Crazy Ex-Girlfriend
7.1
Crazy Ex-Girlfriend

Série The CW (2015)

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Derrière son titre inquiétant... une série d'une grande intelligence !

Je viens de regarder le dernier épisode de CXG, qui se trouve être un concert live, compilant des chansons marquantes des 4 saisons.
Un vrai cadeau empoisonné qui fait repenser à tooouutes ces chansons adorées qui n'y ont pas figurées.


Comme le générique de la dernière saison le résume bien... "Rebecca Bunch est trop dure à résumer"
Annoncée comme un ex-cinglée, elle est néanmoins l'héroïne de sa série !
Après avoir croisé son ex-amour de jeunesse (une amourette de camp de vacances) Rebecca, avocate new-yorkaise, décide de tout plaquer pour le suivre dans son bled natal de West Covina en Californie et tenter de le reconquérir.


Si elle est (pathologiquement) à la recherche de l'amour, elle trouvera finalement bien mieux - à commencer par des amis fidèles, représentés par un casting/un ensemble formidable. Référencée, et auto-référencée, la série évoque les chansons de Lonely Island, les délires de JD dans Scrubs (en moins omniprésents) avec un point de vue complètement nouveau - puisque féminin - et reste foncièrement originale pendant ses 4 saisons.



Triple threat : scénario, musique, humour...



Chaque épisode inclut au moins deux chansons originales, parodies de genre existants et/ou de chansons spécifiques.
Multi-récompensée, la série est restée relativement confidentielle, du fait de son titre un peu menaçant et de son casting d'anonymes qui ne répond pas vraiment aux critères esthétiques de la série-pour-fill-euh.


Pourtant, il s'agit d'un véritable bijou de drôlerie, d'émotion et, finalement, d'humanité !



La subversion du genre romcom : mine scénaristique



En tant qu'ex-cinglée, Rebecca Bunch aurait dû être l'antagoniste : déséquilibrée, obsessive, manipulatrice et (même) riche !
Mais, tout reprenant les codes des comédies musicales ou romantiques - aux personnages stéréotypées et aux intrigues simplistes - CXG applique un procédé comique (et parodique) redoutable : tous les personnages sont en réalité complexes - à commencer par l'héroïne !


Liste non-exhaustive, pleine de spoilers (et de chansons) :



  • L'autre femme n'est pas la méchante... l'héroïne est la méchante ! (I'm the Villain in my Own Story)

  • Être forte ne suffit pas, un peu d'esprit critique c'est bien aussi (Face Your Fears)

  • Le couple trop mignon ne tient pas la route... et ce n'est pas grave (voir aussi, c'est pas parce qu'on a deux personnages avec la même orientation sexuelle qu'ils doivent finir ensemble) (The Group Mind Decided You're in Love)

  • Une sidekick de romcom un peu trop impliquée... c'est finalement assez flippant ! (After Everything I've Done For You (That You Didn't Ask For))

  • Si une relation commence avec négligence, puis tromperie, puis absence de communication, c'est pas qu'il faut se battre pour elle, c'est peut être juste... une relation de merde. (It Was A Shit Show)

  • Les mecs sexy ont aussi des problèmes (avec la chanson éponyme : Fit Hot Guys Have Problems Too)

  • Un mec qui attend fidèlement malgré un évident manque d'intérêt de la part de l'objet de sa flamme... a sans doute de sérieux problèmes d'estime de soi

  • La vie n'est pas un film, elle n'a ni logique, ni cohérence (The End of the Movie ft. Josh Groban)



Féminisme par l'action



C'est également une des rares séries féministe que je puisse citer.
Et la seule que je connaisse qui arrive à être dans la démonstration féministe - par son concept-même ou sur des sujets spécifiques - sans ressembler à atelier de sensibilisation aux problématiques de genre.


Nouvelle liste à l'appui :
(je prends cette critique comme une excuse pour revisiter les meilleurs moments...)



La série se fait également fort de déboulonner les non-dits autour du sexe et de ses implications : infection urinaire (I Gave You a UTI), flashbacks non souhaitables (mei-ll-eurs jeux de mots de toute la série, et magnifique hommage à Gene Kelly : We Tapped That Ass), peur de rencontrer un serial killer sur Tinder (Sex with a Stranger), propositions un peu trop directes (en mode Ed Sheeran : Let's Have Intercourse)...



Des personnages qui souffrent de maladie mentale, sans faire souffrir aussi le spectateur !



Autre thème porté par la série : la maladie mentale (dépression, alcoolisme, etc.)
Thèmes très à la mode en ce moment, CXG approche les différentes manifestations de troubles mentaux qu'elle représente de manière rafraîchissante par rapport à de nombreuses séries romantiques actuelles (Love, You're the Worst, Girls...) et parvient à préserver le quotient sympathie de ses personnages, malgré leurs comportements parfois discutables.


Ces questions motivent les meilleurs chansons de la série - y compris le générique de la saison 2 !




Très méta et finalement très romantique quand même !



CXG est très consciente d'être une série qui démonte les clichés et se lance dans l'autoréférence sans problème.
Les personnages prennent souvent conscience de leurs propres problèmes en regardant d'autres personnes avoir la même attitude qu'eux. Un reflet de la relation que CXG veut développer avec ses propres spectateurs.


Pourtant, malgré toute cette complexité - de la multiplication des références, à la richesse des arcs narratifs, aux messages de self-care - c'est une série qui croit fort en l'amour (un amour rationnel) et pour ça, je l'aime fort aussi !


(Oh My God I Think I Like You)


Je termine avec mes 2 chansons préférées :



  • Settle for me (hommage aux comédies musicales de Fred Astaire et Ginger Rogers) - qui est la chanson qui m'a fait regarder la série !

  • The First Penis that I Saw (mei-lleu-re parodie de Mamma Mia pour l'éternité)


CXG... Je ne sais pas comment je vais te remplacer !

Æsahættr
8
Écrit par

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Créée

le 18 avr. 2019

Critique lue 783 fois

4 j'aime

Æsahættr

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4

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