Father Ted
7.6
Father Ted

Série Channel 4 (1995)

Un sommet d’inventivité et d’absurdité

A Craggy Island, l’étrange paroisse isolée abrite les rebuts de l’église catholique. Ted Crilly (Dermot Morgan) est un homme sensé, modéré et croyant, mais pas trop. Il rêve de célébrité et des Etats-Unis, Las Vegas principalement. Sous son aile le jeune et immature Dougal McGuire (Ardal O’Hanlon). Naïf et complétement con il faut souvent lui rappeler qu’il est prêtre. Et catholique. Jack Hackett (Frank Kelly) est lui un vieil homme misanthrope et alcoolique dont le langage se limite à ces 5 mots : « Feck », « Arse », « Drink », « Girls » et « Nuns ». A tenir à l’écart des femmes qu’il convoite et des nones qu’il ne supporte pas. La dévouée et prude Mrs Doyle (Pauline McLynn) veille sur ce beau monde, quitte à presque se tuer à la tâche.


Alors journalistes Arthur Mathews et Graham Linehan se rencontrent à la rédaction du magazine Hot Press. Le duo participe à l’écriture de nombreux programmes comme le Fast Show ou The Day Today (souvenez-vous, la naissance d’Alan Partridge !). C’est en 1994 qu’il créé une 1ère série d’une seule saison Paris. Un début qui n’augure en rien de la suite faite de sitcoms parmi les plus populaires de l’histoire de la télévision anglaise et irlandaise. Father Ted d’abord, diffusé de 1995 à 1998 jusqu’au décès de Dermot Morgan et Black Books programmé de 2000 à 2004. Viennent les projets solos, The IT Crowd (2006-2013) pour Linehan et Toast of London (2013- ) par Mathews et Matt Berry. Father Ted comporte toutes les caractéristiques de cette collaboration : des personnages caricaturaux plongés dans un humour surréaliste.



Father Austin Purcell: « This is a piece of advice my father gave to
me. Now this refers not only to lagging, but all forms of insulation.
He said « dont ever »…no, wait, it was « always »…no er, « never,
never » – oh wait now, I’ve forgotten. Never mind. Whats your
favourite humming noise? Would it be mmm-mmmmm or would it be mmmm-mm?
The first one there, now thats the sound of a fridge humming and the
second one, now thats the sound of a man humming. You never hear a
woman humming. I knew a woman once, but she died soon afterwards. Now
if you push me to it, I’d have to say my favourite colour is grey. No,
blue. A soft blue with a hint of grey. No, orange. Yes, orange. I
remember now. I had an extension put on the house, and I put it on the
extension, so the house is in a circle now, you see… »



Father Ted n’a pas volé sa place parmi les plus grandes sitcoms. L’écriture est d’une excellence rarement atteinte, sachant élaborer le gag le plus ingénieux au monologue le plus con. Celui du prêtre chiant et intarissable ci-dessous est une merveille de non-sens. La série foisonne de détails visuels qui réclament un deuxième visionnage. Les auteurs ne ratent aucune occasion jusqu’aux figurants psychopathes croisés sur le bord de la route, donnant au lieu des allures de post-apocalypse sociétale. Avec une identité si forte et immédiatement reconnaissable. Les personnages, hormis Ted, sont caricaturaux et pourtant si touchants. L’écriture est généreuse et donne à chacun son moment de gloire comique, y compris pour les personnages secondaires. Chaque épisode, chaque personnage a son lot de scènes cultes: Dougal fait sa crise d’adolescence (regardez le jouer le gamin attardé), la parodie de Speed et de la Nuit des morts-vivants, le concours de l’Eurovision, le match des vieux prêtres… Le souci du rythme éclate dans des gags si stupide et hilarant. Dans cette vidéo, Dougal vient de se coucher, Ted a oublié de mettre le réveil rallume la lumière laissant Dougal croire qu’il est déjà l’heure de se lever. D’une connerie folle, simple et si drôle. Ou le classique gag de la sortie loupée, on le voit venir et on se laisse prendre.


La magie de Father Ted réside aussi dans ce casting génial. Le regretté Dermot Morgan y met toute l’incrédulité du monde pour supporter ces tarés et rêver à un avenir flamboyant. Ardal O’Hanlon campe parfaitement le grand enfant à la tête d’ahuri qu’est Dougal. Frank Kelly parvient au tour de force de composer un défroqué crédible avec 5 mots, malgré une incartade. Pauline McLynn illumine par son énergie et un optimisme à tout épreuve.


Entre deux running gag Father Ted parvient à construire et enrichir un univers solide tout en sachant se renouveler au cours de ces trois saisons.


https://dismoimedia.com/

AmMy
10
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le 18 mai 2016

Critique lue 569 fois

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