Black Sails
6.8
Black Sails

Série Starz (2013)

Lorsque les grosses ficelles deviennent des cordages

Attention ceci concerne l'ensemble de la série, quelques spoiler trainent ça et là..*
D'abord j'ai réussi à aller au bout des quatre saisons, ce qui n'est pas toujours le cas de toutes les séries. Donc cet avis dévoile quelques trucs spoilant...



Pourquoi j'ai pu aller au bout ?



A cause de ce qui est accessoire mais tout autant indispensable : beauté des cadres, des scènes de bataille, des images en général et des bateaux en particulier, profusion de figurants et intérêt pour les personnages secondaires : Anne Bonny par exemple, après des premiers épisodes passés à jouer The Look, prend du coffre (pouvais pas le louper) jusqu'à devenir une personnalité crédible autant qu'attachante (n'est-ce pas Rackham ?).



Pourquoi j'ai baillé ?



pour les dialogues à rallonge sondant l'âme shakespearienne des personnages principaux
- Je te fais confiance
- Tu es sûr car moi je ne suis pas sûr
- Si tu n'es pas sûr c'est que tu n'as pas les mêmes intérêts que moi mais ça changera
- Ca y est j'ai changé, je te fais confiance
- Trop tard moi aussi j'ai changé et je ne sais plus si tu es digne de confiance
- Ca serait mieux si on faisait une vraie psychothérapie, non ?
- Plutôt une psychanalyse, tous les scénaristes font ça.
Même si les personnages historiques sont souvent issus de la bonne société anglaise, leur discours tient plus de la récitation que du langage parlé sauf Anne Bonny, putain de bordel.



Pourquoi j'ai failli décrocher ?



les incohérences. Non pas celles avec la réalité historique, les pirates naviguant dans un contexte réaliste (élections, partage de butin, etc) mais par celles propres à la logique du récit. Exemples : Flint détruit le fort avec un navire de guerre chipé aux espagnols, Vane envahit ce même fort avec quelques acolytes et l'obsession est de rebâtir le fort tel quel mais nullement de se poser des questions sur la fiabilité de la défense du port. Et pourtant le récit nous montre ces pirates comme de maitre-tacticiens.
Une autre ? On nous montre M. Scott en "ravitailleur" de l'ile des esclaves fugitifs sur laquelle vivent sa femme et sa fille. Or pour les joindre il ne dispose au mieux que d'une barque chargée munie au mieux d'une voile (cf épisode où il est blessé). Pourtant cette ile n'est atteinte qu'après une tempête et 12 jours minimum de pot au noir dans les Sargasses par Flint. L'ile aux esclaves serait-elle celle de Lost pour se déplacer suivant les besoins du scénario ? Et les absences de M. Scott prises sur ses RTT ?


les déclamations. Bon d'accord c'est mieux que les marmonnages incompréhensibles couverts par une musique insipide des séries françaises, mais ajoutées aux textes parfois pontifiants ça devient vite irritant... et on attend que cela leur passe


les découpages. Pour créer des relances d'intérêt le scénario offre moult suspenses artificiels. On commence une scène qu'on ne finira qu'après les 4 ou 5 scènes concernant d'autres personnages. Cela donne l'impression d'absence de continuité et empêche l'immersion (gimmick utilisé par beaucoup de fils narratifs), et comme certains dialogues donnent l'impression de délayer la sauce pour remplir l'épisode et les saisons, cette technique donne la double impression d'un manque d'imagination des scénaristes, d'un manque de naturel comme si les scènes englobaient les actes d'une pièce de théâtre et non le contraire. Trop de cliffhanger effrite la falaise et on voit que ce n'est que du carton pâte. De fait à la va-vite de la même manière que beaucoup de retournements de situations tiennent du deus ex-machina. A propos de falaise, l'apprentissage du combat au sabre que fournit Flint à Silver est très pénible au moment où il intervient (fin quatrième saison). Cela sent le rajout pour insister sur le côté "je suis ton ami" mais je t'affronterai. En bref ce procédé associé au deus ex-machina et les deux répétés ad vomitum tiennent du gimmick qui efface les cas où les retournements de situation sont surprenant mais peuvent paraitre logiques (cf Vane à Charleston)


Dans un registre similaire, Anne Bonny affronte le goliath anglais lorsque l'équipage est prisonnier après la mort de Barbe Noire. Et cela fait irréel. Non pas l'affrontement et le succès de l'objectif d'Anne Bonny mais l'absence d'arrogance du goliath (genre "j'ai pas besoin d'un maillet géant pour vaincre une femme") arrogance qui se retournerait contre lui et rendrait son échec plausible. Ou la mort du vieux pirate par crise cardiaque. Contexte : Rackam discute avec ses comparses. Soudain un pirate entre dans la cabine et annonce un grave problème. Mais qu'est-ce donc ? Un navire ennemi, une rébellion. Non le pirate a eu une crise cardiaque ! Mais alors qui va guider le navire vers l'ile du Squelette ? On est rassuré immédiatement : le second qui a fait parlé le vieux. Question : à quoi sert tout ça sinon à du remplissage. Tant qu'à faire pourquoi ne pas faire mourir le vieux lors de la scène avec Rackham où il confierait son bonheur d'avoir pu naviguer libre une dernière fois ?


Au final, le final est très happy ending mais confus, comme souvent lors de trois saisons sur quatre. Je n'ai pas pu comprendre le sort réservé aux esclaves marrons dans la nouvelle Nassau. Ni pourquoi Silver renonce à la cache du trésor. Pourtant composantes principales de l'action des saisons 3 et 4.


En conclusion : 5 parce qu'il y a des tempêtes et pas seulement en mer. Mais 5 parce qu'il y a trop de calmes très plats où rien n'avance.

Gronchon
5
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le 9 mars 2018

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Gronchon

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