"Je ne l'ai jamais dit à personne car je pensais que ces choses arrivaient fréquemment."

Parler de viol aujourd'hui dans nos fictions, c'est vital, mais c'est difficile. Et cette série réussit à le faire avec une grande intelligence.


Il aurait été facile de rentrer dans un récit où l'homme est accusé et représenté comme un grand méchant et stupide loup. Le coup de force de Five Years, c'est de nous donner le point de vue de la victime et du bourreau.


A tour de rôle, l'histoire nous est racontée à travers l'angle de la jeune fille, puis du jeune homme. Ainsi, le viol est montré dans sa compléxité : celle de se faire entendre en tant que victime quand on n'a subit un crime dans un espace de totale intimité.


On comprend vite qu'il n'y a aucun doute à avoir sur la véracité de l'accusation (d'ailleurs, peut-on encore remettre en cause la parole des femmes sur ce sujet ?), et pourtant David a l'air de sincèrement ne pas comprendre ce qu'il lui arrive. Et c'est tout le problème dans ce genre d'affaire. Nous sommes si mal éduqués aux questions du consentement dans un cadre sexuel que le doute y est omniprésent. Tereza le dit elle même, ''je ne l'ai jamais dit à personne car je pensais que ces choses arrivaient fréquemment". Quand un traumatisme nous empute de notre jeunesse, de notre vie, et qu'on doute quand même de l'existence de celui-ci, voilà l'un des thèmes forts de cette fiction. On ne peut qu'acclamer les jeux d'acteurs et notamment celui d'Alzbeta Malá dans le rôle de Tereza. Cette dernière parvient à faire passer une palette d'émotions tout en restant presque stoïque durant tout le récit.


Mais Damián Vondrášek et Sára Zeithammerová ne s'arrêtent pas là puisqu'iels réussissent (avec un format très efficace de 10 épisode de 15 minutes) à évoquer la difficulté de politiser des sujets si intimes, la peut-être fausse bienveillance de certain.e.s militant.e.s (on pense à l'éditrice) et bien sûr les réactions des entourages des deux protagonistes, tantôt choquantes, et tantôt... choquantes.

Mitchoupit
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