Barbie-Touvier-Papon: 3 séries et 3 procès vus: Attitude des 3 intolérable.

À chaud, ayant à l’époque, enregistré le procès de Barbie, en 1987, sur VHS, je n’ai jamais eu le temps de le visionner. Cette série m’a permis de constater 3 choses essentielles : 1) La Croix Rouge a fourni un laisser-passer à Barbie pour partir en Bolivie et le laisser tranquille 40 ans, 2) KB a eu un sourire narquois tout le long des audiences durant lesquelles il était présent, ne s’excusant pas, niant les faits et n’ayant rien à dire, gardant le silence. 3) Jacques Vergès a osé évoquer la guerre d’Algérie et le colonialisme pour implorer La défense d’une véritable ordure et s’est fourvoyé en osant dire: « les animaux n’ont aucune perversion et donc que ce sont les femmes juives qui ont incité les chiens, par leur position, à avoir des relations sexuelles zoophiles ». Ça se passe de commentaires ! Venons en à Paul Touvier: des milliers de pages, d’archives, feuilletées par le juge et autres au cours du procès lequel arrive bien trop tardivement. Condamné à mort à deux reprises en 1946 et 1947, il a bénéficié de l’aide de curés pour se cacher en France. Il faut dire que Paul Touvier a été gracié en 1971 par Pompidou, même s’il a pu échapper à son sort, en raison des prescriptions et grâce aux institutions catholiques religieuses (encore elles), qui l’ont recueilli lui et sa famille. Son attitude est placide tout le long des audiences, allant jusqu’à nier l’évidence, lorsqu’un témoin oculaire essentiel, incarcéré à Lyon, a échappé au sort des 7 juifs assassinés devant le cimetière de Rillieux (ils avaient entre 20 et 25 ans). Assassinés un 29 juin 1944, en représailles à l’assassinat à Paris d’un milicien. Car la question est de savoir si Touvier a reçu l’ordre des SS de tuer ces 7 hommes ou si c’est lui qui l’a ordonné de son propre chef. Quand bien même il s’agit de crimes contre l’humanité, puisqu’il a épargné l’homme non juif venu témoigner à la barre, lors du procès en 1994. Pas un seul regard vers ce témoin qui raconte les tortures qu’il a subies, témoignant des suicides d’autres résistants par peur de parler sous les sévices. Paul Touvier, contrairement à KB, parle mais de manière inaudible et à chaque fois pour assurer qu’il ne participait pas aux exécutions ni aux tortures et arrestations car Monsieur n’aimait pas la Violence !? Ça n’était pas lui mais les autres qui faisaient le sale boulot à sa place. En aucun cas, il n’était anti sémite, dixit sa famille et lui même alors qu’il tenait des carnets avec de nombreuses annotations à caractère anti sémite. Le déni comme unique défense. Je n’aurais pas aimé être jurée à un tél procès…Combien d’autres chefs miliciens ont coulé des jours heureux après la guerre? Des lectures complémentaires s’imposent derrière une série trop restreinte pour de tels abjects personnages. Quant à la série sur Papon, c’est assez indigeste tout en étant indispensable ! Voir un homme de 87 ans, droit comme un i ne manifester aucun remord, aucune excuse et même s’emporter sur les accusations dont il fait l’objet semble pitoyable. Cet ex ministre sous Giscard comparaît à son procès en candidat libre en raison de son âge. Des tas de pièces justificatives de ses ordres et signatures au sein de la Préfecture de Bordeaux sont présentées, il persiste à nier. Lorsque les 3 secrétaires femmes viennent témoigner à la barre, de leurs activités au sein du bureau de la question juive, consistant à classer méthodiquement des fiches de renseignements relatives aux personnes juives, il nie. D’ailleurs pourquoi les 3 ne sont-elles pas inquiétées ? Une survivante née en 1934, enfant caché, vient relater que ses 2 sœurs cachées elles aussi, âgées de 3 et 5 ans, renvoyées à Drancy en train, après avoir été récupérées dans leur famille d’accueil, Papon s’emmêle les crayons en disant que ce sont leurs parents qui les ont réclamées. Or, les parents ont été déportés de Drancy vers Auschwitz en juillet 1944 et donc, en août 1944, il n’était pas possible qu’elles soient réclamées par leurs parents morts dès juillet comme le juge s’évertue à le souligner à Papon. Ce dernier n’éprouve et/ou ne manifeste aucune émotion lors du témoignage de la sœur rescapée ni à la diffusion des photos des 2 fillettes, photos qu’il avait balancées lors d’une émission TV, en 1997, 1 an avant le procès. Ce cher monsieur quittera la salle, fougueux, lors d’une autre démonstration de son implication. Il reviendra dans la salle d’audience avec sermon du juge le prévenant que s’il recommence, il sera considéré comme quelqu’un commettant outrage à la justice. Le seul moment où il manifeste un peu d’émotion est lorsque le juge le plus jeune de sa Défense intervient et plaide en sa faveur. Le procès sera interrompu durant 72h, le temps de laisser Papon se rendre à l’enterrement de son épouse décédée au cours du procès. Mr assiste en comparution libre et est hébergé toute la durée de son procès dans un relais château 3/4 *. Contrairement à KB, qui ne répond à aucun chef d’accusation, Maurice Papon, lui, a constamment une réponse. À la question : «  Pourquoi avez-vous arraché un bb des bras de sa mère, si vous ne saviez rien », il trouve encore et toujours une réponse plus ou moins crédible à apporter. Je n’ai pas trop compris pour qu’elle raison maître Arno Klasfeld est intervenu en sa faveur, sachant qu’il lui serait reproché si Papon s’en tirait à zéro condamnation ?! Jean-Louis Castagnède, magistrat, est imperturbable et impeccable dans sa manière calme d’interroger Papon. Il décèdera en 2007, peu de temps après Papon. Ce dernier n’écope que de 10 ans de prison, avec sur la conscience environ 1600 juifs et 200 enfants envoyés vers Drancy grâce à ses ordres. Il ira jusqu’à mettre en place des bus et taxis pour récupérer les enfants à l’abri, déjà placés dans des familles d’accueil. Les bus seront également affrétés pour transporter des adultes. Sa réponse: « l’on ne pouvait pas laisser aller à pied ces «pauvres gens» de Bordeaux à Drancy ». Procès d’un «fonctionnaire exemplaire», lequel n’a pas de sang directement sur les mains contrairement à KB et Paul Touvier mais a bel et bien participé au génocide et à la solution finale. Condamné en 1998, il sortira au bout de moins de 3 ans, pour raison de santé et décédera chez lui le 17/2/2007, à 96 ans. Impossible de résumer une série sur Papon de 3 fois 55 minutes, un procès qui dura 6 mois après 16 années de préparation. Moi, ma question est: pourquoi est-il devenu ministre du budget du 6/4/78 au 13/5/81 ??? Après avoir été maire, préfet de Police de Paris puis Député. À la barre, plusieurs résistants de source sûre viendront témoigner en sa faveur : «C’était l’un des nôtres». Plusieurs avocats et/ou magistrats lui feront ressortir que d’autres Hauts Fonctionnaires au sein d’autres préfectures durant 39-45, n’ont pas fait de zèle au point d’obéir à la lettre aux SS, surtout après que le débarquement ait eu lieu et donc que les allemands avaient perdu la guerre. Son procès est celui de crimes de papiers contre l’humanité. Dossier complexe. Des audiences théâtrales côté avocats. De toute manière s’il avait pris perpétuité, vu son âge ! Il a mené à la mort des enfants de 2/3/4/5 ans et + et lui, a vécu jusqu’à 96 ans… No comment !

PassionArt7
9
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le 4 mai 2025

Modifiée

le 8 mai 2025

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