Petit décryptage chronologique analytique et critique d'un documentaire animalier à la sauce gauloise.
Vous n'avez sans doute jamais pu lire un tel exercice. #latélétudevraislelireÔssi ! (Sinon, la conclusion vous y invitera peut-être ;-)




01:00 : Titre = "La vie cachée de la prairie"... et ça ouvre sur une vue aérienne d'un paysage principal de lacs ou étangs et une forêt !
01:05 : Plan sur une ... ce n'est pas indiqué (une Chouette hulotte), dont le biotope préférentiel est loin d'être la prairie !
01:10 : le commentaire : "l'hiver revient surprendre ce coin de bocage" (Super ! on est en plein dans le thème lààà!)
[J'ai déjà envie d'arrêter là car en moins de 10 secondes c'est bien mal parti!]
01:42 : Un renard et, ouf!, c'est précisé "roux" : bon point... alors continuons !
01:48 : le commentaire : "il sillonne son territoire" mais ce qui est montré est un tronc escaladé par un oiseau, pas très objectif !
Ensuite, la narration apporte quelques informations, sur fond de belles images du Renard (mais aussi d'oiseaux, sans que leurs noms soient données ; soit, passons)
On entend des cris, en l'occurrence des glapissements de Renard ; dommage que ce ne soit pas précisé.
Narration, avec séquence animée, illustrant l'optique populaire vis à vis du Renard et des préjugés qu'on lui met sur le dos ; pas mal.
05:27 : durant cette animation, gros plan de face d'un Renard... Houlà ! Pupilles représentées rondes alors que -et c'est justement une singularité- ce Carnivore possède des pupilles verticales !
Ensuite et jusqu'à 07:15 le commentaire développe un argumentaire contre/pour le Renard : bien.
07:20 : le commentaire change ensuite de sujet et nous dit : "un autre habitant de la prairie". Bon, c'est quoi la prairie selon ce docu ? La campagne ?
Et il s'agit du Sphinx Tête-de-Mort, habitant bien connu de la prairie ... puisqu'en outre le commentaire dit dans la foulée à 07:37 "il arrive tout juste d'Afrique" ! Vous suivez ? Ha, au fait : on est arrivé au printemps hein, vous l'aurez deviné.
Ensuite, narration avec séquence animée, illustrant l'optique populaire comme pour le Renard et évoquant le goût du Sphinx Tête-de-Mort pour le miel des abeilles : j'aime bien, sauf qu'on nous montre un nid non pas d'abeilles mais plutôt de guêpes voire de frelons asiatiques !
Puis, à 08:54 le papillon s'écrase au sol, on ne sait pourquoi !
09:19 : le commentaire : "il dévore des feuilles .../... la Datura". Heu... dictionnaire Larousse : Datura - nom masculin. Quant à "la Belladone", faites gaffe, y'en a plein la prairie !
10:15 : le commentaire : "surtout si on l'entend pousser son cri plaintif" [du Sphinx T-d-M]... bin vous resterez sur votre faim !
10:26 : le commentaire : "c'est le début du printemps dans la prairie". ... Mieux vaut tard que jamais ! Sauf qu'on nous ment car si vous tendez l'oreille vous entendrez des criquets...
... et puis l'image montre une nappe de fils de soie d'araignées sur les herbes, chose survenant sauf erreur en fin d'été voire en automne.
11:00 : le commentaire : "la Buse a pris de la hauteur...". La Buse variable si ça vous écorche pas le bec m'sieur Homo SAPIENS ;-)
[vous remarquerez aussi que le printemps est super en avance car le Rapace trône dans un bel environnement de fruits mûrs!] Mais bref, car ça enchaîne sur le Lièvre [ding! Hé m'Sieur! : d'Europe. ;-]
11:30 : le commentaire dit que son gîte est "facilement repérable par les prédateurs de toutes espèces" : Ho oui c'est bon ! Apprenez-nous des vérités !
Puis le film parle de sa vitesse de course remarquable... en le montrant seulement au ralenti, comme ça on réalise au poil !
Ensuite c'est la traditionnelle séquence animée sur les croyances. Beuh!, pourquoi n'est-il pas représenté avec le noir du bout de ses oreilles? C'est caractéristique pourtant.
14:55 : ça passe à "la Pie-Grièche écorcheur" (bin voilà m'sieur!). Mais vous n'en saurez pas davantage car on vous montre un joli cervidé (sans vous dire son nom) puis ça saute au "Lapin de garenne" (oui m'sieur!)
et ça revient au Lièvre (toujours pas d'Europe, mais là on vous parle de ses extrémités d'oreilles noires).
16:20 : Jolis plans, où revoilà notre mystérieux cervidé...
Ensuite, la menace se met à planer sur le Lièvre, musique inquiétante à l'appui... la Buse !!! ... Mais, ouf! à 17:37 les choses sont ramenées à leur juste vérité, j'ai eu peur ! "Il est rare qu'une buse prenne un lièvre". Bon point ! :-)
17:55 : ça se met à évoquer le "bouquinage" du lièvre (j'enlève la majuscule, en désespoir de cause ;-)... et sur ces belles paroles on nous remontre le cervidé mystère au même moment ! Quel rapport ? Y'a un jeu ? 'Faut appeler un n° sms pour gagner une bagnole ?
S'en suit rien de moins que 2'30" de bouquinage, spectaculaires, et à mon sens une des plus intéressantes parties naturalistes du documentaire.
Sur ce, à 20:35, transition, habile cette fois, et qui nous fait retrouver le Sphinx Tête-de-Mort à l'état d’œuf au stade de l'éclosion.
Et là, mais que se passe-t-il ? Durant quasiment 4 minutes le documentaire -image et commentaire associés, même si avec une larme d'anthropomorphisme- prend une tournure avec encore davantage d'intérêt naturaliste, assez rare sur la télé gauloise... presque digne de la BBC et de l'école Attenborough : bravo !
Transition vers 24:15, qui me permet de me remettre un peu des mes émotions, et voilà que l'on retrouve le Renard. Eh bien! pour une fois, voilà un documentaire qui suit un fil scénaristique cohérent, ça aussi c'est bien rare à la TV !
Mais ce n'était qu'une parenthèse car à 25:27 on revient vite sur le Sphinx T-d-M. Bon... Mais du coup ça fait un peu tâche... c'était trop beau !
Ceci dit l'intérêt du sujet lépidoptérien se maintient, or il est à son tour coupé par une transition dès 27:30, qui nous reconduit jusqu'au Lièvre-no-espèce.
Là, on retombe dans des travers irritants : "Buse-no-species", clic-clac-coucou-le-revoilou sur le cervidé mystère, pointage des menaces liées à la grande monoculture mécanisée et les pesticides alors qu'y est associé un Lièvre en prairie de fauche et qui rentre dans un bois... Et pour suivre une vue brève d'un oiseau sans nom, mais qui est en réalité un Pinson des arbres, pas du tout inféodé aux prairies... ça se détricote !
28:30 : Mais revenons au Renard. (Au passage, deux petites séquences intéressantes mais floues).
29:27 : le commentaire, sur les proies : "elle [la renarde] s'en tient aux micro-mammifères, mulots, souris, campagnols". Souris dans une prairie ?! Z'êtes sûrs les gars ?
Puis on voit un plan d'un petit rongeur sans que soit donné son nom ; ça aurait pourtant été l'occasion d'expliquer la différence entre mulot, campagnol, voire souris.
Un renard est joliment filmé sachant chasser (un naturaliste ou un documentaire dans ce sens aurait précisé "mulotant", pour la culture du spectateur, mais bon).
Et puis PAF !! 30:24, la bourde impardonnable ! : "une buse semble lui envier cette proie"... on entend bien une Buse (probablement variable, c'est son vrai nom) sauf que c'est un Milan noir qui est montré !!
En outre, c'est un arrangement fallacieux car j'aurais dans ce cas bien aimé voir en même temps le renard et le rapace. On ne nous a donc pas épargné du grand classique de la tromperie du documentaire animalier! Quand donc les réalisateurs et monteurs vont arrêter cette pratique ?
S'en suit l'énonciation de quelques banalités et anthropomorphismes à peine voilés, dans un commentaire qui donne cependant l'impression que maman renard a viré papa.
Pause tétée, pause jeux, pause aventure, apprentissage de la vie sur fond de violons. Joli... mais de toute façon un Renard roux c'est photogénique.
Ha ! 34:00 c'est le temps des fenaisons... sous la surveillance planante du fameux docteur Milan et mister buse :-D
35:20 Retour au Sphinx Tête-de-Mort. De nouveau on a l'impression de changer radicalement de qualité de documentaire. La macro-photographie est aussi impressionnante que le commentaire est riche d'informations, qui se permet même d'utiliser et d'expliquer le terme "imago". Alors là on frise l'Oscar! J'en pleurerai tiens !
Le documentaire apporte pour terminer une conclusion de bon aloi... où vous verrez encore passer le cervidé-sans-nom ;-)




=> Au final je suis agréablement surpris, car il y a par passage du très bon d'un point de vue naturaliste, capable d'éveiller l'intérêt du gaulois pour la faune qui l'environne, et c'est peu fréquent sur les chaînes françaises. Ces dernières ont en effet plutôt une forte tendance à nous abreuver d’inepties, en même temps que de rarement traiter de notre faune autochtone [vérifiez sur la grille des programmes, vous constaterez!], ce qui fait que le français est certes très fort en zèbres, lions et suricates ou manchots mais nullissime quand il sort ses pantoufles dans son jardin ou la campagne environnante (si-si, camembert ;-).
Sinon, il y a du passable... et malheureusement aussi de l'impardonnable ! (Et maintenant vous savez pourquoi et où).
D'où ma note pondérée mais quand-même ornée d'un cœur.
Du coup, je vais visionner les autres épisodes de la série, en espérant qu'Arte (qui a tout de même déjà de l'avance sur les autres chaînes) initie là un mouvement émergeant ! (Il est grand-grand temps!!)
[Mais, Arte, sache que je ne t'ai jamais pardonné d'avoir supprimé le magazine scientifique Archimède ! Ksssss!]

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le 1 nov. 2019

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