De toute évidence, il y a tromperie sur la marchandise. Sans subtilité, aucune logique, des protagonistes au caractère affligeant dont un héros impulsif, idiot comme mono-expressif, FlashForward n'est qu'une série d'action qui peine à convaincre côté mythologie.
Le pilot fait son effet ; la première impression aimerait rester. Les débuts sont beaux, la photographie particulière, des personnages introduits de manière simple mais efficace. D'entrée, le tableau grouille d'éléments qui placent l'énigme : on croise un kangourou comme on croiserait un ours polaire ; une inquiétante petite fille fait un cauchemar dont on ne voit rien ; un homme se promène dans un monde où tout le monde dort ; ... Appétissante, de bonne augure mais éphémère, l'impression positive s'effondre et, au bout d'une dizaine d'épisodes, l'optimisme se tire une balle.
Pour critiquer le plus flagrant : aucun personnage ne retient l'attention ; aucun acteur ne nous offre un moment d'émotion, de rire ou d'angoisse à nous faire battre le coeur d'excitation. On attend une scène où l'amour, la raison, l'intelligence apparaîtra à l'écran, en vain.
Durs, forts, armés et couillus, les agents du F.B.I. n'ont d'ordres à recevoir de personne, pas même de leur Chef, ridicule d'inefficacité devant tant d'insubordination. Réfléchir, ils n'en sont pas capables ; agir, renverser une table, froncer les sourcils, boire et tirer des conclusions hâtives, leur catalogue de compétences apparaît limité, même pour une simple série d'action.
Heureusement, chaque personnage hérite de sa personnalité stéréotypée, la susceptibilité d'un enfant de 12 ans en plus. Evident face au développement des problèmes conjugaux, FlashForward a un véritable défaut : ce qui pourrait être arrangé en une discussion sincère, à coeur ouvert, entre partenaires honnêtes et aimants, apparaît, pour nos adolescents de 40 ans, comme la plus insurmontable des épreuves auxquelles le couple a dû faire face jusque là. Monsieur n'ose pas dire qu'il s'est vu boire, Madame pleure l'hypothétique fin de son mariage : ils ne se parlent pas, ne pensent même pas s'entraider, comme s'ils s'étaient rencontré la veille. Les voir sombrer pour aussi peu on en rit.
Côté science-fiction, l'intrigue déçoit. L'idée est bonne (un blackout fait profiter le monde entier d'une prémonition, deux minutes pendant lesquelles chacun aura vécu le 29 avril 2010) mais le développement bancal. Qui en blâmer ? Les scénaristes ? Les dialoguistes ? Les acteurs, sûrement pas, ceux-ci ayant pu faire leurs preuves ailleurs. Concrètement, pour une série qui devrait concerner le monde, tous les personnages importants semblent regroupés en un seul point du globe ; pire, ils se croisent tous les matins, se connaissent et entretiennent des relations.
Considérant le fond, les développements sont parfois ahurissants d'incohérence ; avec la fin de cette première partie de saison s'évapore le peu de crédibilité qu'il restait à la série : les méchants engagent une partie de poker comme si la guerre était déclarée ; celui qui pense avoir causé les flash se dénonce dans une conférence de presse surréaliste ; Madame gâche ses efforts et, sans raison, commence à flirter ; heureusement, le boulet est kidnappé dans la seconde. Le collier d'improbabilités grossit à mesure que les épisodes s'enchaînent ; très vite, l'aventure apparaît absurde, parfois risible, trop souvent ennuyeuse, car l'action n'est rien sans enjeux derrières. A mettre au placard ; à ressortir pour les soirées nanards. Il faudra sans doute préférer Fringe pour passer de bons moments, se laisser captiver par l'intriguant.