Comme il m'est difficile de noter Falling Skies. Coup de coeur et découverte de l'été, la cinquième et dernière saison vient de se finir et me laisse, encore une fois, perplexe. Je ne peux pas, malgré toute ma volonté, lui donner une note satisfaisante et pourtant, c'est une série que j'ai beaucoup aimé. Revenons sur ce paradoxe.
Falling Skies est l'histoire de Tom Mason, ancien professeur d'histoire, et de ses fils, Matt, Ben et Hal (monosyllabie bonjour, pas étonnant que maman Rebecca ait clamsé), errant dans une Amérique décimée par des extra-terrestres. La 2nde Mass. résite. Elle se bat bec et ongles sans jamais s’avouer vaincue. C'est la fin du monde mais l'espèce humaine prend les armes, donne tout ce qu'elle a et surtout, se serre les coudes devant un ennemi commun.
A partir de là, les saisons enchaînent des storylines très bien construites sur les deux premières saisons, mais la cohérence s’effiloche dans la longue durée, emportant avec elle la motivation des acteurs, visiblement très embarrassés devant les dialogues ridicules qu'ils se voient imposés. Entre intrigues parfois franchement dures à supporter (tu sais de qui je parle, Lexi) et manipulations psychologiques sympathiques mais mal développées, la série se perd et c'est franchement dommage. L'ultime saison, pourtant annoncée comme telle, aurait pu tenter de retourner aux bases et récupérer le souffle d'espoir de la première saison, cet optimisme inspirant qui donne envie de crier 'Murica! mais, encore une fois, elle s'offre de nombreux détours et rebondissements inutiles pour une fin prévisible et facile. Quel dommage.
Et je n'en suis qu'à l'intrigue.
Le pire, dans Falling Skies, c'est les dialogues et, holy shit, les moments dramatiques. Sur ses airs de drame post-apocalyptiques, Falling Skies tient parfois plus du soap opera ou du moins du high school drama. C'est accablant. Ne vous méprenez pas, j'aime la romance. Je suis cette personne agaçante qui attend le moment où la tension sexuelle entre les deux héros aboutira à un baiser filmé sous quatre angles, avec ralenti et traveling. Si seulement. Les héros de Falling Skies s'aiment, et n'hésite pas à se le dire. Les fils aiment leur papa. Les inconnus sont compatissants et versent des larmes faciles. Les gens se pardonnent en accolades sincères. C'est beau. Tellement beau que ça donne envie de vomir, un petit peu. Les dialogues sont consternants et m'ont fait serré les dents et saigner les oreilles - et j'exagère à peine.
Et malgré tout ça, j'ai bien aimé. C'est quoi mon problème, vous demandez-vous ?
Le fait est que Falling Skies, malgré ses faiblesses scénaristiques et la médiocrité de son écriture, reste différente des séries post-apocalyptiques à la télévision. On est loin de The Walking Dead, où le plus grand danger auquel l'homme doit faire face est l'homme. On est même loin de V et des manipulations obscures. Ici, l'humanité se serre les coudes, elle fait face. Certes, elle est faillible. Certes, elle fait des erreurs. Mais elle est là et personne ne l'oublie jamais. C'est optimiste, c'est beau et ça change. Par les discours de Tom, l'espoir survit et donne envie de se battre pour les choses importantes dans la vie (dans leur cas, c'est la survie de l'espèce, dans le mien, c'est l'exemption du tour de vaiselle, mais vous savez ce qu'on dit, tomato, toh-mah-toh). Ca inspire. C'est drôlement chouette. Ca j'aime.
J'aime aussi la façon dont les personnages ne se tournent pas le dos. Je me crispe aux "I love you, Dad" mais une partie de moi se réjouit que tant de bons sentiments aient leur place à la télévision. J'aime l'idée de Falling Skies. J'aime son message. Je n'aime juste pas tellement la manière dont il est délivré.
Le paradoxe tient du fait que le monde décrit par Falling Skies, invasion extra-terreste ou pas, est un monde bienveillant et optimiste qui change de ce qu'on trouve à la télévision ou au cinéma. Les plans sont simples et les gens les respecte. Les débats sont minimes parce que tout le monde est d'accord du but ultime. C'est relativement facile. C'est reposant. Mais un bon drame ne se construit pas sur ce qui est reposant et facile, et c'est là le problème même de Falling Skies : c'est une super histoire, mais on a pas tellement envie de l'écouter.
Heureusement tout ça est fini. Stand down, Soldier.