Il me reste après les 6 épisodes un sentiment, une impression d'une tristesse, d'un abattement. Un peu une gueule de bois. La reconstitution, précise méticuleuse prend le partie de raconter une Italie pesante, triste, bloquée. Aldo Moro est un moyen pour replonger dans l'époque et la revoir telle qu'elle etait peut être, en tout cas telle qu'elle est dans le souvenir du réalisateur.
La série se déploient lentement. Peu d'action mais une tension constante. Elle tient donc en 6 épisodes qui sont autant de scènes sur la vie des protagonistes.
Aldo Moro bien sûr le héros malheureux. L'acteur politique majeur de l'époque et la victime évidente de la révolution.
C'est le père de famille solide, l'enseignant en droit, l'homme pieux, le chef de partie politique, qui tombe, enfermé dans une malle.
Les politiciens ensuite, de son partie les démocrates chrétiens et puis les communistes. Pareils à tout autres hommes politiques. Ils parlent, écoutent et communiquent. Mais ils n'agissent pas. La politique est-elle impuissante quand la crise survient?
Le Pape. Acteur important de l'aide à la libération d'Aldo Moro car c'est son ami historique . Mais le pape est un vieil homme fragile et fatigué. Il demeure vif mais torturé. Il tente une mediation, mais que peut l'Eglise qui perd de son poids dans la société. Si l'Eglise demeure respectée que peut-elle quand elle devient inaudible des jeunes qui sont engagés dans la lutte?
Les brigades rouges. Ceux qui ont créé l'événement. Pleins de certitudes folles, d'enthousiasme morbide. Ils sont aussi pleins de doutes sur les motivations politiques de leur enlèvement et la marche à suivre. Ils sont sans culpabilité, mais leur foi se fissure. Quel sens a leur lutte une fois que tout sera terminé ?
Sa femme jouée par l'incroyable Margherita Buy. Admirable de solidité et de lucidité. Trop consciente de l'abandon des amis de son mari, de leurs trahisons malgré les grandes déclarations, mais aussi impuissante à trouver de l'aide. Elle subit les médias qui l'acculent, les bonnes âmes qui ne servent à rien et les idiots qui profitent de la situation. Qu'aurait elle pu faire ?
Aldo Moro meurt. Cela aurait pu être différent et le pays ne change pas ou peu. Finalement on en sait peu des gens du peuple de cette époque. De ce qu'ils pensent. Les jeunes étudiants soutiennent les brigades rouges, les vieux ne veulent pas de ce conflit et après. On manifeste contre l'enlèvement, on conspue les hommes politiques. Tout le monde vieillit et rien n'a changé.