Entre platitude et croustillances

Suis-je le premier à rédiger une critique sur cette série ? Cela tombe à pic, le golf est un sport parfois méconnu, à la technicité épurée et aux parcours verts natures.

Adulé par les anglo-saxons et trop peu démocratisé en France, la petite balle blanche en caoutchouc s'est faite un nom grâce à Netflix. Elle montre les coulisses de l'univers bling-bling et perché des golfeurs professionnels. Les grands joueurs sont dans un monde à part très aisé, avec des maisons gigantesques en veut-un en voilà, dont la Floride est le berceau résident de golfeurs. Les femmes suivent également leur maris toute l'année sur les compétitions et sont en retrait avec les enfants. Il y a évidement du tire-larmes, parler de décès dans chaque famille de joueurs pour humaniser un univers de riches. Les ricains nous montrent encore une fois leur société sportive patriarcale déjà vu dans Formule 1 : pilotes de leur destins ou le moins bon Nascar : Full Speed. J'ai quand même préféré Full Swing, pour la simple et bonne raison que le bol d'air est plus frais au golf que les bagnoles sur un circuit.

Si vous aimez les sportifs méticuleux dans leur préparation, ce genre de série est faite pour vous. Bien que ce type de format a déjà charbonné pour attirer les fans de sport, c'est avant tout le biopic The Last Dance qui a atteint un point d'orgue intéressant sur Jordan et le basket.

Full Swing est une copie de tout ça, sans plus. Je tiens à préciser que je dénigre pas le sport américain, au contraire il me passionne sous toutes les formes. Je peux regarder du golf, comme de la Nascar sur Youtube. J'avais déjà tiré le même constat que dans Moneyball qui parle du baseball. On pourrait nous en dire plus sur chacun de ses sports, mais Netflix garde sa devanture feutrée. En manque d'arguments, la plateforme amplifie à sa sauce pour donner du coffre à l'ensemble. Beaucoup de choses sont tournées sur l'apparition des saoudien et du LIV Tour, qui récupèrent pléthores de golfeurs stars sur le circuit américain du PGA TOUR. Le golf est un sport de riche, menacé par des plus riches encore ! Il est certes un sport traditionnel, mais quelque part, il a une âme historique.

Il y a certaines redondances, la ligne de conduite est souvent la même d'un épisode à l'autre, en s'attardant sur un golfeur en particulier à chaque fois. Le plus insupportable est ce rythme non chronologique justement, on peut revenir six mois en arrière sur un tournoi. Elle ne suit pas le cours de la saison, semaine après semaine. Et c'est bien dommage, la série perd 1 ou 2 points sur 10 là-dessus. Il y avait quelque chose de mieux à faire, je suis persuadé... Beaucoup de putts à gogo les greens qui symbolisent certes le résultat, l'aboutissement ou non d'une performance. Il y a une part d'échec importante au golf, où il faut bien souvent gagner un gros tournoi pour enfin basculer dans la lumière. La série Loser parle justement de ces échecs sportifs, il y a d'ailleurs un épisode consacré au golf et au poissard français Jean Van de Velde, qui avait échoué dans l'eau, alors qu'il menait l'Open Britannique en 1999. Même si on retient dans Full Swing une certaine pudeur, l'aspect mental est prépondérant et même indispensable. Il y a quelques golfeurs qui lâchent prise d'anecdotes face aux caméras, mais c'est surtout l'apport des journalistes consultants qui font la meilleure analyse.

Pratiqué principalement au retour des beaux jours, vous verrez les parcours des différents tournois, dont le célèbre Master d'Augusta aux États-Unis. Ah d'ailleurs, hormis les vues de drône pour introduire du ciel les compétitions qui juxtapose avec le printemps... Quel dommage de ne pas assez décrire la difficulté des parcours, les fairways étroits, les placements des bunkers de sables ou les pentes des greens ! Je vous conseille aussi Golf Digest, un magazine expert en la matière et qui présente sur sa chaîne Youtube les dix huits trous de chaque grand parcours de golf dans le monde : " Every Hole At ". Prenez un dictionnaire wikipédia, des cours d'anglais et de golf, le tour sera joué !

Full Swing reste assez sommaire et ne fera pas de vous des fans de golf, sauf si vous le pratiquer déjà en club. La série est trop grand public et émoi pas. Nous faisons néanmoins quelques découvertes, la série se regarde à défaut de manquer un peu de vocabulaire explicatif ou de schémas détaillés sur les trous mythiques.