Beethoven Virus
6.7
Beethoven Virus

Drama MBC (2008)

Thèmes : Musique classique / Création artistique / Amitié
Romance : 30 % / Bromance : 70 % / Paternalisme : 10% / Féminisme : 40 % *


Kang Gun-woo, quarante ans, est l’un des deux chefs d’orchestre les plus réputés de Corée du Sud. C’est un artiste terriblement exigeant à la personnalité explosive et à la réputation désastreuse, ne restant jamais très longtemps auprès du même groupe de musiciens et capable d’interrompre un concert dès lors que quelque chose empiète sur ses exigences.
Du Ru-mi est une violoniste ayant dû renoncer à faire de la musique son métier. Fonctionnaire de la ville de Seokran, elle est à l’origine d’un projet pour faire de cette dernière une ville musicale avec un projet orchestre et un concert. Pour cela, elle se retrouve dotée d’une enveloppe budgétaire … qu’elle perd étant arnaquée. Abandonnée par les musiciens, elle se voit contrainte d’en recruter de nouveaux. Seuls des amateurs se présentent, dont le jeune Kang Gun-woo -qui porte le même nom que le célèbre chef d’orchestre- agent de circulation et trompettiste amateur, qu’elle supplie de se joindre au groupe.

Du Ru-mi engage le maestro Kang pour diriger le concert. Celui-ci, découvrant que le bas niveau des membres de l’orchestre, met beaucoup de mauvaise volonté dans la préparation du concert...


J’avais déjà vu passer ce kdrama au fil de mes pérégrinations sur les sites et les groupes. Je ne suis pas fan de musique -et encore moins de musique classique- et les films/séries sur le thème, ce n’est pas forcément ce qui m’attire en premier. Je me suis lancée sur celle-ci parce que j’aime bien suivre un fil conducteur quand je choisis un drama, et le fil conducteur est souvent un(e) comédien(e). Là, j’ai suivi le fil Kim Myung-min. Et mon Dieu que j’ai bien fait ! J’ai été littéralement emballée par Beethoven virus, du début à la fin. Rares sont les séries où j’accroche dès le premier épisode, mais ce fut le cas ici.


J’ai adoré l’ambiance, le cercle des musiciens, le côté chaleureux de l’histoire, les arcs narratifs de chacun et le trio de personnages principaux : les deux Kang et Ru-mi.


Dans beaucoup de résumés (en même temps, c’est souvent le même qu’on retrouve à droite et à gauche), on parle de “triangle amoureux” les concernant. Mouais… C’est un peu le cas, c’est vrai, mais ce n’est pas un triangle amoureux tel qu’on peut le voir dans d’autres dramas : la romance ne suit pas les clichés du genre n'est pas centrale...


Ce qui est central, c’est la musique. La série magnifie la musique. Tout est musique dans Beethoven virus. Même dans le premier épisode, lorsque Ru-mi est désespérée d’avoir perdu l’argent et les musiciens et qu’elle se trouve en haut de cette falaise, pensant à faire le geste fatal de sauter, le reflux des vagues produit une sorte de musique, avant que la vraie musique envahisse la scène et que les notes caractéristiques de la neuvième symphonie de Beethoven résonnent. Notre héroïne, minuscule, se trouve au bord d’une falaise, surplombant l’océan. Face à elle, le vide au dessus de l’eau, et plus loin une autre falaise, plus haute, infranchissable. Exactement comme ce qui lui semble être sa tâche à ce moment-là. Et elle plonge. Là voilà dans l’eau, coulant, dans un monde sans note. Mais c’est sans compter sur son optimisme et sa détermination. Elle ne restera pas dans le monde du silence…


Du Ru-mi est l’un des personnages féminins parmi les plus émouvants que j’ai vu dans mes incursions kdramas. Elle est débrouillarde, intelligente, chaleureuse, dévouée et indépendante. Son amour pour l’un des deux Kang (nan, je ne vous dirais pas lequel !) va cependant la conduire vers bien des tourments. Alors, oui, me direz-vous, c’est toujours un peu comme ça dans les dramas. Et bien en fait, non. Certaines des scènes de Beethoven virus entre les deux sont vraiment très très belles scénaristiquement parlant, et la romance prend un chemin un peu différent. J’aime vraiment beaucoup Du Ru-mi. Certaines de ses scènes sont déchirantes. Je pense notamment à celle où


elle choisit de s’allonger sur le sol d’une salle de cours, la tête tournée à l’opposée de son interlocuteur et où elle doit répéter ce qu’il lui dit...


Ce qui devient impossible pour elle à ce moment de l’intrigue car la jeune femme devient peu à peu sourde (pas de spoil, on le sait dès le premier épisode), le pire qui puisse arriver à une musicienne. Et encore plus à une musicienne qui vient de retrouver son art. Au sujet de la surdité, on peut noter que deux scènes se passent dans l’eau (où Ru-mi s’y retrouve plongée). Ce n’est pas une coïncidence : l’eau, c’est le monde du silence. Finalement, le premier épisode où elle se retrouve immergée est un prémisse à ce que le destin lui réserve…


Le jeune Kang Gun-woo est le personnage feel good dans toute sa splendeur. Il est jeune, beau, d’une gentillesse à toute épreuve. Il va très vite s’imposer dans le groupe de musiciens comme un leader, aidant les uns et les autres, répondant à leurs interrogations. Rapidement, délaissés par celui qui devrait être leur guide (le maestro Kang Gun-woo), les musiciens vont se raccrocher à Gun-woo, qui va s’avérer être doué pour la musique. Très doué… Le maestro Kang va s’en apercevoir très vite


et va le prendre comme élève. Car Gun-woo a l’oreille absolue, comme Mozart. Et son rêve serait de devenir chef d’orchestre lui aussi. ll est amusant de constater qu'il "dirige" déjà dans son métier de policier en faisant la circulation juste avant le concert.


Le maestro Kang (interprété par le grand Kim Myung-min donc) est un personnage hors catégorie. Il est imbu de lui-même, odieux avec tout le monde mais projetant une image d’un tel charisme qu’il est impossible que quelqu’un ne comprenne pas qui est le patron en sa présence. Sa relation à Ru-mi et à Gun-woo est le moteur de la série. Le triangle formé par les trois est un trésor d’écriture. Avec Gun-woo, sa relation


passe du mépris au respect, puis par un lien filial indéniable.


Avec Ru-mi, c’est une relation


d’admiration amoureuse, la jeune femme étant très rapidement attirée par le maestro, qui lui, ne comprend pas ce qu’elle peut bien lui vouloir…


Le maestro est un personnage que le spectateur ne peut pas s’empêcher d’admirer et d’aimer (exactement comme Gun-woo et Ru-mi) malgré ses nombreuses sautes d’humeur, ses phrases assassines et violentes. Il est un peu comme un enfant : il dit ce qu’il pense, avec la volonté de ne pas encourager inutilement des talents qu’il ne juge pas digne de figurer parmi ses musiciens. Traumatisé par une enfance difficile, mais transfiguré par la musique - seule chose immuable à ses yeux-, il lui a dédié son existence. Absolument rien ne peut être à son niveau… Le personnage est insupportable, complexe, d’une intelligence redoutable, passionnant et attachant. Il m’a beaucoup fait penser à l’image qu’on se fait de la personnalité des grands génies de la musique, solitaires et colériques, notamment Beethoven... La série évoque aussi bien sûr le génie artistique et ses excès...


Les autres personnages sont tout aussi intéressants. Ce n’est pas toujours le cas dans les séries où on s’ennuie un peu avec certaines des intrigues mineures parallèles, moins captivantes. Ce n’est pas le cas dans Beethoven virus : on suit les histoires des autres personnages avec bonheur : de la lycéenne Ha I-deun (rappel à Haydn !) et sa relation avec le vieux clarinettiste Kim Gap-yong,


qui perd peu à peu la tête


en passant par Hee-yeon, femme au foyer étouffée entre un mari et à des enfants qui ne lèvent jamais le petit doigt. Ou encore par Hyeok-gwon qui lutte pour faire vivre sa femme enceinte et sa petite fille…


La série est un hommage à la musique classique, et si on n’a jamais été bercé dedans (mon cas), on le regrette ! On est plongé dans ce monde d’une passion et d’une beauté sans pareille et dans la vie de ceux qui le transmettent ce monde aux autres. La musique y est superbement interprétée et les passages musicaux ne sont jamais redondants ou ennuyeux. Ils sont beaux et émouvants et viennent accompagner les personnages dans des moments clés de l’histoire.


Les comédiens sont formidables, particulièrement Kim Myung-min dans un rôle taillé pour sa carrure de comédien-lion. La relation qu’il entretient avec Lee Ji-ah (Ru-mi) et Jang Geun-seok (Gun-woo) est super belle. Ils sont tous les trois vraiment inoubliables.


J’ai également trouvé le drama très drôle (les multiples sautes d’humeur du maestro mais aussi l’humour apporté par plusieurs membres du groupe, le ridicule de certains personnages).


Autre point à souligner : la série donne aussi à réfléchir sur la place de la musique dans la société et plus largement sur celle de la culture (souvent parent pauvre des politiques publiques) : c’est tout l’arc narratif qui suit le maire et son successeur. Elle est aussi un hommage à tous les musiciens - à tous les artistes même par extension - qui ne peuvent pas toujours vivre de leur art. L'accent est plusieurs fois mis sur les difficultés des membres de l'orchestre à jouer, déjà, parce qu'il faut bien vivre et joindre les deux bouts et ainsi la musique, à laquelle ils ont pu se consacrer pendant des années, devient un souvenir car ils sont bien obligés de trouver un travail rémunéré. Par exemple Du Ru-mi a du abandonner son violon pour un travail de fonctionnaire, à son grand désarroi...


La série, enfin, en rendant hommage à la grande musique, rend hommage à ses grands compositeurs. Il est à noter que de nombreuses scènes semblent avoir été tournées à Petite France, ce parc dédié à Antoine de Saint Exupéry et à son Petit Prince, près de Séoul. Une façon sans doute d’injecter un peu d’Europe dans la série et donc de se rapprocher des compositeurs classiques européens. D’ailleurs, le milieu dans lequel évolue le maestro Kang, c'est l'Europe (il s'est expatrié là bas) et plus la Corée . On a également donné à Kim Myung-min un look vieux jeu, distingué et une coiffure proche de celle de Beethoven en fait dans les portraits connus de lui...


Beethoven virus est un magnifique drama humain, beau, rempli d’humour et d’émotion à la fois, série-hommage au quatrième art et à l’amour des sud-coréens pour la grande musique. C’est aussi une série qui parle d’ouverture d’esprit : la métamorphose par la musique, l’échange entre générations d’artistes, l’apprentissage, la philosophie de l’expression musicale, l’essence du musicien...


Un mot sur la toute dernière scène qui laisse une fin ouverte au spectateur :


que se passe-t-il après ce dernier concert ? L’orchestre municipal va-t-il gagner son combat face au nouveau maire ? L’orchestre de Gan-woo et Ru-mi parviendra-t-il à continuer à jouer ? Et le maestro Kang ? Repart-il vers l’Europe, laissant derrière lui ces musiciens qu’il a formé et dont il a changé la vie autant qu’ils ont changé la sienne ? Ou reste-il à Seokran auprès d’eux ? Il y a un côté Mary Poppins ou Nanny McPhee à cette fin. Elle est à la fois triste et pleine d’espoir. Le maestro Kang a changé la vie et le destin de cette poignée de personnages, autant que eux ont changé la sienne...


J’ai vraiment été très émue et enthousiasmée par cette série qui me laisse un grand vide.


*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094

ElizzZed
9
Écrit par

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Créée

le 12 juil. 2021

Critique lue 258 fois

Aglaé Brisetin

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