Record de nullité
bjr ... que de temps perdu a regarder ... c'est lent.. c'est compliqué.. et la fin ...j'en parle même pas
Par
le 18 mars 2024
Voir la série
Londres. Un appel anonyme d’une jeune femme terrifiée à la police, brutalement interrompu, sème le doute dans l’esprit de June Lenker, jeune policière soutenue par sa hiérarchie qui cherche à renouveler les effectifs en incorporant plus de femmes et de personnes de couleur, et la pousse à remettre en question une ancienne enquête menée par un éminent détective, qui a conduit à l’incarcération d’un possible innocent.
Il est clair d’entrée de jeu que cette co-production américano-britannique qu’est Criminal Record coche toute les cases idéologiques bien-pensantes du moment. Son sujet semble avoir été écrit par une AI à qui on aurait demander d’écrire l’histoire le plus « woke » (pour reprendre cette fois le terme à la mode chez les bons vieux réactionnaires de chez nous) possible : racisme, masculinité toxique, violences domestiques, brutalités policières, drames de la pauvreté dans les banlieues, fascination pour le fascisme, corruption dans l’administration, erreurs judiciaires, négligence des personnes âgées, etc. La barque est pleine, et la série de Paul Rutman prend rapidement des apparences de quasi-caricature.
Mais l’autre problème, plus grave celui-ci, de Criminal Record est que son scénario est d’une redoutable maladresse, et pèche à de multiples niveaux : d’abord dans la manière dont il ne fait pas avancer son sujet principal (à l’avant-dernier épisode, on en est au même point qu’à la fin du premier, et une accélération improbable permet de résoudre l’affaire dans la dernière heure de la série), en particulier en s’égarant sur une autre affaire – celle du meurtre d’un enfant, par balle perdue, dans un parc du même quartier -, mais également en multipliant les embardées vers les histoires de personnages secondaires pas très bien écrits, dont la fonction est clairement d’allonger la liste des problèmes sociétaux que la série entend dénoncer.
Pourquoi alors, demanderez-vous, perdre son temps devant Criminal Record ? Eh bien, tout simplement parce que, comme c’est presque toujours le cas dans les séries britanniques, l’interprétation y est exceptionnelle, et balaie régulièrement toutes nos réserves. Cush Jumbo transcende avec un naturel confondant tous les stéréotypes que les scénaristes ont accumulés dans son personnage, et livre une interprétation à la fois mesurée et vibrante d’une jeune femme toujours à la limite de perdre pied face à la complexité de sa vie professionnelle et privée. Face à elle, le génial Peter Capaldi (oui, cette ancienne vedette de Dr Who qui nous a déjà bluffé dans le formidable The Devil’s Hour) joue dans le registre, rare chez lui, de la rétention, du contrôle total de ses expressions et de son langage. L’alchimie – mot qui n’exprime ici aucune empathie, mais plutôt une manière de s’affronter en permanence, avec différents niveaux d’agressivité mais aussi d’admiration mutuelle – entre Jumbo et Capaldi est totale, et porte de nombreuses scènes à l’excellence.
Quant au fin mot de l’histoire, il faudra attendre la toute dernière scène du film pour l’avoir, et l’ambiguïté qui a régné jusqu’au bout sur Criminal Record permet également de passer outre ses faiblesses d’écriture, et, au final d’en faire une expérience mémorable.
[Critique écrite en 2024]
https://www.benzinemag.net/2024/03/05/apple-tv-criminal-record-pour-ses-acteurs/
Créée
le 5 mars 2024
Critique lue 169 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Criminal Record
bjr ... que de temps perdu a regarder ... c'est lent.. c'est compliqué.. et la fin ...j'en parle même pas
Par
le 18 mars 2024
Hue dia ! Laissez passer la cavalerie de la Justice ! Les cold cases sont résolus. La corruption, combattue. Les méchants meurent ! Les victimes se sacrifient ! Tout devient plus propre, et plus...
Par
le 26 mars 2024
Criminal record, c'est typiquement la série à atmosphère. Le Londres d'aujourd'hui, quelque chose de sinistre semble être venu s'empoisser dans les décors et les relations humaines.L'atmosphère...
Par
le 2 mars 2024
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
205 j'aime
152
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
190 j'aime
105
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
187 j'aime
25