Fallout par VKaeru

J'ai plutôt du flair concernant les œuvres qui pourraient potentiellement me plaire : je sais à peu près à quoi m'attendre même sans en avoir vu grand chose, juste grâce aux quelques infos, bouche à oreille et images glanées à droite à gauche. Aussi, je ne connaissais le jeu vidéo que de réputation, donc je savais que je n'allais pas être irrité par un potentiel non-respect du matériau original. Ce flair me sert notamment à m'épargner beaucoup de temps perdu, car je me force à finir toute œuvre commencée. Je suis assez friand du genre post-apo, je ne suis pas contre une bonne tranche de décalage, les critiques étaient dithyrambiques, parlant même de meilleur adaptation de jeu vidéo de tous les temps, devançant Last of Us et Arcane qui m'avaient énormément plu en plus de mon attachement à ces univers respectifs.

Je me lançait donc très confiant et à vrai dire, ça démarrait plutôt bien. La direction artistique avait de toute évidence reçu une grande attention, du moins pour le premier épisodes, la vibe presque explicite de "noces pourpres" de GoT augmente au fur et à mesure de son avancée en plus d'un implicite "on nous cache des choses" (toute dystopie/utopie cache forcément de terribles secrets sous ses aspects reluisants). Le gore arrive assez vite pour contraster avec cet environnement aseptisé, ce qui rassure également concernant la direction de la série, qui aurait pu rester très fade sans déferlement de violence (un Mad Max à la Disney, hors de question, on est Amazon ici, on est des adultes !).

Cependant, au fur et à mesure, une pointe d'insatisfaction commence à poindre en moi. Tout d'abord, lorsque Moldaver offre un choix cornélien au père, pour finalement ne tuer personne. Bien sûr, ça fait sens avec la suite de l'histoire, mais dans ce cas là la scène est inutile et ne sert qu'à appâter le spectateur pour s'en tirer à moindre frais. J'ai eu l'impression d'assister à un effet "Deadpool", où les moments spectaculaires (la scène d'ouverture), gores et vulgaires le sont tous extrêmement mais de manière gratuite, sans enjeux ou dosage dramatique, seulement parce qu'il faut faire du spectaculaire, du gore et du vulgaire pour marquer le spectateur afin qu'il se rappelle de ces moments, clamer "Wow, regardez comment on est corrosifs !" et se contenter ensuite de dérouler son récit de manière bateau, avec une piqure de rappel tous les deux-trois épisodes (Howard qui tue le fils du fermier pour montrer au public qu'il est un vrai anti-héro, vous avez cru qu'il était gentil non-mais-ho/wah regardez on tranche des têtes quand c'est pas nécéssaire-ya des pieds déchiquetés-so crazy love it) pour faire oublier à quel point le reste de l'action est chiante et vide.

Hors du bunker, les décors hurlent le bidon et le toc, et la touche steampunk propre sur elle ne fonctionne pas du tout dans un monde sensé s'être écroulé plusieurs fois de suite en quelques centaines d'années, faisant plus penser à un parc d'attraction qu'à autre chose. Et les incohérences sautent d'autant plus au visage : les bâtiments détruits mais non pillés, certains carrément intacts, la lumière qui se rallume dans le pays entier quand on remet l'électricité... La suspension d'incrédulité accordée au jeu vidéo ne vaut que parce qu'elle a un intérêt en terme de level-design. Concernant le scénario, les histoires parallèles ne sont pas passionnantes, les rapports entre les persos semblent forcés et peu naturels, les aller-retours et retrouvailles inopinées irritantes, les phases héroïques tournent court et la construction même des protagoniste est trop erratique pour qu'on puisse s'y attacher ou en avoir quoi que ce soit à faire (l'évolution de Lucy notamment qui passe de parfaite naïve à guerrière badass sans cœur m'a laissé totalement indifférent malgré le talent de l'actrice). Les moments sensés être tragiques en font des caisses et font regretter les meilleurs scènes de Marion Cotillard. Peut-être n'étais-je pas le cœur de cible de ce programme, trop cynique ou trop critique pour apprécier un blockbuster de 8h à sa juste valeur, mais ce que je regrette le plus, c'est que mon radar à navet m'ait planté à ce point.