qui est piégée à la fois par son univers (quasi infini, et vraiment inspirant) et ses contraintes techniques (ces restrictions formatant le nombre d'épisodes par saison est vraiment pénible au possible).

Il n' y a rien dire sur la technique. C'est de la télé. Il y a occasionnellement de bons plans, mais le reste est propre et bien calibré. Les effets spéciaux en CGI ont vieilli (et sont parfois loupés, ça arrive..), le dur est comme d'habitude au taquet, et lui va bien, merci pour lui.

Alors oui, Babylon 5 est une bonne série, vivante, agréable, vers laquelle on revient régulièrement, mais à l'univers sous exploité. Dont le paradoxe est là: Enlevez l'univers, et il ne reste en vrai plus grand chose, et c'est fort dommage d'avoir un tel univers juste pour que la station se mobilise contre un dictateur terrien de pacotille (il tue ses opposants, torture les autres et impose le couvre-feu - bouh qu'il est vilain !)... Et c'est l'univers qui vous donne envie de la revoir.

Note: Les téléfilms sont assez moyens. En tout. C'est du banal sympa pour meubler le fond sonore. Là, par contre, c'est bien malheureux, parce que cela montre que les créateurs de la série ne savaient pas réellement quoi faire de leur univers...