Gantz
6.3
Gantz

Anime (mangas) The Anime Network (2004)

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D'un début d'une des meilleures séries de tous les temps à un enlisement désespérant

Avant-propos :


D'habitude, je suis indifférent aux génériques des dessins animés japonais. Je trouve exceptionnel le générique du premier Dragon Ball, pas le Head-chala extrêmement pourri de DBZ, mais bien le générique du premier DB qui était vraiment une création avec une originalité, etc. Mais, cela restait dans les tonalités d'un dessin animé comme chanson. Ici, dans Gantz, l'opening est à l'évidence l'un des meilleurs qui ait jamais été composé. Ce n'est pas exactement mon style rock, mais quand même ça le fait et je m'incline. Il y a un début spectaculaire de notes désaccordées à la guitare, d'autres choses à écouter en tendant l'oreille, des paroles de ouf et un chant qui ressemble à du rap, mais ce n'est pas du rap, j'ai plus pensé à un chant rock du début des années 80 entre un côté punk, un côté dub, je ne sais pas trop le fixer, mais en tout cas l'opening est scotchant.




Impressionné par Inuyashiki, je suis passé à Gantz et les premiers épisodes m'ont ébloui. Même la réalisation me séduisait au départ, avec le mouvement des images, certaines subtilités, parce qu'après les défauts m'ont sauté aux yeux très souvent. Je n'aime pas le délire des grosses poitrines dans les animés japonais et je ne suis pas spécialement intéressé par le gore, mais il m'a paru évident avec les premiers épisodes qu'il y avait une touche magique de génie.
Cette touche de génie vient de plusieurs éléments. Il y a un sens de l'absurdité qui fait avancer le scénario et, en même temps, une aptitude rare chez l'auteur à assumer la crudité, tout en sachant la rendre attachante, tout en sachant la transformer en un support pour se déployer. Il y a une crudité qui choque vraiment : on se demande pourquoi un chien qui léchouille là où il faut une femme opportunément nue, car ces détails gratuits sont présents, mais c'est en connexion avec l'atmosphère générale et les messages durs à faire passer. En même temps, le héros, il veut se taper à tout prix une femme à grosse poitrine, sachant qu'on s'étonne qu'il soit encore puceau, mais on n'a pas un fan service où le truc fait une scène, puis une scène, puis une autre scène, ni un fil conducteur du tourment du personnage qui reste frustré, on a un truc plus alchimique. On vit le drame des obsessions du héros, mais tout en laissant se diluer le truc pour les autres dimensions importantes de l'histoire. Ce n'est pas : "ah ! là, elle vient vers moi, je vais me la faire enfin, ah non ça rate, pourquoi ça se passe ainsi ?" C'est plutôt : "Je suis jaloux, elle en aime un autre, j'en ai fait autant que lui pourtant (ce qui est inexact au plan du démarrage des intrigues), je suis obsédé, mais en même temps je deviens amoureux, s'il se passe quelque chose, je passerai d'obsédé à amoureux, etc." On vit plus le délire.
On a sur plusieurs points une construction atypique avec une intrigue qui évolue de manière imprévisible. Les premiers épisodes, c'est sublime, sublime ! Le personnage principal est un héros admiré, mais un anti-héros au plan de l'attitude. Il veut assouvir ses désirs sexuels sans se préoccuper de ce que pensent les femmes en face de lui, il est égoïste, il refuse d'aider les gens, etc. Le personnage qui a les sentiments nobles, un de ses copains de l'école primaire qui réapparaît, l'admire pourtant pour sa capacité à se sortir des situations difficiles, pour ses aptitudes immédiates au combat, à l'esquive, etc. Les deux garçons sont amoureux de la même femme qui a des arguments de poids si on peut dire, et cette femme va préférer celui qui l'a sauvée d'un viol, le garçon noble, plutôt que notre héros cynique admiré pour ses aptitudes, mais elle n'aura bientôt plus de toit où dormir et sera hébergée par notre héros qui ne pourra s'empêcher de retrouver des espoirs. Rien que ça, c'est puissant et on pardonne le fan service sexuel, car scénaristiquement on se régale.
Mais, ce contraste des deux héros, l'un noble qui admire le cynique, et l'autre super débrouillard, fort, adroit, agile, déterminé qui est admiré mais qui manque d'empathie pour les autres, c'est encore intéressant pour d'autres raisons.
Les deux garçons se retrouvent en présence l'un de l'autre dans un moment particulier. Ils sont sur le quai d'une station de métro, un clochard ivre est tombé sur les rails. Tout le monde dit qu'il va se faire écraser, mais pas un pour l'aider. Le cœur noble met lui-même beaucoup de temps avant d'agir, ce qui sera fatal, mais il y va, se jette sur les rails et essaie de remonter le corps, mais voilà il ne peut pas le faire seul et, dans la foule, il reconnaît son ancien ami et il l'invite avec le sourire à lui donner un coup de main. Peu enclin à aider son prochain, le héros peste un peu dans ses pensées, mais agit, sauf que le temps tourne. Ils arrivent à hisser le clochard sur le quai, mais eux-mêmes n'ont plus le temps de remonter. Ils partent d'une fausse appréciation selon laquelle le métro va s'arrêter à la station et ils choisissent de courir jusqu'au bout du quai. Hélas ! le train est un express qui ne s'arrête pas et ils ne peuvent plus changer de plan. Ils meurent décapités. Pour moi, tout ça, c'est sublime, et c'est aussi des données importantes de la suite. Car des thèmes sont posés : il faut aider les autres, on ne peut pas tout faire seul, etc. Ces thèmes sont clairement exploités dans les épisodes 22 à 26 qui terminent la série et qui sont réputés s'éloigner du manga pour faire une fin autonome à la série. Ces cinq épisodes permettent de comprendre que, au plan de l'animé, l'expérience Gantz est finalement une énorme mise en abîme de l'incident du métro. Le héros meurt à la fin, mais pas dans le quant à soi, cette fois il fait triompher le refus du Gantz et refuse l'égoïsme. La boucle est alors bouclée.
Qu'est-ce que le Gantz ? Laissons la vraisemblance, la logique et notre désir d'avoir des réponses à tout de côté. Dans un bâtiment dont une fenêtre donne sur la tour de Tokyo, certains soirs, des personnes qui viennent de mourir sont recréées à l'identique avec leurs souvenirs par un système de photocopie de l'être humain, un système de fax science-fictionnel extraterrestre qui reproduit une copie des êtres fraîchement décédés, et, pour le physique, il le fait mieux qu'à l'identique sans les dégâts, blessures et cicatrices du vécu. Au passage, Gantz nous prouve qu'on nous ment sur l'espérance de vie, très peu de vieux face à une multitude de gens dans la force de l'âge (lol). Il y a certainement une sélection parmi les décédés pour créer un groupe avec un certain profil pathologique, mais donc ces personnages ne sont pas choisis pour être prêts à effectuer ce qu'on attend d'eux. Car, ces personnes mortes ramenées à al vie sous forme de copies vont devoir accomplir des missions : tuer des extraterrestres. Et il s'agit d'un jeu cynique, car il s'agit de tuer ces extraterrestres dans un certain délai, dans un périmètre délimité. Passé le délai (une heure ou 1h30), tout le monde meurt si la mission n'a pas été effectuée. Ceux qui se barrent et sortent du périmètre, ils meurent par explosion gore de leurs têtes. Des armes sont fournies et une combinaison, mais aucune prévenance, aucun conseil pointu, aucune psychologie pour préparer qui que ce soit, aucun didactisme. Deux choses vont pouvoir bien s'apprécier lors de ces missions : d'une part, la coopération au sein du groupe, d'autre part vu que les profils sont aléatoires et qu'il y a des petites frappes ou des psychopathes dans le tas on se dit que, non seulement il y a une mission, mais qu'il faut encore gérer ceux qui se retourneraient contre le groupe. Bizarrement, ce deuxième point n'est pas tant exploité que ça dans l'animé et quand il l'est c'est sur un mode assez dérisoire scénaristiquement. La série est donc plus concernée par l'interaction au sein du groupe, par leurs capacités à se faire confiance et à coopérer, par les capacités à convaincre, à emporter l'adhésion, à être suivi ou obéi. Il s'y mêle aussi un autre thème fort porté par le héros au cœur noble : c'est qu'il serait mieux que tout le monde s'en sorte et il faudrait ne sacrifier personne. Mais, la mission exige à tout le moins de tuer les extraterrestres, et c'est là que le cœur noble rencontre un premier dilemme. Il devra tuer, refuser de tuer un extraterrestre c'est entraîner la mort d'un humain parce qu'on raté une occasion, etc. On sent qu'il n'y aura pas de morale pure, alors que pourtant la dynamique morale va rester. Normalement, à la guerre ou dans de telles situations, l'humain ne progresse pas, mais la série fait le pari ici, à mon sens irréaliste, d'un progrès du personnage principal qui va aller en s'améliorant moralement. Ceci dit, le bien n'a pas toujours sa récompense. A un moment donné, une grand-mère est tuée en protégeant son petit-fils (tout nu, parce qu'il a eu envie de faire pipi et a dû enlever sa combi, toujours cette efficace crudité), petit-fils qui forcément n'en réchappe pas non plus. Bref, il n'y a pas le beau geste qui résout tout et permet l'avènement d'une morale. Le jeu de carnage va se poursuivre. C'est pour cela que la fin mise en place pour l'animé est une boucle où le héros meurt en tuant le Gantz qui pesait sur lui, alors que sa mort pour sauver le clochard n'était pas consentie, il n'avait pas voulu sauver le clochard. Évidemment, cette fin est en contradiction avec la mort de cette grand-mère ou de braves gens qui ont juste pour tort de ne pas avoir l'adresse prêtée au héros principal. J'ai trouvé ça un peu artificiel et bancal. Inuyashiki reprend sans aucun doute les données de Gantz avec un esprit plus conséquent. On passe d'une grand-mère à un père de 58 ans qui fait vieux, mais on a une plus habile refonte de la donnée du Gantz ; ce père de 58 ans a la puissance d'un équipement, d'une transformation de son être en arme offensive ultime, il en a conscience, l'apprivoise comme il peut, qu'est-ce qu'il en fait ? On dépasse la gratuité du Gantz où les gens meurent avant de comprendre ce qu'on leur a mis dans les mains.
Je dois juste préciser autre chose. Quand la mission est réussie, les héros n'en sont pas quittes pour autant. Ils retournent à leur vie de tous les jours comme s'ils n'étaient pas morts. Cela nous donne droit à un appréciable récit à la télévision : on recherche les deux lycéens qui ont sauvé le clochard, ont laissé un parapluie et une revue derrière eux, ont été vus décapités sous le métro par quantité de témoins. Leurs corps ont disparu. Gantz n'étant pas infaillible, une fille qui s'était ouvert les veines dans une baignoire réchappe à sa tentative de suicide, et donc on a une héroïne principale qui ne peut plus rentrer chez elle, d'autant que ses cicatrices ont disparu, puisque sa vraie moi occupe toujours la place. C'est ainsi que malgré la disparition des corps des décédés, nous admettons l'idée que ce sont des copies. On remarque que l'animé ne s'amuse plus ensuite à parler de disparitions pour les autres morts, alors qu'il y en a par dizaines qui se retrouvent embrigadés dans ces missions. Il est vrai qu'ils ne survivent pas à la mission, mais il y a des exceptions. Ils ont aussi interdiction de parler de ce qu'ils ont vécu aux autres humains, ce qui fait qu'une exception meure entre deux missions justement. Mais, donc, malgré la mission accomplie, ils n'en sont pas quittes pour autant. Ils doivent gagner des points au nombre d'extraterrestres tués, et il faut plusieurs missions pour arriver aux cent points. Un vétéran va échouer et la série animée court-circuite bizarrement l'idée par la fin originale qui a été choisie.
Cependant, le grand et véritable problème, c'est qu'après les premiers épisodes, ça décline. Le problème de cette série, c'est les missions elles-mêmes. La première mission, ça passe, mais la deuxième contre les robots et les oiseaux, c'est insupportable. Les personnages sont passifs. L'auteur a peut-être cru que leur manque de réaction était réaliste, mais ce n'est pas réaliste d'être amorphe à ce point dans une épreuve minutée. Ils tuent un extraterrestre, mais la mission n'est pas finie, il doit y en avoir d'autres. Pas de panique, on n'a qu'une heure, on se fait une petite pause pour comater dix minutes et puis on regardera le radar pour voir dans quel coin de la ville se rendre. Tu as deux amis en danger face à un monstre, attends un peu je consacre un baiser à l'être qui s'est sacrifié pour moi et que j'aimais. Vous me direz que ça c'est normal. Ouais, sauf que regardez comment c'est fait, vous comprendrez... On a des personnages qui incrédules méprisent de prendre les combinaisons, mais de toute façon même face aux dangers, face aux monstres, ils sont passifs, les mains dans les poches. Et ce n'est pas tout ! Les extraterrestres sont agiles, rapides, ont des armes puissantes, mais purée ils s'arrêtent sur place pour accorder aux humains leur temps long d'atermoiements, de réflexions indécises. Tu as un humain qui les pointe avec une arme, les monstres attendent en spectateurs qui se demandent ce que l'autre va faire. On dirait qu'ils se nourrissent émotionnellement de la situation. Ce grand n'importe quoi ruine toute la crédibilité des combats et des scènes psychologiques, et fait sonner faux tous les discours tenus. C'est proprement insupportable. A partir de la deuxième mission contre le robot et les oiseaux, juste après quelques minutes de combat, j'ai cessé de prendre mon pied avec cette série, et je peux dire que je ne l'ai plus jamais pris jusqu'au bout. C'était fini. Même l'épisode du temple avec les statues, ce n'était pas ça, ce n'était pas beaucoup mieux.
Après, il y a des trucs de mise en abîme qui me laissent un peu perplexe. Le héros principal et l'héroïne s'appellent tous deux Kei, mais ça ne débouche sur rien finalement. Qu'est-ce que j'en ai à faire ? Leur sort est symétrique ? Leurs visages se ressemblent, l'un en garçon, l'autre en fille ? Et alors, ils ne sont pas frère et sœur, il y a rien derrière, alors pourquoi ce faux suspense instillé ? Pourquoi un micro monde où nos héros rencontrent des vivants dans une librairie qui meurent opportunément pour la mission suivante ? Pourquoi ce clochard qui revient ? Pourquoi ces psychopathes qui chantent la chanson du Gantz avant de mourir et d'être intégrés à la mission suivante ? C'est bordélique. C'est des indices le cul entre deux chaises, entre l'annonce qu'il y a des liens insoupçonnés appelés à être éclaircis et la mise en abîme morale de l'expérience Gantz avec le monde tel qu'il est... Et, en fait, comme ce ne sera pas éclairci, c'est que de la mise en abîme et du microcosme bon marché. Je n'ai sûrement pas encore tout compris à la dimension symbolique de la série, mais bon ça va je vois bien que ce n'est pas si ficelé, que ce n'est pas génialement cohérent. Je suis déçu, alors que les premiers épisodes on partait sur un des projets les plus aboutis de l'histoire du manga et de la série animée japonaise. L'instabilité du début était portée par le génie, mais après ça s'est perdu.
Je vais passer au manga pour mieux cerner l'esprit qui anime l'auteur. Pour la fin de l'animé, qui a dû avoir l'aval de l'auteur et ses conseils, le héros fait face, mais il porte l'autre survivante du jeu qui avait été témoin direct de l'accident. Le compte arrive à zéro quand le train les écrase. Le face à face est visiblement la rédemption du héros et on a des points de rapprochement avec le méchant d'Inuyashiki, mais pour opposer les deux personnages : la mort sous un train qu'on vit ou à laquelle on assiste, le doigt qui fait "bang", l'équipement de surhomme pour évaluer ce que t'as dazns le ventre et ce que tu vaux moralement,...

davidson
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le 22 nov. 2018

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